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Commentaire de benedicte_gab

sur Contre la misère vraiment ?


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benedicte_gab 18 octobre 2017 20:04

@Amaury

Je ne peux qu’être d’accord avec la critique de ces journées gadgets dont le nombre ne cesse de pulluler, dont le seul impact est de se donner bonne conscience à peu de frais et sans rien faire de concret. Je le suis également sur un caritatif dont les structures ne sont que la nouvelle mouture des « dames patronnesses », ont le coeur aussi sec, à la différence toutefois qu’une majorité des bénévoles qui font tourner ces structures le font avec coeur et sont touchées par la situation des personnes qu’elles tentent d’aider.

Pour avoir discuté avec une bénévole de l’association de chien d’aveugle fondée par Arletty, ceux qui ont de l’argent donnent rarement, évidemment il y a des exceptions qui confirment la règle, ce sont majoritairement ceux qui ont peu qui donnent, peu évidemment, ils n’ont pas les moyens mais sur le peu qu’ils ont ils donnent un peu.

Par contre votre postulat de départ sur la pauvreté est à priori faux, bien que je ne doute pas que vous le croyez sincèrement, parce que nous sommes conditionnés à penser ainsi, que c’est une croyance collective et ce n’est pas la seule qui soit dénuée de fondement.

La pauvreté n’est pas inhérente à la « condition humaine » elle est une construction sociale des sociétés d’asservissement appelées « civilisations » pour lui donner un vernis de vertu et d’évolution. Depuis l’antiquité nous somme une société d’asservissement.

Ce qui caractérise (entre autre et très schématiquement, voire caricaturalemen) la structure de ce type de société est qu’une minorité en fantasme de toute-puissance et d’immortalité, met la majorité de ses concitoyens en coupe réglée, les considère comme du bétail, les spolie de leur usage des biens communs, dont elle s’attribue la propriété exclusive, et de leur droit à décider de leur existence. Il faut beaucoup de pauvres, avec volant de miséreux pour permettre à la caste dirigeante d’assouvir ses fantasmes, qui ne le sont jamais, l’avidité étant un tonneau des danaïdes.

Richesse et pauvreté sont les deux faces d’un même concept. Pour se sentir toujours plus puissants, il y a 2 moyens. L’un les guerres impériales, coloniales, etc. pour augmenter le nombre de personnes sous leur coupe, c’est toujours en-cours même si l’on prétend parer de vertu ces actes d’agression criminels en « guerres humanitaires » sauf que les peuples concernés en font les frais (Irak, Lybie et Syrie pour les plus récents) avec de plus des systèmes genre Francafrique, que la France n’est pas la seule à mettre en oeuvre. L’autre paupériser davantage la population pour augmenter l’écart de revenu, mise en œuvre depuis un bon moment en France et ailleurs … les ultra-riches sont de plus en plus riches ce qui va de pair avec une paupérisation accrue des populations.

Il ne faut pas confondre culture et civilisation, bien que nous ayons déjà détruits une partie d’entre elles, il y a autant de cultures et sociétés humaines différentes que de peuples. Et nombre de ceux qui n’ont pas créé de civilisation (pas tous, on peut être un peuple psychopathique sans pour autant créer de civilisation) considère l’accumulation de possession et l’avidité de pouvoir comme relevant de la folie ou de la nuisance, bien conscients que ceux qui sont mus par elles, nuisent à l’intérêt général et au bien-vivre de la communauté. Le mépris dans lequel la majorité des « civilisés » (et ce n’est pas un procès d’intention à votre égard, je ne connais pas le regard que vous portez sur ces peuples) tiennent les peuples indigènes, empêche de voir que cette croyance n’est qu’une croyance et la conséquence d’un comportement pathologique cultivé depuis l’antiquité.

Citation d’Alex Etcitty du peuple navajo, ami de l’écrivain Tony Hillerman dont les romans policiers se situent en territoire Navajo : « On m’a appris que c’était une chose juste de posséder ce que l’on a. Mais si on commence à avoir trop, cela montre que l’on ne se préoccupe pas des siens comme on le devrait. Si l’on devient riche, c’est que l’on a pris des choses qui appartiennent à d’autres. Prononcer les mots « Navajo riche » revient à dire « eau sèche ». »

Je trouve la citation particulièrement parlante, mais les navajos ne sont pas un cas isolé, et ce n’est pas un hasard si la seule tentative actuelle d’expérimentation d’une autre société, d’une autre gouvernance, à l’échelle d’un territoire, le zapatisme est mise en œuvre par des peuples indigènes.

Je répète que l’avidité de possession, de pouvoir et la cupidité, ne sont pas des tares inhérentes à l’humanité, mais des tares cultivées par un certain type de société, et ne pas en prendre conscience est le plus sûr moyen de ne jamais aller vers une société plus saine, parce que pour corriger un problème, il faut en diagnostiquer les causes réelles, sinon on continue à le creuser tout en prétendant travailler à le résoudre, et ceci pouvant être fait en toute bonne foi.

Il ne s’agit pas de supprimer les riches pour rendre tout le monde pauvre comme le hurlent certains, ou de répartir la misère, mais de comprendre la réalité que recouvre le double concept de richesse/pauvreté, comprendre que le premier ne va pas sans le second, que c’est un cercle vicieux, une spirale infernale.

Je ne peux pas développer dans un commentaire. Je ferais un parallèle. Quand vous avez faim ou soif, le fait d’étancher cette faim ou cette soif, en mangeant ou en buvant de l’eau, procure un bien-être, un sentiment de satiété. Un boulimique ne connaît pas la satiété, et la boulimie est bien considérée comme un trouble pathologique, ou résultant dans certains cas d’un dysfonctionnement biologique … il ne viendrait à l’idée de personne de sensé de prétendre qu’être boulimique est être supérieur et de valoriser et cultiver cette pathologie à l’échelle d’une société. C’est pourtant ce que l’on fait avec l’avidité de possession, apanage autrefois de la seule oligarchie, et la base du consumérisme actuel. Mais ce que vous croyez vouloir et croyez qu’il vous manque pour être heureux, une fois acquis ne vous apporte aucun sentiment de satiété, aucune réelle satisfaction, et vous voulez autre chose, parce que le manque que vous ressentez vous ne l’avez pas diagnostiqué et vous ne le pourrez pas tant que vous croyez sincèrement que c’est l’accumulation de possession qui peut le combler. De même que le boulimique (dont la boulimie n’est pas d’origine biologique) n’entend pas son corps lui dire c’est assez et que ce n’est pas l’absorption de nourriture qui comblera ta sensation de manque, celui enfermé dans la spirale du consumérisme ou de l’avidité de possession, n’entend pas son âme (à prendre au sens religieux du terme, je sais vous êtes croyant mais ce n’est pas mon cas, l’âme est pour moi l’énergie vitale qui anime, la partie intangible de l’être indissociable de sa partie tangible corporelle et ne fait qu’un avec elle) lui dire stop, ce n’est pas ça qui comblera ta sensation de manque.

J’espère que vous ne prendrez pas ce long commentaire comme une attaque personnelle. Vous ne faites pas mystère du milieu dans lequel vous êtes né et auquel vous appartenez. Je n’aime pas ce milieu mais je ne suis pas sectaire. Je vous reconnais un certain esprit critique par rapport à votre milieu, je pense que vous n’allez pas au fond des choses, mais c’est un reproche que je pourrais faire à la majorité de mes semblables.

Par ailleurs comme d’autres auteurs sur Avox, vous ne méritez pas de servir de tête de turc à certains, dont l’occupation principale semble être de cracher sur les autres, et systématiquement sur certains en particulier, quoi qu’ils disent, sans avoir quoi que ce soit à dire ou à argumenter sur le sujet de l’article, parfois on se demande même s’ils ont pris la peine de le lire ! Je trouve ça navrant et fait que le fil des commentaires sur Avox ressemble de plus en plus à la poubelle de ceux des articles des médias mainstream. Ce n’était pas comme ça au début.

J’ai fait assez long j’arrête … sincères salutations.


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