Beaucoup d’électeurs potentiels de la FI qui sont classés à la
gauche « radicale » et qui votent parfois Mélenchon ne se sont pas déplacés pour
les élections européennes car ils pensent que l’Europe sous le capitalisme n’est
rien d’autre qu’une association de malfaiteurs (remplis d’arrière-pensées) destinée à mieux peser ensemble (malgré leurs intérêts
contradictoires) face à l’Asie et aux USA avec un grand marché et une « meilleure »
exploitation de la force de travail dont ils disposent et peut-être même
bientôt une armée commune efficace (sur
ce coup je ne suis pas sûr que ça va marcher).
Ces mêmes électeurs
potentiels qui ont pu apprécier la fermeté (sincère ou feinte ?) de
Mélenchon vis-à-vis de de ses anciens alliés et qui se sont réjouis de l’effondrement du PS et autres débris
indispensables à la« démocratie »
bourgeoise, c’est-à-dire à la dictature de cette classe, ont pu s’inquiéter d’un
certain retour d’une idéologie conciliante
et favorable à la grande union de la Gauche avec ceux qui ont trahi. Et je
connais des personnes ayant finalement renoncé au vote FI pour cette raison.
De ce point de vue il me semble que c’est plutôt Manon Aubry qui a fait figure de repoussoir.
Je crois vraiment que la perquisition au siège de la FI a
été un pas de plus vers un régime qui sait qu’il devra compter de plus en plus
sur la violence pour se maintenir au pouvoir (avec ou sans Macron). Peut-être
que la réaction de Mélenchon fût maladroite mais en tous cas pas exagérée.
Les gauches molles illustrée par les Syrisa les Podemos ou autres Corbyn (ou même Sanders
aux USA) sapent toute possibilité d’une véritable opposition au système. Et ce
sont bien ces trahisons successives et systématiques de la Gauche qui font grossir
la droite de la droite. Je n’ai pas le souvenir que Mélenchon se soit démarqué
énergiquement de ces mouvements.
Mélenchon a bien pris le train des GJ sans trop tergiverser
contrairement à d’autres mais il apparaît
bien trop lié à des syndicats qui ont accompagné toutes les restructurations et dont les hauts dirigeants corrompus ont obtenu par ce biais de grands avantages personnels. Sans doute les choses eut elles
été encore pires sans syndicats mais tout ça n’a pas fait bon effet et explique
en grande partie les difficultés à avoir un grand mouvement de classe unifié.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale la bourgeoisie
française était largement discréditée
par sa collaboration avec les nazis et De Gaulle lui-même dira que les patrons
français n’avaient pas été dans l’ensemble très glorieux. Des communistes (tout
au moins des hauts dirigeants qu’il ne faut jamais confondre avec la base) ont de nombreux crimes à leur actif mais généralement
les communistes de la seconde guerre mondiale ont été des résistants héroïques.
Il est symptomatique de notre époque qu’une crevure de journaleux puisse inverser
complètement la réalité sans rencontrer un raz-de marée de protestation.