@un des p’tite goutté
Il n’y a pas que les gouvernements. Nous pouvons aussi agir. Ci-dessous un exemple. Celui de
Marie
Marie est une jeune congolaise (Kinshasa) arrivée en France
au début de 2011. Voilà son histoire :
Les parents de Marie appartenaient à la classe moyenne
supérieure du Congo Kinshasa. La famille était pentecôtiste pratiquante. Le
père de Marie était un opposant notoire au régime de Joseph Kabila. En 2011 Marie avait entre 16 et 17 ans.
Un jour, un groupe armé s’est présenté chez ses parents et les ont emmenés, avec leur fille, dans la
brousse. Là, ils ont exigé du père qu’il viole sa fille ; celui-ci refusant il a
été tué d’une balle, et la maman qui
avait essayé de défendre son mari subit le même sort. Les nervis la violèrent
alors à tour de rôle. L’un d’eux eut toutefois pitié d’elle (il avait une fille
de son âge) et la fit passer de l’autre
côté du Congo, à Brazzaville. Elle trouva là un accueil et une filière
de passage vers la France.. A Grenoble elle fut dirigée vers le Secours Catholique.
Alors qu’elle se disait mineure l’administration lui fit subir un test osseux
et la requalifia comme majeure, ce qui évitait d’avoir à la prendre en charge.
Elle se retrouva ainsi parmi les hôtes de notre association.
Arrivée à Grenoble en Mai 2011 nous la
prîmes en charge en Juillet 2011. Elle était mutique et s’enfermait dans sa
chambre sans vouloir en sortir. L’arrivée de mes petits fils et de leurs
parents changèrent les choses. Ils l’emmenèrent à la piscine et à la luge d’été
et la déridèrent. A la fin du séjour chez nous elle avait retrouvé la parole.
En Septembre elle fut acceptée au Lycée Professionnel de Sassenage dans une
classe de pressing. Elle s’avéra bonne élève, sérieuse et douée. Elle fut logée
par une association catholique, et, ses problèmes de logements paraissant
réglés et son insertion satisfaisante, elle
sortit du groupe d’accueil. Nous avions de ses nouvelles par une amie
travaillant bénévolement. En Novembre
2013 cette amie nous avertit que Marie, hospitalisée d’urgence, demandait à
nous voir. Pensant être enceinte elle avait été à une consultation prénatale à
l’hôpital où on lui apprit à la fois sa
grossesse et sa séropositivité. Elle se trouva mal. Il était trop tard pour
avorter. Nous nous rendîmes à son chevet
et la trouvâmes déprimée, envisageant d’accoucher sous X et d’abandonner
l’enfant qui ruinait ses projets d’avenir.
Nous pensâmes que l’abandon de l’enfant risquait d’achever
la démolition de Marie et lui proposâmes de rechercher une structure qui
pourrait prendre soin d’elle et du bébé et lui permettrait de reprendre ses
études qu’elle avait dû abandonner. Elle accepta notre proposition. Nous
trouvâmes une structure parfaitement adaptée à ses besoins et financée par le
Conseil Général de l’Isère, où elle fut accueillie peu de temps avant son accouchement. Peu avant, Marie
avait fait l’objet d’un OQTF. Son avocate fit appel et obtint du juge une
prolongation d’autorisation de séjour de 6 mois.
Le bébé est né et une forte relation s’est établie entre la
mère et l’enfant. Etait il pensable de la renvoyer au Congo, compte tenu de son
expérience affreuse dans ce pays, et de la nécessité pour elle de recevoir une
tri-thérapie ?