@popov
Ah oui, c’est vrai, pour Fomenko, l’histoire du monde
commence aux alentours de l’an 800. La vierge était Russe, le Christ aussi. Il
a été crucifié en 1086 (ou en 1183) à Constantinople qui est la vraie
Jérusalem. La Jérusalem actuelle n’est qu’une invention du 18e siècle
construite dans le désert pour les besoins de la « chronologie officielle ».
Par ailleurs Jules César est une projection d’Otton III, et Charlemagne n’a
jamais existé. L’Illiade d’Homère ne raconte pas la Guerre de Troie, mais les
Croisades. Gengis Khan est en fait le roi russe Youri III, il soumet les
peuples européens, il fonde la papauté à Rome, et ses troupes continuent…
Alexandre le Grand, chef de la horde cosaque, fonde l’Islam et le califat à Bagdad,
il y a moins de 500 ans. La horde continue, traverse la Chine et fonde l’ordre
des samouraïs au Japon (originaires de la ville russe de Samsara ?), puis
traverse le détroit de Béring et fonde les civilisations Maya et Aztèque. Les
Pyramides de Gizeh sont les tombeaux de Youri-Gengis Khan et ses fils. Elles
datent du 14e siècle. Après la dislocation du grand empire russe, les
ex-vassaux auraient fait inventer les langues européennes afin d’affirmer
l’indépendance de leurs territoires. Même le grec et le latin seraient plus
récents que la langue d’origine : le russe.
Et toutes les
religions du monde dériveraient de la religion originelle : le christianisme
orthodoxe.
Une sorte d’Emile Mourey russe, quoi !
Comment peut-on croire à de telles… histoires ?
En tous cas, pas par stupidité.
La thèse récentiste explique la falsification de l’histoire par
le besoin des seigneurs européens de faire oublier l’existence de l’empire
russe dans le but de renforcer la légitimité de leur pouvoir. Tous les chefs
d’État de l’époque se seraient mis d’accord sur une version fictive commune. À
cette occasion, les langues européennes auraient été inventées de toutes pièces
(thèse aussi absurde que le créationnisme). Tout cela se serait passé avec
l’approbation de l’Eglise Catholique qui en tirerait profit, acr rallonger son
histoire permettrait de renforcer son autorité.
Or, il existe des textes, des documents datés, des
chroniques des historiens du passé. Les registres, les chartes, validés par
l’étude de la nature de l’encre, la paléographie, les formules, les sceaux.
Autant de disciplines dans lesquelles les experts parviennent à un consensus
sur l’âge des documents.
Vous pouvez consulter le site « Rose » regroupant
plusieurs milliers des premiers documents rédigés et datés en français entre
1204 et 1331, dont de nombreuses chartes royales. Pour des chartes datant de
l’an 600 à 1200, presque 5000 exemplaires sont consultables sur ici Telma.
Il y a aussi les
pièces de monnaie. On en a retrouvé de toutes les époques historiques, à
l’effigie des seigneurs romains jusqu’aux rois les plus récents en passant par
les mérovingiens, dans tous types de sites archéologiques. Parfois ce sont des
pièces solitaires, parfois de véritables trésors.
Qui aurait pu dépenser temps, talents et métaux précieux
pour enfouir des centaines de milliers de pièces un peu partout ?
Il y a aussi la
radiodatation, notamment la technique du carbone 14 qui permet de dater un
objet, pourvu qu’il ait moins de 50 000 ans et qu’il contienne de la matière
organique qui est aussi cohérente avec les études des documents, des monnaies
et du mobilier archéologique. Il y a aussi la dendrochronologie et
l’astronomie.
Les récentistes sont dans la croyance, et si des gens les
suivent, ce n’est pas sans « raison ». La thèse proposée est séduisante, surtout pour un chrétien. Le récentisme
de l’école Fomenko supprime la filiation de l’islam et du christianisme avec le
judaïsme, et fait du christianisme le premier monothéisme de l’histoire. Son
identité caucasienne le rend antérieur et supérieur à la culture méditerranéenne et africaine
(Egyptienne notamment). Il balaie la méthode scientifique et toutes les
techniques de datation qui ont disqualifié la Bible en tant que texte
historique. Il rajeunit le monde et le rend compatible avec une lecture
fondamentaliste des Écritures.
En histoire, presque rien ne repose sur UNE seule preuve, mais
sur quantité d’éléments qui se coordonnent, se valident entre eux et créent un
maillage sur lequel on peut faire reposer hypothèses et théories.
Ce que fait le récentisme, c’est prétendre que chaque nœud
de ce maillage, chaque fait, est isolé. Il considère ce fait, lui propose une
explication ad hoc en dehors du consensus (du maillage) et considère aussitôt
qu’il a neutralisé les relations que ce fait entretient avec le consensus.
Toute tentative de réponse au récentisme ne peut donc passer
que par une critique de la méthode employée pour le construire. Or, la charge de la preuve incombe à celui
qui avance une proposition différente de la connaissance établie, et il ne me
revient pas de démontrer que le récentisme est faux, mais c’est à ceux qui le
croient vrai d’en faire la démonstration.
Vous n’aurez JAMAIS la preuve absolue que Clovis s’est vengé
qu’on ait brisé le vase de Soissons, ou qu’il ne l’a pas fait. Vous n’aurez
jamais la preuve absolue que César a vaincu Vercingétorix ou que l’Homme a
marché sur la Lune. Vous n’avez même pas la preuve absolue que l’univers n’a
pas été créé jeudi dernier, comme font mine de le croire les membres de
l’Eglise de Jeudi-Dernier.
En l’absence de preuve absolue, faut-il croire n’importe
quoi ?