Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre
Tourner le dos pour ne rien voir.
Un vieux conflit qui a laissé trop de traces, une divergence idéologique qui restera à jamais irréconciliable, une incompréhension qui s'est cristallisée au fil du temps, l'impossibilité de rentrer dans l'univers de ce personnage, qu'importe les raisons, ce pauvre homme, lui tourne le dos à chaque fois qu'il se trouve en présence de ce bouffon.
Il pourrait tout aussi bien éviter d'avoir à se confronter à sa présence mais hélas, ce n'est guère possible. Ses obligations le conduisent à fréquenter le même théâtre d'opérations, l'un fait acte de représentation quand l'autre amuse la galerie à l'exception de celui qu'il tourmente et indispose par sa seule présence.
Que leurs mains ne se serrent plus depuis longtemps n'a d'ailleurs aucune importance, l'animosité, l'antipathie ça ne se commande pas. Les atomes crochus ne surviennent pas d'un claquement de doigt. Par contre, pour ce pauvre homme, faire en sorte de fuir systématiquement les propos et les interventions de l'amuseur lui impose une contorsion des plus pénibles.
Alors qu'il est censé personnaliser l'intérêt pour le sujet, qu'il représente ceux qui consacrent leurs loisirs à cette passion, qu'il est décideur d'un organisme qui promeut la chose, il fuit à la première parole de cet autre qui vulgarise ce sujet auprès des béotiens, qui parfois en apprend à ceux qui sont acteurs de ce loisir à dimension historique.
Est-ce parce qu'au final, l'histoire, la poésie, la culture ligérienne n'ont strictement aucun intérêt à ses oreilles que ce monsieur, se tourne vers la rivière pour noyer son chagrin de voir ce clown tirer la voile à lui ? En tout cas, il fait en sorte de se trouver ostensiblement dans sa ligne de mire pour montrer ce dos du mépris qu'il affiche avec constance.
Pire, son petit pouvoir l'incite à priver le public des manifestations pour lesquelles il se retrouve maître d'œuvre ou bien simple conseilleur. Il fait ainsi le choix de n'apporter que la distraction, le divertissement, la bonne ambiance pour animer des fêtes alors que l'histoire demeure la toile de fond de cette reconstitution fictive.
La tenue n'a jamais fait le marinier d'antan. Si faire porter le chapeau à celui qui ne s'en couvre pas, permet de le mettre à l'écart sur la moitié du cours de la Loire, ceci prive dans le même temps les spectateurs d'un éclairage autre que la joyeuse farce qui se joue devant eux. Tourner le dos à un pitre sans rien apporter sur le pupitre de la connaissance, est une étrange manière de promouvoir sa passion.
Quant à juger sans entendre la défense ou du moins les récits de ce pirate des mots, ce passager clandestin des chalands d'antan, c'est faire preuve d'une légèreté qui confine à la bêtise. Fuir ainsi à chacune de ses interventions exige de disposer à chaque fois d'une embarcation pour prendre le large et ne rien entendre. Cette fois, ce n'était pas le cas et durant deux jours, il erra comme une âme en peine pour se trouver hors de portée de celui qu'il refuse d'entendre.
Qu'il ne puisse le voir, c'est son droit le plus légitime, qu'il se refuse à l'entendre exprime un manque de tolérance qui pose question quand il se prétend le promoteur de cette reconstitution, qu'il fasse en sorte que jamais il ne soit invité dans son aire d'influence atteste qu'il refuse l'idée que lors de ces manifestations, le public ne vienne pour autre chose que l'amusement. C'est réduire singulièrement les objectifs affichés d'une fédération dont il est l'une des pièces maîtresses. J'espère que ce billet lui sera salutaire. Hélas, il est impossible de conclure par le rituel : « À bon entendeur salut ! » car comme chacun le perçoit : « Il n'est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre ! »
À claire-voix.
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