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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Refondation : de la violence éducative à l'éducation démocratique


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 14 septembre 2012 14:26

Vous avez raison concernant les gifles et les fessées. J’ai fait un mélange hâtif de ce que j’ai connu, de ce que j’ai pratiqué (il m’est arrivé de donner des fessées quand j’ai débuté en maternelle) et de ce qui subsiste actuellement qui se fait plus discret et ne saurait amener une réponse judiciaire sauf à viser le rejeton d’un juge ou d’un avocat, ce qui doit rarement arriver.

Mais l’agression physique de l’enfant existe toujours, quoi que vous en pensiez, il ne faut pas se voiler la face. Elle est infiniment plus courante que la violence subie par les enseignants de la part de leurs élèves ou de leurs parents. Aussi regrettable et même désastreuse qu’elle soit, celle-ci ne doit pas nous obnubiler.

La mauvaise note n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase rempli années après années. Et quand bien même les passeurs à l’acte (et leurs familles) auraient des troubles de la personnalité et se tiendraient sur le versant de la psychose, dans la plupart des cas, leur discours victimaire ne manque pas de cohérence. Il existe bien quelque chose comme une violence institutionnelle qu’ils ont eu à subir et dont il faudrait bien qu’un jour l’école se départisse tant à l’égard des élèves qu’à l’égard de leur famille.

En disant cela je ne nie aucunement le problème que pose la perte des repères éducatifs au sein des familles et le terrible« dévalement » de civilisation qu’amène notre société de consommation télé-guidée mais, tout au contraire, j’entends pointer l’urgente nécessité de fonctionner sur la base d’accords, de règles et de règlements convenus plutôt que sous le règne de l’arbitraire auquel l’administration et l’institution scolaire nous ont habitués (je pense par exemple aux sanctions décidées unilatéralement et imposées aux familles sans qu’elles en aient eu une connaissance préalable).

Concernant les élèves qui sont dans un état tel qu’il ne peuvent se tenir dans l’espace éducatif, nous sommes en complet accord parce que, comme je ne le cesse de le répéter à mes collègues, c’est l’existence d’un cadre éducatif parfaitement structuré qui permet de déterminer à un moment donné que l’élève en question est effectivement sorti dudit cadre et qu’il doit donc être déscolarisé et accueilli dans des institutions spécialisées.
L’enfer, pavé de bonnes intentions, vient souvent de la posture de sauveur à tout prix que veulent adopter certains enseignants, ce qui n’est qu’une forme inversée, charitable du rapport de force mais qui ne sauve rien du tout car il s’agit toujours de pouvoir être en accord sur la position de l’élève dans l’espace éducatif et de pouvoir objectiver le fait qu’il n’y a plus sa place.
Or, la posture charitable qui amène à fermer les yeux, à tolérer toujours davantage les frasques de celui qui a perdu tout repère n’est certainement pas le meilleur moyen de lui en donner, ne serait-ce que parce qu’elle fait obstacle à la prise de décision consistant à le déscolariser.

Encore une fois, seul le cadre des accords qui font loi est susceptible de garder les choses et les êtres à leur place et il est étonnant que tant d’éducateurs se refusent au fonctionnement démocratique — qui, en tant que source d’une loi commune et consensuelle n’a que des avantages — pour se cantonner dans l’Ancien Régime, dans une posture parentale qui présente tant de risques de confrontations et de montées aux extrêmes.

Je ne sais si je vous aurai convaincu mais merci de m’avoir donné l’occasion d’exprimer les choses ainsi.


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