Absence de changement : Les socialistes paieront plus que Madame Bettencourt
Les caisses sont vides, l’état prélève 50% des richesses produites et en dépense 57% l’an dernier. Jusqu’à présent il a financé la différence à crédit. Le nouveau gouvernement va évidemment poursuivre la politique du précédent : augmenter (beaucoup) les impôts et réduire (un peu) les dépenses. Mais ses priorités et cibles ne seront pas les mêmes. L’objectif final est en effet différent. Ne rien changer d’essentiel.
Si la priorité est claire, les modalités sont complexes. Une analyse marxiste très grossière peut nous aider a discerner ce qui risque de se passer. Si on regarde qui a voté quoi au 1er tour, on constate en très gros, que le pays est divisé en 2. Il y a une très petite moitié qui touche plus ou autant qu’elle paye, et une grosse moitié qui paye plus qu’elle ne touche. Plutôt que de se fier aux discours des uns et des autres sur leurs intentions, il semble plus raisonnable de regarder d’où vient et où va l’argent public. La corrélation avec les choix politiques est forte. Dans l’ensemble, ceux qui touchent votent à gauche, ceux qui payent, à droite. En descendant dans le détail, on constate que cela ne suffit pas à dire qui va payer le « changement », car en effet, ces 2 catégories se subdivisent à leur tour.
Dans la première, on trouve quatre couches.
A) Les plus ou moins bénéficiaires nets d’en haut, ou plutôt d’au milieu, pour lesquels la vie est assez belle.
1 Les agents publics de catégorie élevée et assimilés : Cadres A, profs en milieu de carrière dans les centre-ville, les cultureux reconnus, genre directeur de DRAC ou de théâtre subventionné, cadres de la fonction publique territorial ou des grandes associations subventionnées, employés d’entreprises publiques ou ex publiques à statut, bénéficiant des avantages du privé et du public réunis (ceux-là exaspèrent les autres qui ont prévu un texte spécifique, pour, une fois n’est pas coutume à gauche, les « niveler par le bas »…)
2 La classe moyenne sup urbaine « sociétale » des grandes agglomérations : Les cadres urbains deux revenus, famille trois enfants, qui avec des impôts locaux bas et des quotients familiaux élevés, alliés aux 35 heures et aux meilleurs services publics du pays, largement subventionnés par leurs concitoyens, ont toutes les raisons de trouver que notre modèle social est grandiose. Même si ils payent pas mal, de toute façon, ils en ont pour leur argent. Si tu vis à Paris centre comme la dame que j’ai rencontré hier dans la rue, cadre moyen sup, 35 heures, 2 enfants, divorcée, allocation parent isolée, deux revenus avec son mec, HLM bibliothèque de France, enfants dans un des meilleurs lycée de France, la pitié salpêtrière à deux pas pour les urgence (un des meilleurs hôpitaux d’Europe sinon du monde), la RATP et les prestations culturelles subventionnées par la province, et des impôts locaux à faire rêver, tu vis quasi dans le paradis d’un socialisme réel.
Entrent évidemment dans cette catégorie les journalistes statutaires des grands titres dont les fins de mois sont assurées par des régimes fiscaux dérogatoires et l’emploi par les subventions massives de l’Etat à une presse qui a du mal à se vendre.
Ces deux catégories sont les principales bénéficiaires du modèle social français. Diplômés, donc travaillant tard en étudiant au frais de la collectivité (pendant que l’ouvrier cotise), ils sont bien payés et biens couverts. Profitent au maximum des services publics pour eux et leurs enfants. Ils prennent de bonnes retraites dont ils bénéficient longtemps grâce à des espérances de vie supérieures (entre un cadre A de la fonction publique, recordman toutes catégories en espérance de vie et un OS, il y a 11 ans de différence. Cela leur permet d’arriver aux grands âges ou ils sont remarquablement soignés grâce à la solidarité nationale, causant l’essentiel du déficit de la branche santé.
Quand on leur en parle, ils consolent leurs petites âmes de gauche meurtries en parlant de « pas de nivellement par le bas » et en se disant que Madame Bettencourt gagne quand même beaucoup plus qu’eux…..
B) Les bénéficiaires nets du bas de l’échelle.
3 les « pauvres » Par exemple les bénéficiaires de l’aide sociale. (Dans le décile inférieur de revenu, plus de la moitié du revenu réel total est composé de transferts monétaires et non monétaires, c'est à dire que quand on parle de gens à 800 € par mois, ils sont en réalité plus proches de 1,5 à 2 fois plus). C’est en oubliant cela que Thomas Picketty parvient à démontrer que les pauvres payent plus d’impôts en pourcentage que les riches. C’est aussi en oubliant que c’est une population très mouvante. Les fameuses citées par exemple. C’est l’endroit dont on sort le plus. Pour l’essentiel, les générations de nouveaux arrivant s’y succèdent. Au bout d’une génération et dès qu’ils le peuvent, les anciens s’en vont. L’habitant type d’une « cité » est un pauvre, nouvel arrivant, dans le cadre du regroupement familial, susceptible de toutes les aides, et notamment de la première d’entre elles, le logement social.
4 Ceux qui s’en occupent : Notamment les 1, 8 millions de salariés du secteur associatif sanitaire et social. Les intermittents du spectacle. Les instit et prof débutant relégués dans les cités à problèmes, les fonctionnaires relégués aux guichets ( dans l’administration, être en contact avec les publics est souvent considéré comme une sorte de punition) etc…Ont peu sans doute leur adjoindre Les 20% d’ouvriers du secteur public qui sont en pratique sur le plan matériel assez bien protégés, mais qui souffrent du mépris de classe de leurs supérieurs hiérarchiques socialistes, dans des milieux très scolaires, ou le diplôme ou son absence est une stigmatisation pour la vie.
Avec cela on a une bonne corrélation avec les différentes gauches et une partie du centre
Les gauches : L’instit du 93 est trotskiste et déteste les patrons parce qu’aujourd’hui, les entreprises ne sont pas dans Paris mais en banlieue et que les bureaux de « luxe » sont sous ses yeux Celui des zones rurales est écolo et déteste les agriculteurs productivistes qui sont souvent les propriétaires de son logement si il n’y a pas de logement de fonction. Il préfère curieusement faucher des OGM que détruire des raffineries. Le cadre moyen d’âge mur de l’ex entreprise publique à statut de fonctionnaire vote FdG parce qu’il voit bien que son collègue socialiste cadre sup roule dans une voiture de fonction tout à fait incompatible avec un idéal d’égalité sociale. Son camarade de cellule chauffeur de bus parisien cégétiste bon teint aussi. Il voit mal ses 120 jours de congé par an. Il ne voit qui trop bien que la RATP embauche plus volontiers des responsables du développement écologique durable au niveau cadre que de nouveaux chauffeurs.
Le pauvre, quand il vote, vote souvent pour la couleur politique de l’élu local qui lui a attribué son HLM et pour le candidat au second tour pour lequel il lui a dit de voter.
Ainsi, le sondage opinion way, nous dit que 93% des musulmans ont voté à gauche. C’est sans doute faux à tous égard. Nos compatriotes musulmans sont en tendance surreprésentés dans les couches les plus défavorisés de la société. Notamment dans la strate ouvriers, qui n’est pas la plus mal traitée, et service à la personne ou on trouve les jobs à la fois difficiles et mal payés. Ce sont des catégories qui votent très peu. Taux d’abstentions ouvriers en France, de l’ordre de 69% de mémoire. En très gros, on peut supposer que le facteur religieux n’est pas déterminant dans ce vote par rapport au facteur social mais bien la dépendance à la dépense publique.
L’autre catégorie qui vote à fond à gauche en effet, ce sont les femmes isolées avec charge d’enfant dont on sait qu’elles constituent une part déterminante dans les nouvelles pauvretés. En France, la nouvelle pauvreté est moins liée aux méfaits du capitalisme ultralibéral mondialisé qu’aux nouvelles libérations sociétales détricotant les solidarités familiales. De ce point de vue, il est assez savoureux de voir des chercheurs s’acharner à tenter de prouver que les partis libéraux conservateurs, qui en matière de mœurs sont en général plus conservateurs que libéraux dans le monde entier, sont directement à l’origine de cette destruction de la famille…On ne prête qu’aux riches…Et surtout à gauche.
Si on prend les françaises originaires de pays musulmans, répudiées avec enfants, sans doute un des publics les plus en difficulté, prises en charge par une demie douzaine d’administrations sociales, on doit frôler les 100% de vote « social » sans qu’il y ait un lien solide avec la pratique religieuse.
Terra nova, dans son papier sur les « nouvelles classe populaires » a défini ces femmes comme une nouvelle classe. Intégrer la femme de cadre sup plaqué par son mari avec 4 gosses et la femme de ménage Kabyle dans le même cas ? On sort pas mal de la conception marxiste de la classe sociale. Notamment quant aux perspectives de s’en sortir et aux possibilités de reproduction sociale. On est plus proche de la définition d’une clientèle.
On discerne assez bien ceux qui sont ultra gauche et ceux qui sont gauche tout court. Cela dépend de ce qu'ils touchent. En gros, le cadre A de la fonction publique est vaguement rose et trouve qu'il faudrait améliorer un peu le système à la marge. L'intermittent du spectacle et rouge sang de bœuf et trouve que la société est injuste.
Le centre ? Dans la catégorie 2, on trouve ceux pour lesquels cela ne va pas mal merci, et voudraient bien que l’on soit gentil avec tout le monde, les immigrés, les veuves chiliennes, les éoliennes et à la rigueur les petits blancs, mais à condition que cela ne lui coûte pas trop cher et qu’on ne touche pas à leur 35 heures. Ce sont eux qui oscillent entre la droite et la gauche. Il y a du public et du privé. C’est le Modem et le tiers « LiLi » du PS. Que leur vote soit un vote de classe est particulièrement flagrant. Le Modem a le triste privilège d’avoir l’électorat le moins populaire de France…
Les bobos ? Au passage, on devine l’origine de la difficulté a donner un contenu à ce mot passe partout et oxymorial. Il recouvre en effet la diversité de toutes ces catégories, hors pauvres. Ils ont en commun de rêver de vivre ou de vivre comme des riches sans pour autant renoncer à être aidés et considérés comme pauvres. Ils sont divisés par des situations économiques qui leur font frôler la lutte de classe entre eux. Ils ont unis autour d’une conception de la dépense publique et d’un style de vie. Etre en pratique bourgeois sans que cela ne se voit.
C) Ceux qui payent beaucoup ou touchent peu
5 Ceux qui gagnent très peu, payent peu et reçoivent peu : les « victimes » de l’ascenseur social.
Ceux qui bossent dur et gagnent peu en payant trop et en ne recevant pas grand-chose. En gros le prolo périurbain qui a bossé toute sa vie pour sortir de l'aide sociale. Il finit par s’acheter un appart ou un pavillon en banlieue. Il comprend mal quand on lui dit que ses enfants débutant dans la vie doivent quitter leur quartier parce qu'ils ne sont pas prioritaires pour les HLM qui lui, l’avaient aidé à démarrer. Les bobos achetant tous sur le secteur privé, ils ne peuvent pas « viure al pais... ». Genre Montreuil par exemple. Un max d’impôts locaux parce qu’ils y a des migrants et donc un gros besoin d’aide sociale. Des couts de l’immobilier qui montent en flèche et interdisent à ses enfants de se loger. A la fin, il vend et va retrouver ses gosses en province. D’après le dernier recensement, l’ouvrier français vit désormais dans des villes moyennes parce qu’il a fui l’invasion combinée des bobos et des migrants.
6 Ceux qui touchent pas grand-chose, payent beaucoup et ne reçoivent à peu près rien : Car pour bien faire, il faudrait encore segmenter entre ceux que la gauche appelle élégamment les petit blancs quand elle croit que personne ne l’écoute, ceux qui sont borderline aide sociale, et les petits bourgeois, commerçants, ouvriers qualifiés, entrepreneurs individuels, artisans, etc... Qui ont la trouille de s’y retrouver à la faveur de la crise et en ont assez d’être perclus de taxes diverses. Ils se divisent entre UMP et FN au grès de la conjoncture économique.
Ces deux catégories sont proches. Elles sont déjà prêtes à aller à la confrontation frontale et brutale. Ils sont tellement exaspérés que leurs idées, c'est n'importe quoi du moment que ce n'est pas les même que celles des précédents. On devine pour qui ils votent majoritairement.
8 Ceux qui payent beaucoup : D'autre part, ceux qui bossent beaucoup, gagnent bien, et surtout payent énormément. 1,5% des contribuables payent plus de 40% de l'IR. 10% en payent 65%. En très gros, on peut appeler cela la droite républicaine. Ils veulent bien payer, mais veulent savoir où va l'argent et si il sert bien le vrai social et pas les prébendes. On peut à gros trait les nommer droite républicaine.
C’est sans doute paradoxalement ici que le modèle est le plus caricatural. L’examen détaillé de l’électorat Sarkozy, montre qu’il est en réalité le seul à ne pas être un électorat de classe, ou en tout cas celui qui l’est le moins. La preuve définitive en est apportée par la seule catégorie qui vote vraiment massivement pour lui : les retraités. Il n’y a pas d’intérêt de classe commun entre un patron et un ouvrier retraité. Sauf à considérer qu’avoir sa pension au début et non au 8 du mois est constitutif d’un destin social commun.
Thomas PIcketty oppose le riche à 60 000 euro bruts par mois au pauvre à 1 700 Euro brut par mois et déplore que l’un paye globalement 40% d’impôt, l’autre 45%. C’est nécessairement qu’il oublie des impôts puisque le taux total est de 50% d’une part. D’autre part qu’il ne prend pas en compte les transferts non monétaires. Surtout, il oublie que dans ce scénario, il y en a un des deux qui paye 97% de leur masse fiscale commune, avant tout transfert.
Le modèle social français : A la fin, on est bien dans ce que décrivait Emmanuel Todd. Le modèle social français consiste en un couteux brassage d’argent au sein de la classe moyenne. Pour l’essentiel, une redistribution depuis le privé vers le public. Elle laisse quelques miettes aux pauvres, gérés de façon clientéliste par le second. La redistribution passant du reste pour une large part par un canal peut visible. Un euro redistribué aurait un cout de un euro. C’est le plus mauvais ratio de l’OCDE. Le cadre du privé subventionne moins son collègue du public par un transfert direct d’argent qu’en lui payant un salaire pour redistribuer l’euro restant.
Là où cela se voit le mieux, c’est avec les retraites de la fonction publique. Le déficit technique est de 20 milliards d’euro prévu pour 2015. Le total de l’aide social en France ferait 67 milliards d’euro. Mais dans un cas on a 2 millions d’ayant droits. Dans le second on a priori non seulement les 11 millions de pauvres à priori bénéficiaires potentiels, mais également les au moins 1, 8 millions de salariés associatifs du secteur sanitaire et social qui s’en occupent. Les retraites de la fonction publique : second poste de dérive des dépenses publiques après la dette quand même, et en progression constante. Notre effort social collectif porte 3 fois moins en volume sur les retraités de la fonction publique que sur les « pauvres », mais les publics sont 7 fois moins nombreux. C’est le résultat d’une sédimentation de textes et décisions sur plus de 50 ans. Après on peut dire, » c’est juste, c’est injuste, c’est par hasard, on ne va pas niveler par le bas », tous ce que l’on veut. Cela donne une bonne illustration des priorités implicites de notre système social.
On se souvient d’un temps par exemple, ou dans la rubrique politique de la ville, il y avait quelques miettes pour les pauvres. Les budgets de fonctionnement étaient utilisés à 100%, ceux d’interventions à 40%. On parvenait très bien à payer ceux qui s’occupaient des publics concernés, mais on ne savait pas très bien que faire de l’argent qui leur était destiné…
Le projet politique et social de la gauche socialiste est clair. Préserver autant que faire ce peut ce modèle.
Les priorités pour le nouveau gouvernement : Le constat général est simple. Il n’y a pas assez d’argent pour satisfaire tout le monde. Le déficit prévisionnel du budget est de 50% supérieur à ce que disait Hollande qui du reste avoue benoîtement qu’il le savait. L’augmentation de 1% maximum en volume de la dépense publique est à peu près entièrement consommée par avance par les salaires de la fonction du même nom. 1% en volume avec la baisse des effectifs Sarkozy.
Faire payer les riches : Bien sûr, on va faire « payer les riches ». L’exemple de la tranche à 75% serait suffisant. On escompte de 200 à 500 millions d’euro. Le bouclier fiscal, c’est 11 000 personnes dont 60% de modestes. On peut taper comme on veut, cela ne fait pas une élection. Mais la dette prévisionnelle des déficits des retraites publiques est de l’ordre de 1200 milliards….On sait déjà que tous cela, c’est « pour la galerie ». Le Canard enchaîné a publié les résultats d’une étude d’un magistrat de la Cour des comptes. Avec les réformes Hollande, Madame Bettencourt va voir le chèque que lui fait le fisc augmenter de 50%.....
Le patrimoine ? Tentant. Ce sont les plus fortes inégalités. En très gros, c’est de l’immobilier. A part quelques très très grosses fortunes qui rentrent dans les 11 000 ci-dessus.. Mais de toute façon, le patrimoine total des français, c’est 5 années de PIB. 10 fois les impôts, 5 fois la dette budgétaire un peu plus de 5 fois la dette des retraites de la fonction publique. Pour que sa fiscalité soit une solution, il faudra piquer sur 10 ou 20 ans de l’ordre de 3 cinquièmes de leur patrimoine aux français. Et encore, en laissant de coté, la part qui va à l’investissement dans les entreprises, sauf a couler le bateau. Une fiscalité excessive sur le patrimoine va très vite faire des dégâts collatéraux. Façon pêcheur de l’île de Ré. On aura la guerre civile avant dans un pays ou plus de 50% des gens sont propriétaires de leur logement, et notamment, et c’est une des évolutions sociologiques les plus marquantes des 30 dernières années, les catégories 1 et 2. Pas une solution de court moyen termes.
Madame Bettencourt, elle, pourra rejoindre en Suisse les actions Nestlé qu’elle a échangé en 81. …
Il va falloir taper sur certaines catégories, « moins riches ». Avec une richesse définie comme un revenu de 4000 euro par mois, il y a de quoi faire. Mais, politiquement il ne faut pas se tromper.
Comme toujours dans ce genre de cas, il faut taper sur les plus fragiles, les moins organisés, les moins revendicatifs et les moins fidèles en tenant compte des réalités de terrain. De plus en plus de dépenses sociales sont gérées par les collectivités dont les budgets explosent pendant que l’état est à la diète.
Il est donc urgent de faire passer le texte sur le vote des étrangers. Non pas pour des raisons d’intégration. Au bout de 5 ans, on est en général même pas encore sur que l’on fera sa vie dans le pays d’accueil. Mais parce qu’on a là une frange de clientèle ayant droit à l’aide sociale et qui n’est pas en mesure de renvoyer l’ascenseur par ses votes. Complètement dépendant, ce n’est pas quelque pourcent en plus et surtout en moins qui changeront grand-chose. D’après les calculs de l’INED, on parle de 1,5 millions d’électeurs potentiels ! De quoi « faire une élection ».Le PS a donc raison d’en faire un axe phare de ses réformes, même si les impétrants ne sont pas eux-mêmes demandeurs.
C’est d’autant plus urgent que comme toujours en cas de crise, c’est sur le budget des pauvres que l’on taillera en premier. Pas ceux de tout en bas, la catégorie 3, mais bien sur ceux qui sont limite le nez hors de l’eau. Les petits « blancs » de la catégorie 5 qui votent mal de toute façon et ont peu d’argent. Blancs entre guillemet, parce ce que la gauche ne sait pas, c’est que l’ascenseur social a joué aussi pour les migrants. Les générations précédentes ne sont plus aussi dépendantes. Les 6 qui votent très mal ont peut-être encore un peu de gras. Il est urgent de continuer à leur trouver un électorat de substitution.
Pas sûr que cela suffise.
Les 7 ? La gauche sait qui fait tourner la machine et elle y trouve aussi une partie de son électorat. Oui, ils paieront, et beaucoup. Ce ne sont pas de gros bataillons électoraux. Mais ils savent ne pas se laisser faire. On se souvient qu’en 83, la rigueur s’est faite sur le dos du pouvoir d’achat des fonctionnaires au moment où la gauche libéralisait le régime des stocks options. Et puis certains partent déjà.
Reste les autres catégories.
Les retraités. Oui ! Ils votent beaucoup mais mal. Difficile de distinguer les bons des mauvais. Mais c’est un tel facteur dans le déficit public qu’en tapant équitablement sur tout le monde, on devrait avoir en plus un élément de contrôle du déficit budgétaire. Et puis ils ne sont pas le genre à lancer des pavés. Bon pour les retraités ! Tous sera dans l’art de distinguer les très petites retraite des moyennes et grosses. Parmi les pistes annoncée, la suppression de la déduction de 10% de l’impôt sur le revenu qui « ne bénéficie qu’aux riches »…..
Les 2 Certes : et mécaniquement, le programme de Hollande les désigne comme les cibles privilégiées. Mais il faudra être prudent. Jospin a sauté non seulement parce que les pauvres ont payé les 35 heures par le chômage, mais aussi parce qu’il avait oublié que cette catégorie avait des enfants et que le plafonnement des déductions pour garde y a fait des ravage électoraux. Ce sont par construction des gens qui savent compter. D’un autre côté, ce ne sont pas les plus revendicatifs. Il suffit de ne pas les brusquer jusqu’aux législatives. Un ministre Modem potiche jusque-là voir après.
Au besoin, tous cela s’accompagnera de quelques mesures catégorielles. Par exemple pour les journalistes, utiles, auxquels on va restituer leurs avantages fiscaux pendant que le reste du pays se serrera la ceinture. Du classique.
Au moment ou je rédige cet article, vient à point nommé une confirmation de mes hypothèses. La France va mal, les pauvres sont pauvres et les riches ne se sentent pas très bien. Monsieur Hollande vient d'annoncer comme grande priorité, une de ses toutes premières mesures...... la remise sur le tapis des 600 millions d'euros accordés à la presse par Sarkozy, pour tenter de s'y faire enfin, et sans succés, de vrais amis. Elle sera "plus concentrée sur les titres qui apportent une "vraie information, un vrai service, aux citoyens". On ne doute pas qu'on oubliera pas la revendication phare en matière de justice sociale, dont une certaine Epouse Treiweiler est le porte parole officiel, redonner aux journalistes leur niches fiscales.
Les 4 ? Ce sont les plus organisés, les plus syndicalisés. Ceux qui descendent dans la rue dès que l’on veut toucher à quoi que ce soit les concernant. Ceux qui font la grève quand on veut supprimer un département fiscal qui gérait une taxe qui est supprimé et qui ont eu la peau de leur ministre pourtant de Gauche. Pas touche ! En très gros, la diminution des aides sociales à proprement parlé ne devra en aucun cas toucher aux émoluments de ceux qui l’administre. Moins d’argent pour les moyens pauvres, oui ! Pas pour ceux qui s’en occupent. La paix sociale est à ce prix. Cela doit être LA priorité absolue du gouvernement. Cette catégorie n’est séparée programatiquement du Fn que par la reconnaissance du ventre pour les ayants-droits qui les font vivre (les travailleurs étrangers dans une large mesure) et le fait qu’ils restent parfaitement à l’abri de la crise. Si ce second facteur devait changer, pas de doute qu’ils ne s’extrêmisent, voir qu’ils constatent ou sont les ouvriers, ou est le peuple. Le rapprochement entre ces deux front, le national et le socialiste a connu des précédent, et on n’est pas pressé d’y revenir.
Il en résulte donc :
- Il est urgent de donner le droit de vote aux bénéficiaires de l’aide sociale qui ne l’auraient pas encore
- Il faut taper sur les moyens du privé tous azimut en espérant que les réformes sociétales les calmeront pour la frange socialiste et centriste de gauche. Celles-ci revêtent donc aussi une urgence d’ordre fiscal, mais elles doivent être étalées dans le temps. Une à chaque hausse d’impôt. Ne pas être réalisées en vrac.
- Surtout, il faut viser la catégorie 1 qui a du gras, qui sera prête à faire des sacrifices pour l’idéal commun et qui est d’ores et déjà prête à accepter pour les deux premières années, l’idée qu’elle paye le bilan désastreux de la précédente gestion. C’est fondamentalement le cœur de cible de la ponction supplémentaire qu’implique le changement maintenant tels que définit dans le programme Hollande.
Le seul problème qui reste : jusqu’à présent, on s’en était tiré en diminuant les frais de fonctionnement et d’investissement. Des fonctionnaires de plus en plus nombreux travaillaient dans des équipements de plus en plus ruinés avec de moins en moins de moyens. Il y a des limites, et elles sont sans doute atteintes. Désormais, c’est le pouvoir d’achat de la catégorie 1 qui est sur la sellette. Comme on peut difficilement le baisser, le principal outil de financement du « changement devrait donc être une gestion « diététique » de l’évolution de leurs salaires.
- Mais il faut à tous prix satisfaire d’une façon ou d’une autre, en argent ou en symbole le FdG et surtout, surtout, ne pas l’inquiéter pour son avenir.
Bref, le changement, ce sera le retour à 83 mais avec les possibilités d’endettement en moins. D’autant qu’à l’époque, l’Etat avait fait largement emprunté par les grandes entreprises publiques pour cacher sa dette. Beaucoup ont été privatisées.
Avec cela, on tient 2 ans ? Après ? Là on entre dans l’inconnu politique. Tout est possible et dépendra surtout de la conjoncture internationale. Si l’économie mondiale repart, ou Hollande a réussi à mettre le couteau sous la gorge à Merkel, alors il finira peut-être son quinquennat en parvenant à ne rien toucher et à ne rien réformer de structurel. Bref, à sauver le modèle social français dont ses troupes sont les principales bénéficiaires en réduisant, un peu, leur pouvoir d’achat.
Des préoccupations de court terme ? Une certaine indifférence à ce que sera l’état du pays ? Oui ! Mais que peut-on attendre d’autre d’un parti qui en dix ans est passé par exemple, sur un sujet de fond, qui est la propriété et le contrôle des moyens de production de « il faut tout nationaliser » au Nini, on ne fait rien on ne touche à rien, jusqu’à la privatisation des cols bleus cégétistes du secteur public industriel pour financer les fins de mois des cadre A statutaire et autres agents des collectivités locales surnuméraires ?
Dans deux ans, il y a le renouvellement des municipalités, des conseillers territoriaux et des députés européens. Elles nourrissent plus de militants que le gouvernement. Après, on verra….Il devrait y avoir le million et demi d’électeurs supplémentaires pour faire la différence. Mais attention ! A ce stade, leur financement risque d’empiéter sur celui des troupes FdG….Sauf si on leur a vendu un plafonnement des aides en échange d’un "soutien très ferme à la cause palestinienne" qui est de plus en plus LA priorité internationale au sein des gauches. Et pour cause....
A long terme ?
La suite est prévisible. Sarkozy aura tenté de faire bouger ce système vers un peu moins d’injustice et d’immobilisme en douceur et progressivement dans la paix sociale. Son échec sous le poids des corporatismes débouchera sur une droitisation des payeurs susceptible de faire regretter la droite décomplexée. La prochaine alternance risque fort d’avoir des allures de règlement de compte genre vraie lutte des classe. On n’en sera plus à des non remplacement d’un sur deux mais à des commissions de la hache comme dans les années trente. Comme les classes moyennes lettrées à statut largement fonctionnarisées veulent bien se laisser trainer dans des réformes mais pas bousculer dans leur identité et leurs revenus, alors, toutes les crises envisageables deviendront possibles.
On fera à la française, en deux ans, en pleine crise et à grands frais, ce qu’on aurait pu faire à l’allemande en 10 ans calmement et à effort modéré.
Il y a une autre hypothèse : que Hollande et surtout ses équipes, soient aussi hypocrites et menteur que Blair ou Schröder.
Ses équipes parce qu’il n’est pas encore très évident qu’il soit capable d’imposer quoi que ce soit à son parti. Ses déclarations sur une présidence modeste qui ne décidera de rien ne sont pas rassurantes de ce point de vue.
Cependant, il est encore trop tôt pour exclure totalement cette variante optimiste.
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