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Commentaire de njama

sur La Condition humaine à l'épreuve de la science et de la foi


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njama njama 25 mars 16:40

@Étirév

Jacqueline Chabbi, Les Trois Piliers de l’islam. Lecture anthropologique du Coran
Mohammed Hocine Benkheira

Jacqueline Chabbi défend une thèse simple mais forte. Selon elle, le Coran est l’unique témoignage (de l’intérieur) sur le premier islam. Elle ne conteste ni que cet islam soit né dans l’Arabie centrale, ni l’identité de celui qui l’a prêché. Comme par la suite, l’islam s’est étendu par les armes et par le prosélytisme au reste du Proche-Orient, il s’est transformé profondément en assimilant des peuples allogènes, porteurs eux aussi de cultures spécifiques. Ainsi ce « second » islam, qui résulte surtout de la « révolution » abbāside, est une religion métissée et hybride, qui a totalement perdu ses caractéristiques originelles.

(...) Chabbi pose comme hypothèse que la religion préislamique se spécifie par l’idée de divinité. C’est là qu’apparaît le premier « pilier » : l’alliance. Chaque groupe humain (tribu ou clan) est l’allié d’une divinité singulière, à laquelle ses membres doivent obéissance en échange d’une protection et surtout d’une guidance (second « pilier »), notion qui doit être comprise sur le plan pratique. C’est aussi de là que découle le troisième « pilier » : le don.

(...) La divinité n’exige une obéissance que parce qu’elle fournit une protection, une guidance et la subsistance. Mais chaque groupe a sa propre divinité. La singularité de l’islam est que ce fut une tentative d’imposer un dieu unique à tous : Allāh. Ainsi le premier islam ne rompt pas avec la religion arabe ancienne, mais se limite à la réorganiser autour d’une divinité unique. C’est pour cela qu’elle écrit : « La divinité protectrice, désormais unique, demeure néanmoins – pour rester crédible – entièrement garante des fonctions de protection et de guidance qui étaient assumées par les divinités tribales récusées » (p. 229).

(...) Chabbi propose de souligner trois notions dans le Coran : l’alliance, la guidance et le don. Elle les appelle « piliers » par analogie avec les fameux Cinq Piliers : il s’agit pour elle de rappeler que la religion du Coran n’a que peu à voir avec celle des Cinq Piliers. On aurait pu en sélectionner d’autres.

(...) L’auteur insiste également sur « la société d’origine » (p. 13). Tout d’abord, celle-ci « n’était pas encore musulmane au sens où l’entendront les musulmans d’après » (p. 14). Cette idée est partagée par de nombreux spécialistes maintenant. Sur le plan sociologique, la société d’origine « était organisée sur le mode tribal de familles patriarcales qui étaient régies par des rapports de solidarité et d’alliance » (ibidem). Le Coran doit être lu à la lumière de ce fait. C’est pour cela qu’elle se démarque d’une tendance lourde dans les études du proto-islam : « Accorder trop d’importance au facteur religieux aux dépens du facteur sociétal constitue une grave erreur de méthode historique lorsqu’on étudie le premier islam » (ibidem). Elle récuse également l’approche qui prévaut ces dernières années et qui insiste sur les rapports entre textes chrétiens ou judéo‑chrétiens et Coran. Selon elle, le Coran se sert des éléments empruntés à la Bible, mais dans sa propre perspective. Du reste, c’est non pas du Nord, mais du Sud, plus exactement du Yémen, « que remonte la première thématique biblique » (p. 39).

... https://journals.openedition.org/assr/33569


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