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John T. John T. 21 mars 2008 16:32
Nous sommes le 21 Mars, c’est le printemps, mais aussi la nouvelle année Persane depuis 3747 années solaires du calendrier Persan, célébrée par 200 millions de personnes dans le monde. Le saviez-vous ?

Norouz

(ou Noruz ou NowRooz et en Persan

نوروز

) est la fête traditionnelle iranienne célébrant le Nouvel An du calendrier solaire Persan (premier jour du printemps). Officiellement le changement d’année a lieu à l’équinoxe qui marque le passage au printemps, mais il est souvent fêté le 21 Mars.

Le mot vient de l’Avestique nava=nouveau + rəzaŋh=jour/lumière du jour signifiant "nouveau jour/lumière" et qui a toujours le même sens en Persan moderne ((no=nouveau + rouz=jour signifiant "nouveau jour")

Norouz est célébré depuis au moins 3000 ans et tire ses origines des rites du Zoroastrisme dont elle reste une des principales festivités aujourd’hui encore.

La fête de Norouz est célébrée dans de nombreux pays qui ont été des territoires ou qui ont été influencés par l’Empire Perse. En dehors de l’Iran, on peut citer l’Afghanistan, l’Azerbaijan, l’Irak, le Kazakhstan, le Kyrgyszstan, le Tajikistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, et en Europe, l’Albanie. Norouz est également célébrée par les Parsis, une communauté d’origine iranienne zoroastrienne en Inde (Freddy Mercury était un Parsi) et en Turquie, où elle est appelée Nevruz en Turc et Newroz en Kurde.

Le terme Norouz est apparu pour la première fois dans les documents de l’Empire Perse au second siècle avant notre ère, mais les historiens s’accordent pour penser que la célébration est beaucoup plus ancienne et qu’elle était déjà probablement un jour important pendant la dynastie Achéménide (vers 648 av. J.-C.
 330 av.
J.-C.). Les plus anciennes mentions de Norouz remontent à l’époque Parthe/Arsacide (247 av. J.-C. - 224 ap. J.-C.).

Des détails substantiels sur la célébration de Norouz apparaissent après l’accession au trône d’Ardechir Ier, fondateur de la dynastie Sassanide (224 - 650 de notre ère). Sous les empereurs Sassanides, Norouz était célébré comme le jour le plus important de l’année. La plupart des traditions royales de Norouz comme les audiences royales en public, les cadeaux et le pardon des prisonniers ont été établies pendant l’époque Sassanide et sont restées telles quelles jusqu’à l’époque moderne.

Norouz a survécu dans la société après l’introduction de l’Islam en 650 apr. J-C et était une fête très célébrée, même par ceux qui ont adopté l’Islam très tôt. Il reste des indications que les quatre grands califes ont présidé aux célébrations de Norouz, et que le jour était férié pendant la période Abbasside.

Après la chute du califat et la ré-émergence de dynasties perses, Norouz a été élevé à un niveau encore plus important. Les Bouyides ont fait revivre les anciennes traditions de l’époque Sassanide et ont restauré d’autres célébrations de moindre importance qui avaient été éliminé par le Califat. Même les envahisseurs Ottomans et Mongols n’ont pas tenté d’abolir Norouz au profit d’une autre célébration. Norouz est donc resté la principale fête Persane à la fois au niveau officiel et populaire. Cependant, depuis l’avènement de la République Islamique, les années officielles se comptent à partir de l’année de l’Egire. Donc officiellement, en Iran, cette année sera l’année 1387, même si le calendrier Historique co-existe (l’Iran fêterait l’année 3747 selon le calendrier Zoroastrien Kadmi).

Les préparations de Norouz commencent pendant Esfand, le dernier mois d’hiver dans le calendrier persan. Les gens commencent à se préparer en faisant un grand "nettoyage de printemps" dans leurs maisons, s’achètent de nouveaux vêtements pour la nouvelle année et achètent des fleurs (la jacinthe véritable et la tulipe sont particulièrement populaires). Il fêtent aussi le dernier mercredi de l’année en sautant par-dessus de grands feux en criant « Zardie man az tou Sorkhie tou az man » (littéralement : « Je te donne ma couleur jaune, tu me donnes ta couleur rouge », celle du feu, mais figurativement : « je te donne ma pâleur - ou ma maladie, je prends ta force, ta santé ». C’est le Chahr Shambé Souri, une fête très populaire.

En association avec la renaissance de la nature, le nettoyage de printemps est la tradition nationale suivie par la plupart des ménages en Iran. Cela est aussi étendu aux effets personnels, et traditionnellement, tout le monde s’achète au moins une garde robe neuve. Le jour du nouvel an, les familles s’habillent avec leurs vêtements neufs et commencent alors les réjouissances de cette période, en allant rendre visite aux anciens , puis au reste de la famille et enfin aux amis. Le 13ème jour de l’an, toutes les familles quittent leur maison et vont pique-niquer à l’extérieur.

Pendant les vacances de Norouz, tout le monde se rend visite (famille, amis, voisins) sous forme de courtes visites à la maison, qui sont généralement suivies de réciprocité.

Typiquement, le premier jour de l’année, les membres de la famille se retrouvent pour un grand déjeuner familial, près d’une table sur laquelle sont posés les Haft Sîn (les 7 « S ») pour attendre le moment exact de la nouvelle année. Le plat traditionnel de la nouvelle année est le Sabzi Polo Mahi, un plat de riz très long (type basmati), citronné, cuisiné avec des fines herbes (aneth), et servi avec un poisson grillé. Servi avec du pain Lavâch (galettes), du basilic et une boisson au yaourt (le Dour : yaourt, eau, sel, menthe séchée, épices), un vrai régal...

La tradition principale de Norouz est la mise en place des Haft Sîn (هفت سین) -les sept ’S’, sept objets dont le nom commence par la lettre S ou "sîn" (س) de l’alphabet Persan, qui sont sept objets traditionnels spécifiques disposés sur une table correspondant aux sept créations et aux sept esprits bien pensant les protégeant (selon les écrits de Zarathoustra ou Gathas). Aujourd’hui, ils ont été un peu modifiés mais le symbolisme demeure.

La beauté artistique de ces tables de Haft Sin a évidemment toute son importance.

La liste suivante est un exemple des objets servant à faire les Haft Sîn, bien qu’il n’y ait pas de consensus permettant de dire lesquels sont les sept concernés :

  • sabzeh - germes de blé, orge ou lentille poussant dans un plat (symbolisant la renaissance)
  • samanu - un gâteau très sucré fait de germe de blé (symbolisant l’abondance)
  • senjed - le fruit séché du jujubier (symbolisant l’amour)
  • sîr - ail (médecine)
  • sîb - pommes (beauté et bonne santé)
  • somaq - un épice typiquement Persan, sumac en Français (la couleur du lever du soleil et symbole de santé)
  • serkeh - vinaigre (l’âge et la patience)
  • sonbol - fleur de jacinthe (l’arrivée du printemps)
  • sekkeh - pièces (prospérité et santé)

Les autres objets sur la table peuvent inclure les suivants :

  • pâtisseries
  • bougies allumées (bonheur)
  • un miroir
  • des œufs peints (fertilité). Le mot « Pâq » en Persan signifie « propreté ».
  • un bol avec deux (ou plus) poissons rouges (vie)
  • un bol d’eau contenant une orange (la terre flottant dans l’espace)
  • eau de rose pour ses pouvoir spirituels et nettoyants
  • les couleurs nationales, pour la touche de patriotisme
  • un livre sacré (par exemple, le Coran, la Bible, la Torah ou l’Avesta) ou encore un livre de poésie (presque toujours le Livre des Rois de Hafez).

Durant les festivités, on s’échange des cadeaux. Plus tard dans la journée, les jeunes rendent visite aux plus âgés. Les visites doivent être assez courtes pour permettre de voir tous les gens à qui l’on a prévu de rendre visite. Ces visites durent généralement une demi-heure, pendant laquelle on rencontre généralement de la famille et des amis qui sont eux aussi en train de faire la tournée de la famille. Au cours de ces visites, il faut s’assurer d’avoir assez de pâtisseries, gâteaux, fruits frais et secs sous la main, puisque ces derniers sont généralement distribués aux visiteurs en même temps qu’un thé ou un sirop. Beaucoup d’iraniens organisent ce jour de grandes fêtes rassemblant tout le monde pour pouvoir réunir les convives qui viennent de loin.

Le traditionnel porteur des couleurs de Norouz est un personnage appelé Haji Pirûz, ou Hadji Firuz. Il symbolise la renaissance du dieu du sacrifice sumérien, Domuzi (Dumuzi, qui a donné son nom au mois hébreu de Tammuz), qui était tué à la fin de chaque année et renaissait pour le début de l’année nouvelle. Maquillé en noir sur tout le visage et les mains, portant un costume rouge, Haji Firûz chante et danse dans les rues avec son tambourin et sa trompettes en distribuant ses bons vœux (et ses bonbons) pour l’arrivée de la nouvelle année.

Le treizième jour des fêtes du nouvel An est Sizdah Bedar (signifiant littéralement "treizième dehors"), qui est un jour festif célébré à l’air libre, souvent accompagné de musique et de danse. Cette journée est passée à pique-niquer en famille.

La fin des festivités de Norouz s’acgèvent avec le 13e jour de l’année : la célébration du treizième jour, Sîzdeh Bedar, vient d’une ancienne croyance Perse selon laquelle les 12 constellations du Zodiaque contrôlaient les mois de l’année, et que chacun régnait sur la terre pour un millier d’année. A la fin de ce cycle, le ciel et la terre sombraient dans le chaos. En conséquence, Norouz, dure 12 jours et le treizième représente le chaos, moment pendant lequel les familles mettent l’ordre de côté et évitent la malchance associée au nombre ‘treize’ en sortant pique-niquer. C’est chaque année le plus vaste pique-nique au monde.

A la fin des célébrations de cette journée, les pousses de sabzeh cultivées pour le Haft Sîn (qui ont symboliquement recueilli toute la maladie et la malchance) sont jetées dans de l’eau d’une rivière pour exorciser les démons (divs) de la maisonnée. Il est aussi de coutume pour les jeunes femmes célibataires d’attacher les tiges des sabzeh avant de les jeter, exprimant ainsi le souhait d’être mariées avant le Sîzdeh Bedar de l’année suivante...

En France, de nombreuses associations franco-iraniennes fêtent Norouz. Chaque année, le grand pique-nique du Sizdeh Bedar réunit quatre à cinq-mille personnes du côté de l’île du Lac inférieur du Bois-de-Boulogne et quatre à cinq cent personnes au parc Miribelle à Lyon.


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