@serge.wasterlain
Ce que vous dites est exact. Ce n’est pas une façon de sauver la politique de Staline et de la fidèle direction du PCF que d’indiquer que, fort heureusement, les trotskystes n’étaient pas les seuls à se révolter contre le nazisme mais que de nombreux militants du PCF ont fait de même.
Seulement, cela confirme tout ce qu’il y avait d’abominable dans la politique officielle de la direction du PCF.
"En outre, vous ignorez certainement que des réseaux dans lesquel
se trouvaient de nombreux communistes se sont organisé dès 1940."
Vos certitudes sont à revoir. Je n’ignore pas non plus que des staliniens ont assassinés des trotskystes dans un maquis...
Voici notamment ce que j’ai écrit pour un prochain article sur les réactions des militants communistes à la suite de la signature du pacte Hitler/Staline :
Bien des militants des partis communistes digèrent mal ce
tournant. Mais le stalinisme est maintenant à l’œuvre depuis 16 ans et l’état
d’esprit a changé dans les partis communistes. Les militants ont accepté les
procès de Moscou. Ils ne sont plus invités à réfléchir par eux-mêmes.
L’expression « culte de la personnalité » est inconnue à l’époque
mais ce culte est déjà effectif. Il n’est pas question de critiquer Staline.
Les militants parlent encore de centralisme démocratique mais la démocratie
n’est pas pour eux. Les notions de ligne du parti, de discipline de parti, de
fidélité au parti s’imposent et effacent toute possibilité de discuter les
décisions de Staline.
Voyons par exemple ce qui s’est passé lors d’une réunion du
conseil municipal de Concarneau le 1er septembre 1939 c’est-à-dire le jour même
où les armées allemandes envahissent la Pologne. Le maire communiste, Pierre
Guéguen, dénonce le pacte Staline-Hitler. Immédiatement les autres membres du
parti stalinien l’insultent, le menacent et l’agressent mais Charles Bourhis,
maire adjoint, le protège pour qu’il sorte indemne. Il sera aussitôt exclu du
PCF et il recevra des menaces de mort. Il sera dès lors considéré comme un
leader gênant pour le parti communiste. Charles Bourhis, le conseiller
municipal qui l’a défendu est le père de Marc Bourhis, instituteur à Trégunc et
militant trotskiste, membre du Parti Ouvrier Internationaliste depuis 1933-34.
Pierre Guéguen et Marc Bourhis se connaissent depuis longtemps. Pierre Guéguen,
instituteur, avait adhéré à la troisième internationale dès sa fondation en
1920. En 1930, il recrute Marc Bourhis et milite avec lui dans la même cellule
du parti communiste à Concarneau. Quand Marc Bourhis quitte le PCF pour
rejoindre les trotskystes, les deux hommes restent liés amicalement et
politiquement. Pierre Guéguen connait donc les positions des trotskystes sur la
nécessité du Front Unique Ouvrier pour faire barrage au fascisme et à la
deuxième guerre mondiale qui approche. Il sait que son ami a dénoncé les procès
truqués de Moscou et qu’il a combattu la politique de soumission à la
bourgeoisie du Front Populaire.
Bourhis et Gueguen feront partie des otages fusillés à Chateaubriant (désignés par les autorités françaises).
A la libération des nervis staliniens tenteront d’interdire à leur famille et leurs amis d’honorer leur mémoire en disant haut et fort que c’étaient deux trotskystes qui avaient été fusillés.