Déclaration de Philippe Poutou, solidaire des peuples des dernières colonies
Ma solidarité avec les travailleurs et les peuples de tous les pays concernés par les élections présidentielles découle :
- De l’internationalisme qui anime naturellement tout anticapitaliste conséquent ;
-
Des liens historiques noués entre les peuples malgré le terrible passé
d’esclavage et d’oppression imposé par le colonialisme ;
Le NPA
revendique l’héritage des luttes de tous les combattants
anti-esclavagistes, anticolonialistes, anticapitalistes, des deux côtés
de l’Océan.
Les peuples antillais se sont forgés dans une
histoire douloureuse de résistances et de luttes souvent glorieuses. La
suppression de la notion de peuples dans la constitution française au
profit de celle de simples populations est une insulte à cette histoire.
Avec les progressistes des Antilles, je me battrai pour revenir sur
cette injustice.
Au-delà du programme général que nous
définissons pour la France, nous faisons nôtres les revendications
ci-dessous établies en concertation avec nos camarades du GRS.
En premier lieu, je proclame haut et fort le droit de tous les peuples à l’autodétermination.
En
proclamant ce principe démocratique, j’ajoute que l’aide de l’Etat
français au développement de ces pays doit être assurée, quelque soit le
statut choisi par eux.
Je soutiens totalement l’exigence
affirmée par certains mouvements anticolonialistes de Martinique et de
Guadeloupe de l’élection par la population d’une assemblée constituante
pour définir les institutions lui convenant.
Dans l’immédiat,
sans attendre la mise en place de cette assemblée constituante, je
soutiens la revendication que l’assemblée unique de la nouvelle
collectivité de Martinique soit élue à la proportionnelle intégrale sans
barre d’exclusion ni prime majoritaire.
J’affirme que les collectivités élues des dernières colonies doivent avoir :
• le droit et la pleine initiative économique sans l’entrave d’aucun corset néolibéral ;
•
le droit d’affecter librement les aides de la France et de l’Europe,
sous le contrôle des peuples et des instances judiciaires ;
• le droit de contrôler les importations et les prix par l’instauration de centrales publiques d’achat gérées localement ;
• le droit à l’adaptation des lois en matière économique, sociale, culturelle ;
•
le droit d’initier une réforme des programmes scolaires avec une
négociation permettant d’assurer la validité des diplômes délivrés sur
tout le territoire français ;
• le droit à la protection du
patrimoine foncier au moyen d’un établissement public foncier ou de tout
autre moyen décidé sur place ;
• le droit de créer des services
publics locaux dans le domaine de la petite enfance, du troisième âge,
de l’énergie, avec une aide conséquente au lieu de la situation actuelle
de transferts de compétences sans transferts de moyens.
Opposé
aux menées visant à la recolonisation de peuplement, je soutiens
l’exigence des peuples concernés à la priorité effective d’embauche pour
les originaires et le droit de regard des assemblées élues sur tout
projet d’investissement extérieur.
Je réclame aussi la
réalisation d’une enquête indépendante sur le fonctionnement de la
justice aux colonies, promise depuis de nombreuses années à un député
martiniquais Alfred Marie-Jeanne.
Je sais parfaitement que ces
orientations ne seront adoptées et n’entreront dans la vie que par la
mobilisation des peuples concernés. Qu’ils soient d’ores et déjà assurés
de notre indéfectible volonté de nous battre à leurs côtés sur ces
points comme sur tous les sujets nécessitant des luttes communes ou des
luttes spécifiques.
Le 16 mars 2012.