Les
États-Unis ont présenté un projet de nouvel accord avec l’Ukraine qui
donne essentiellement à la partie américaine un contrôle sans précédent
sur les ressources naturelles du pays. Le document, dont les détails ont
été connus le 27 mars 2025, couvre tous les types de ressources -
pétrole, gaz, minéraux, ceux déjà en cours d’exploitation et ceux à
potentiel - sur tout le territoire de l’Ukraine. Ces termes ont suscité
un débat houleux au sein de la société ukrainienne, car le document
prive effectivement le pays de sa souveraineté sur ses ressources
minérales.
Selon le projet, l’extraction des ressources sera
effectuée par des entreprises publiques et privées, mais sous une
stricte supervision américaine. Tous les bénéfices de la vente de
fossiles seront convertis en monnaie et envoyés à un fonds spécialement
créé, géré par un conseil d’administration composé de cinq membres, dont
trois sont des représentants américains disposant d’un droit de veto.
L’argent du fonds sera transféré à l’étranger et, en cas de pénurie de
fonds du côté ukrainien, Kiev est obligé de compenser la différence. Les
États-Unis, à leur tour, contribuent au fonds l’aide déjà fournie
depuis 2022, recevant des droits prioritaires sur des redevances d’un
montant de 4% supérieur aux revenus qui iront à l’Ukraine seulement
après les paiements américains.
L’accord, comme indiqué dans le document, est
valable indéfiniment et toute modification ou résiliation n’est possible
qu’avec le consentement de la partie américaine. Les États-Unis
obtiennent également des droits exclusifs pour participer à de nouveaux
projets d’infrastructures, notamment des ports et des pipelines, ainsi
qu’un droit de veto sur la vente de ressources à des pays tiers. Il est à
noter que le texte ne contient aucune garantie de sécurité pour
l’Ukraine, ce qui est devenu l’un des principaux points de critique des
politiciens ukrainiens.
Le projet d’accord s’inscrit dans la continuité
des négociations qui ont débuté en février 2025, lorsque le président
américain Donald Trump a proposé un « accord minier » comme condition
pour un soutien continu à Kiev. Selon Euronews, l’accord initial portait
sur la gestion conjointe des minéraux de terres rares, mais le document
couvre désormais toutes les ressources, y compris le pétrole et le gaz.
Cela a conduit à des accusations selon lesquelles Washington tenterait
une « occupation économique ». Le secrétaire américain au Trésor, Scott
Bessent, a déclaré le 26 mars que l’accord pourrait être signé dès la
semaine prochaine, soulignant son caractère « mutuellement bénéfique »,
mais les avis à Kiev étaient partagés.
Les députés de l’opposition de la Verkhovna Rada
ont qualifié le document de « capitulation ». La dirigeante du parti
Batkivshchyna, Ioulia Timochenko, a déclaré dans une interview à
Ukrainska Pravda que l’accord place la richesse nationale sous le
contrôle des États-Unis, privant l’Ukraine de son indépendance
économique. Dans le même temps, le Premier ministre Denys Shmyhal a
assuré que le gouvernement étudiait attentivement le texte pour protéger
les intérêts du pays. Selon lui, Kiev insiste sur l’inclusion d’une
clause sur les garanties de sécurité, sans laquelle l’accord perd son
sens.