Merci et bravo pour cet excellent article qui montre bien les collusions
de pouvoirs politiques, économiques et médiatiques, ainsi que leurs
stratégies pour asservir les masses. Je pense qu’on peut facilement,
mais à juste titre, qualifier ce système de « fasciste » au sens le plus
strict du terme : celui d’un « faisceau » ou d’une « union » de forces
réunies dans un but commun — voir l’étymologie.
Pour
l’instant cela passe par la fabrication d’un consentement mêlé de
culpabilité, avec la dette et l’illusion d’une démocratie qui n’en est
pas une mais qui, feignant de l’être, donne aux esclaves l’impression
d’être libres et de choisir eux-mêmes leur servitude. Si vous avez voté
pour, alors c’est votre faute. Et si vous étiez contre : vous avez
perdu, inclinez-vous. Dans les deux cas vous n’avez qu’à fermer vos
gueules.
De nos jours avec la crise qui s’intensifie, et de plus
en plus de gens qui cherchent à comprendre en arpentant le web à la
recherche de réponses, redécouvrant au passage l’esprit critique qu’ils
n’auraient jamais dû cesser d’exercer étant « responsables », les temps
sont durs pour les complotistes, les vrais : ceux qui complotent contre
l’intérêt général. Les mensonges tiennent parce qu’ils sont denses mais
les ficelles deviennent visibles et c’est un problème.
C’est
peut-être l’ouverture qui manque à l’article : quand l’illusion sera
dissipée et que les masses s’éveilleront, qu’elles demanderont des
comptes, le système devra recourir à d’autres méthodes. L’ultime étape
sera la domination par la force et des choses se mettent en place dès
maintenant pour des lendemains où le consentement ne fera plus recette.
Et rien n’est plus dangereux qu’une « bête » en danger de mort.
Les
révélations de Snowden et la manière dont l’administration US y a réagi
nous renseignent à la fois sur l’existence de dispositifs tentaculaires
de surveillance et de répression, avec aussi le Patriot Act et tout le
toutim, et sur ce que la bête peut avoir de teigneux et d’implacable
envers ceux qui cessent de jouer le jeu. Le vrai visage se montre et il
n’est pas très avenant.
Outre la surveillance et la législation
sécuritaire, au pays de la liberté mais pas seulement, la répression
semble prête avec notamment les camps de la FEMA, la multiplication des
agences de sécurité intérieure, ou encore les provisions massives de
munitions (traitées il y a quelques mois de cela par un voxien) pour
fournir ces mêmes agences en cas de trouble majeur à l’ordre public.
Parallèlement
à ça, il est significatif de constater la soudaine médiatisation, ou
plutôt surmédiatisation orientée depuis quelques mois, des cas de tuerie
et autres attentats plus « ordinaires » au beau pays de l’oncle Sam. Le
phénomène n’est pas nouveau mais jusqu’à présent, nul ne remettait en
cause le port d’arme protégé par la Constitution du pays. Mais avec la
colère populaire qui gronde, on explique aux gens qu’il serait bon d’y
renoncer. Pour leur sécurité et celle de leurs enfants.
Le cas
Bradley Manning, ou Chelsea enfin qu’importe, nous montre aussi que la
bête n’aime pas se sentir acculée ou démasquée. Trente-cinq ans de
prison pour en avoir dénoncé les crimes, et cette double-pensée qui
pousse nos dirigeants à répéter sans cesse que les lanceurs d’alerte
doivent être protégés. Mais bien sûr, tout dépend de l’alerte et des
enjeux : le droit aussi est à géométrie variable. Et c’est la bête aux
dents les plus longues qui décide.
Enfin et puisque vous évoquiez
le mouvement Occupy, je vous suggère de creuser dans cette direction.
Il est emblématique du point de basculement entre le présent et
l’avenir, ce curieux moment où le voile se lève et l’illusion se dissipe
pour révéler le vrai visage de la bête, la vérité toute nue, la
« matrice » si vous êtes d’humeur à préférer. Les gens en France ne le
savent pas, mais le FBI a livré sur une requête fin 2012, et en vertu
d’une loi pour la liberté d’information, de lourdes confessions sur sa
dissolution. On y apprend notamment que le mouvement fut surveillé dès
avant ses débuts par les autorités à la fois fédérales et locales en
lien avec aussi les autorités portuaires, les recteurs de campus
universitaires et... les banques et leurs propres services de
surveillance et d’infiltration privés. On y apprend aussi que sur base
des informations fournies par ceux-ci, les autorités de lutte
anti-terroriste furent mises sur le coup et que tout ce petit monde
surveillait de très près ce mouvement de protestation pacifique protégé,
tout comme le port d’armes, par la Constitution. Et la cerise : qu’il
fut envisagé de procéder à l’assassinat des leaders de ce mouvement "si
nécessaire", que le FBI savait, et qu’il n’a rien fait contre ceux qui
fomentaient cela. L’affaire est largement documentée dans les colonnes
du Guardian ; elle est emblématique de cette collusion public-privé, le
premier au service du second, exemple de dérive fasciste à l’état pur —
avec à l’horizon l’action violente comme option si l’expression du
non-consentement menace les intérêts privés de ceux qui en ont. Les gens
en France ne le savent pas parce que strictement AUCUN titre de notre
« grande presse » n’a publié le moindre article à ce sujet.
Pardonnez
mon égarement au pays de l’oncle Sam, mais il se trouve que la chape de
plomb y est moins lourde. On y trouve tout de même un certain nombre
d’infos que malheureusement la presse française ne donne pas, et je
pense qu’elles sont cruciales pour comprendre les choses. Le système que
votre article met en lumière, c’est un fascisme au sens que je donnais
plus haut. Un fascisme qui a ceci de particulier : il n’est pas
« nationaliste » mais plutôt « corporatiste » avec une dimension
« mondialiste ». Un fascisme qui ne dit pas son nom et se cache sous un
masque de démocratie qui se fissure, fascisme « soft » en somme, mais
derrière le masque on retrouve bien cet usage de la force "si
nécessaire" pour protéger ses intérêts. Malheureusement la plupart des
gens l’ignorent, ou feignent de l’ignorer, et continueront de la sorte
jusqu’à ce que cette violence, tôt ou tard, ne déferle sur leurs
illusions. Le système, lui, s’y prépare et garde toujours un coup
d’avance.