Ce qu’il y a d’hallucinant,
surtout chez quelqu’un qui se réclame du A dans un cercle libertaire, c’est
cette façon acritique de monter au créneau pour défendre quelqu’un qui nous la
joue, sur le rapport à Dassault, en politicien calculateur : dans la vidéo
de Mediapart il s’ébroue dans la jouissance de celui qui tire les ficelles du Sénat
et de ses commissions, celui qui, malin, anticipe les coups, bref qui se complaît
dans la politique politicienne où il est plongé depuis des décennies. Exactement
ce que l’on retrouve sur ses relations avec Dassault où, tout en croyant jouer
au plus fin, il se prend les pieds dans le tapis : Dassault est un
capitaliste agrippé aux commandes de l’Etat et essayant par tous les moyens d’asseoir
son pouvoir politique dans ses fiefs. Face à cela, l’attitude de Mélenchon
déroge à ce que le Front de Gauche prétend être sa politique de rupture avec l’ordre
capitaliste car Dassault en est un des maîtres.
Malgré votre image libertaire
affichée, Alinea, vous fermez les yeux sur tout cela, vous fermez les yeux sur
ce que je pointe comme une contradiction chez Mélenchon entre ses coups de
gueule antisystème et l’aplatissement devant un des piliers dudit système qu’est
Dassault et derrière lequel on pourrait repérer bien d’autres grands maîtres
capitalistes. Les références à l’intérêt de la France sont bien dans le
discours de Mélenchon. Ce n’est pas une invention de l’esprit obsessionnel d’Antoine.
Eh bien, si vous étiez aussi émancipée de l’idolâtrie que vous dites, Alinéa,
vous commenceriez par interroger ce pan du discours de Mélenchon que l’on
retrouve à propos de Dassault. Vous vous interrogeriez, libertairement, sur les
conséquences funestes que cela pourrait avoir pour le peuple si cela venait à
occuper plus de place que cela n’en occupe aujourd’hui dans l’analyse du
bonhomme. Vous vous interrogeriez sur cette énormité de la possibilité de l’utilisation
de l’arme nucléaire contre un peuple.
Mais non, Alinéa, vous êtes dans le
déni et l’agression : dans le déni de ce que je souligne et interroge
légitimement sur un homme politique qui se réclame du peuple et qui, à ce
titre, doit des comptes à tout instant sur ce qu’il dit ou fait. En envers de
ce déni, vous préférez faire dans l’agression et vous pencher sur les tares
obsessionnelles du sacrilège, moi, au lieu finalement de vous interroger sur
vous-même : prenez quelques lignes pour dire « oui, j’approuve ce que
JLM a pu dire de Dassault parce que, etc. » ou « non, je n’approuve
pas, etc. » ou un entredeux argumenté, mais que diable, lâchez-vous,
Alinéa, mais autrement que comme ça sur le mode « haro sur le baudet
Antoine » en prétendant que ce que je dis n’a rien à voir avec de l’info
alors que, comme le montre la vidéo, Mélenchon est lui-même la source de l’info
sur ce dont on parle.
Travaillez la poutre que vous avez
dans l’œil avant de chercher la paille que j’aurais dans le mien…
Bref travaillez le fond des
questions et pas l’écume des choses. C’est Dassault-Mélenchon qui importe pas
Antoine dont au demeurant on peut discuter les positions, par lesquelles on
peut reconnaître, au moins partiellement, son parti (internationalisme, antipatriotisme,
primat total des luttes sociales, refus des manœuvres politiciennes, république
sociale, etc.)…
Allez, Alinéa, encore un effort
pour être libertaire… Et n’hésitez pas à aller faire un tour sur mon blog de Mediapart dont vous avez le lien dans mon article. Vous y verrez que Mélenchon n’occupe pas, dans mes préoccupations, la place que vous croyez ! Mais voilà, entre ce que Agoravox publie de moi et ce que je publie sur mon blog, il y a un gros écart. Vous savez maintenant comment le combler !