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En réponse à :


adimante adimante 30 juin 2016 13:12

@monptit


Tout à fait. Sauf qu’en principe ce qui est voté est voté, et la partie du peuple qui a perdu ne demande pas immédiatement à revoter. Si techniquement ce serait possible d’immédiatement revoter s’y rajoute une question de culture politique et de respects des institutions et précisément du résultat de vote.

La démocratie directe c’est aussi une culture politique. Par exemple dans les cantons les plus profondément attachés à la démocratie directe, soit la suisse-allemande et suisse centrale, vous y découvrirez que le respect de la loi y est extrêmement prononcé. Si sur la route c’est marqué 60 km/h on roule à 60 et pas 80 ce qui étonne souvent et fait voir ces suisses comme des gens un peu bornés.

L’explication réside en réalité dans leur rapport à la loi, comme la loi a été votée ou non contestée par le peuple, c’est comme si chaque individu avait conclu un contrat avec les membres de sa communauté pour que la loi soit ainsi, et alors toute violation de la loi est vue aussi comme une violation du pacte qui vous réunit aux autres, une sorte de déloyauté envers votre groupe.

Bien sûr c’est là une version idéale mais qui pourtant existe, mais - et je dois le reconnaître - qui est en train de s’altérer.

Ces dernières années - et principalement sur les questions européennes, adhésion, non adhésion etc. est apparu de plus en plus la volonté de certains groupes pro-UE de ne plus vouloir jouer le jeu. C’est le cas en ce moment, les suisses ont voté un retour du contrôle migratoire et aussitôt derrière ceux qui n’en voulait pas ont mis sur pied une demande pour revoter. C’est une attitude qui passe très mal en suisse, ceux qui ont fait cette demande se sont à mon avis complètement discrédités et tiré une balle dans le pied.

D’autre part, demander un vote ou référendum en réunissant 100’000 signatures de citoyens parait simple comme ça mais cela n’a rien de facile et demande une masse d’effort non négligeable. Le coût de la réunion de ces signatures [publicité, campagne, etc] est estimé à environ 450’000 euros... Donc si la précédente votation qui ne vous convient pas a été acceptée par 70% des helvètes on comprend que personne ne va prend le risque de faire ces dépenses pour rien...

D’autre part - et ceci explique cela - les personnes regardant la démocratie directe depuis l’extérieur, comme depuis la France, sont en général obnubilées par les votes eux-mêmes alors que c’est loin d’être l’essentiel et vous allez comprendre pourquoi.

La vertu principale de la démocratie directe est de forcer les gens à discuter et à trouver des accords entre eux avant de mettre en place des lois. En suisse la mise en place des lois est plus longue qu’ailleurs mais tout simplement parce que si un parti veut mettre en place une loi il va prendre soin de consulter avant tous les groupes de la société et les autres partis politiques, sous peine s’il cherche à passer en force de se voir bien vite renvoyé à ses études par la menace de lever un référendum contre son projet. Les projets politiques en suisse font donc bien attention en préalable de s’assurer du plus large consensus sous peine de se voir sanctionner par un référendum.

C’est ce droit de veto du peuple qui fait la principale vertu de la démocratie directe et qui oblige les partis et les personnes à discuter entre elles et à tenir compte des avis qui leur sont opposés. Cela en devient un instrument de tempérance et de pacification.

Pour prendre l’exemple de votre Loi travail et des tensions politiques qui l’entourent, cela aurait été impossible en suisse. La gauche se serait immédiatement levée et aurait menacé d’en appeler au peuple par la voie du référendum. On comprend ainsi que tout projet de loi qui aboutit est le fruit d’un processsus ayant cherché l’accord au préalable du plus grand nombre et de toutes les parties susceptibles de s’y opposer.

Ce qui se passe en France avec la loi travail est littéralement choquant vu de suisse. Un projet de loi passé en force et ensuite un peuple qui se bat dans la rue. C’est tout sauf de la démocratie et je ne parle pas du fond de cette loi que je connais mal. L’article 49 III de votre constitution nous apparait choquant et est enseigné plus ou moins - cela dépend du constitutionnaliste - comme un résidu de la Constitution de type militaire qui vous a été imposée au sortir de la guerre et que nous voyons précisément contenir des élements permettant d’attribuer les pleins pouvoirs à une petite minorité, et ce qui n’est donc rien d’autre que de la dictature, et particulièrement au sens technique du terme.

bien à vous.

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