« Nous sommes rentrés dans un monde aberrant où il est de plus
en plus difficile de gagner de l’argent par son travail et de plus en plus
facile d’en utiliser par ceux qui ont accès à l’emprunt. Nous sommes
passés d’un monde où l’argent limité n’était que l’intermédiaire pour échanger
deux productions, à un monde où un argent illimité remplace une des deux
productions échangées en faisant croire à la richesse de l’autre pendant que la
création de celle remplacée par l’argent, est laissée au futur grâce à la
montée permanente d’une dette d’un argent sans valeur qui sera détruit dès
remboursement, sans que personne ne sache comment globalement rembourser. »
En
fait vous résumez ainsi assez bien ce qui s’appelle le monde banco-centraliste
qui a pour l’essentiel d’ores et déjà remplacé le monde capitaliste « classique »
pour lequel vous exprimez carrément une sorte de nostalgie passéiste assumée.
Ce
que vous semblez avoir du mal à comprendre c’est que pour « échanger deux
productions », au sens classique du travail où vous l’entendez, il faut
donc, pour chaque échange, qu’il y ait au moins deux producteurs des
marchandises et/ou services échangés.
Ce
qui est en pratique devenu tout à fait impossible dans un monde où le secteur
tertiaire occupe 80% de l’activité économique et sociale et le productif
seulement 20%, et encore, selon les chiffres officiels.
Même
s’il développe une activité économique en apparence « équilibrée »
entre ses acteurs, le secteur tertiaire n’en a pas moins besoin, pour
simplement survivre, de productions industrielles, agricoles et du bâtiment.
L’essentiel
de ce qu’il « consomme » pour ses besoins ne provient donc pas,
en valeur d’usage totale, du « travail » des 20% encore actifs dans le secteur productif,
mais en partie majoritaire, de la production automatisée et robotisée de l’industrie
moderne.
« L’échange »
ne se fait donc plus, en partie désormais majoritaire, « entre producteurs »
mais entre « consommateurs », d’un côté, et lignes de production
robotisées de l’autre.
L’amortissement
des investissements en capital fixe que représente cette infrastructure
industrielle moderne ne peut donc pas venir, pour l’essentiel, de la valeur
ajoutée par le travail mais bien de la création monétaire « ex nihilo »
qui se retrouve, in fine, dans la dette globale, et en grande partie, même si
indirectement, par le truchement de la spéculation financière, dans la dette publique.
Il
faut donc arrêter de « moraliser » sur les nouveaux rapports de
production, qui sont inhérents à l’évolution technologique moderne, et donc
irréversibles, sauf effondrement généralisé de la « civilisation
industrielle ».
Ces
nouveaux rapports de production, qu’ils nous plaisent ou non, ne sont désormais
maîtrisables que par ceux qui ont le contrôle du crédit et donc de la création
monétaire, c’est-à-dire actuellement, in fine, les Conseils de Gouverneurs des
Banques Centrales, soit une poignée d’individus, dans ce monde.
Même
la classe capitaliste monopoliste des Gafam est dans la dépendance du bon
vouloir de ces messieurs-dames, comme l’a montré l’épisode Zuckerberg-facebook
avec sa monnaie « Libra », renvoyée dans ses cordes avec une claque à
plus de deux cent milliards…
Même
Musk, « l’homme le plus riche du monde » n’est riche que des
opérations spéculatives « couvertes » par la Fed pendant des années
avant qu’il ne puisse atteindre un seuil de « rentabilité » qui reste
donc illusoire et soumis à d’éventuelles « variations » de la
politique monétaire de la Fed.
D’où
l’insistance de Trump dans ses manœuvres pour reprendre pied dans le contrôle
de cette « institution », en réalité le cœur véritable de « l’Etat
profond ».
Est-il
possible, dans le monde actuel, de reprendre démocratiquement le contrôle du
crédit et de la création monétaire, c’est donc la seule question qui vaille
réellement, en termes d’alternative au banco-centralisme.
La
réponse est incertaine mais passe d’abord, de toute façon, par une prise de
conscience de la réalité actuelle des rapports de production, et non par une
nostalgie stérile d’un monde désormais irréversiblement révolu.
Luniterre
Sous les Macron-Trogneux la France à l’avant-garde
du banco-centralisme
https://cieldefrance.eklablog.com/le-macronisme-est-il-une-nouvelle-forme-de-capitalisme-ou-une-autre-forme-d-exploitation
Existe-t-il de "l’argent
magique", et si oui, au profit de qui ???
https://cieldefrance.eklablog.com/2025/01/existe-t-il-de-l-argent-magique-et-si-oui-au-profit-de-qui.html
Pour une étude plus synthétique de l’ensemble du processus de la mutation
banco-centraliste depuis la formation du capital industriel, voir :
Le Roi « Capital » est
mort, vive la Reine « Dette » !
http://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921
Un article un peu plus ancien, mais où Richard Werner, lui-même à l’origine
du concept de « Quantitative Easing », décrit on ne peut mieux, à
partir de son expérience personnelle d’économiste au Japon, l’évolution
économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIe siècle.
Richard Werner, "père
spirituel« du Quantitative Easing et »apprenti sorcier" du
banco-centralisme
http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895
Pour l’ébauche d’une solution… Pour un retour à quelques fondamentaux du Gaullisme, réadaptés en pratique à l’évolution économique du XXIe siècle :
Les leçons de l’Histoire…
Il était une fois… le Conseil
National du Crédit (1945). Et aujourd’hui ?
http://cieldefrance.eklablog.com/il-etait-une-fois-le-conseil-national-du-credit-1945-et-aujourd-hui-a215997227
RÉCENT, VOIR AUSSI :
3 303 MILLIARDS (INSEE) Toujours plus
haut, la dette, toujours plus bas, la France sous Macron
https://cieldefrance.eklablog.com/2024/12/3-303-milliards-insee-toujours-plus-haut-la-dette-toujours-plus-bas-la-france-sous-macron.html
(* sur
AgoraVox :
Existe-t-il de « l’argent
magique », et si oui, au profit de qui ?
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/existe-t-il-de-l-argent-magique-et-258618