Architecture, comment les banques massacrent Paris avec la bénédiction de la mairie
Si vous habitez dans une rue proche d’un bâtiment historique à Paris et voulez repeindre une fenêtre de votre appartement, il vous faudra prendre contact avec le service de la mairie concerné. Vous aurez sans doute affaire à un fonctionnaire zélé et exagérément minutieux qui vous demandera un tas de documents et la couleur du pantone.
Si vous êtes un petit commerçant et souhaitez réaménager votre vitrine, n’en parlons pas. On vous demandera des vues, des plans, des mises en situation 3D, et plusieurs mois seront nécessaires pour valider le dossier compliqué, sans compter bien sûr, l’indispensable recours à un architecte.
Il est beaucoup plus facile pour une banque d’abattre un lot d’immeubles du 18ème siècle que pour vous de repeindre votre fenêtre.
Le 22-24 rue des jeuneurs dans le deuxième arrondissement de Paris restera une des adresses notoire de ces massacres architecturaux qui s’opèrent avec la bénédiction des pouvoirs publics pourvu qu’une banque amène un projet avec beaucoup de fric.
Occupé jusque récemment par le département RH de la BNP, le bâtiment d’architecture dite « brutaliste » a été construit dans les années 70. Un blockauss de bêton disproportionné de 8000 mètres carrés qui a nécessité la démolition de plusieurs immeubles du 18ème siècle dans le cœur historique du Sentier.
Cinquante ans plus tard, ce Reichsparteitagsgelande est « réhabilité » comme les Halles le furent récemment à Paris où l’on vient de détruire le projet hideux des années 70 pour « refaire » du 2016 suivant une architecture « contemporaine » tout aussi hideuse et démodée que l’ignoble infrastructure qu’elle a remplacé.
A l’époque les égyptiens l’architecture visait l’éternité, à l’époque de Louis XIV on se projetait dans le prochain millénaire, à l’époque de la Banque Nationale de Paris on détruit et reconstruit tous les 50 ans.
Des « réhabilitations » et « mises aux normes » d’immeubles privés financées avec de l’argent public que les banques privés comme la BNP reçoivent par centaines de milliards de la Banque Centrale Européenne en échange de leurs actifs pourris après les crises financières épisodiques et systémiques (le fameux quantitative easing).
Ces travaux colossaux sont réalisés par des travailleurs détachés polonais ou par des personnes issues de l’immigration d’origine africaine. Nouveaux esclaves invités sur le sol français et naturalisés par notre classe politique immigrationiste aux ordres des banques.
Boulevard des Capucine sur toute la façade d'un d’immeuble, une affiche gigantesque avec le logo de la BNP exhibe fièrement un slogan qui rappelle la dystopie Orwellienne : « BNP rendons l’avenir durable ».
Pour réabiliter la monstruosité de béton qui écrase les petits immeubles coquets du 18ème siècle, il faudra d’abord enlever énormément de bêton armé, avant d’en remettre.
Deux ans de marteau piqueurs lourds montés sur pelles mécaniques hydrauliques.
« Ici c’est Raqqa, souligne un habitant du quartier. Il y a un concert permanent de marteaux piqueurs lourd et profonds, de marteau piqueur léger et de scies circulaires. Dans mon bureau il y a tellement de bruit malgré les doubles vitrages que je suis obligé de m’approcher à moins d’un mètre de mon assistante pour qu’elle m’entende. On cherche un endroit pour déménager mais on trouve rien. »
Ironie, la BNP et les grandes banques privés européennes ont utilisé les milliards d’euros liquides qui leur ont été distribués par la banque centrale européenne non pas pour faire des crédits aux entreprises comme elles l’avaient promis, mais pour acheter des immeubles entiers de bureaux dans Paris à des fins uniquement spéculatives.
De fait, l’immobilier de bureaux dont le prix a été multiplié par 2 en 10 ans sinon 3 est devenu inaccessible aux petites entreprises et aux jeunes entrepreneurs…
Impossible de trouver des nouveaux bureaux. Il faudra prendre sur soi et subir le marteau piqueur quelques mois encore. Des cachets de Xanax aideront ceux qui vivent et travaillent au cœur de cet enfer.
« Ce bruit permanent m’a rendu dépressif, raconte le riverain. Les jours ou ça s’arrête je me dis je vais bien aujourd’hui que se passe t-il ? Je réalise que c’est parce que les travaux se sont arrêtés et qu’il n’y a pas le bruit du marteau piqueur. »
A la mairie du deuxième arrondissement de Paris, personne n’est au courant de rien ; tout se passe dans des sphères beaucoup plus hautes auxquelles le commun des mortels n’a pas accès.
Et le pire dans cette histoire c’est que le riverain ne souffre pas pour la bonne cause. On aurait pu faire un espace vert, mais non… Les architectes n’aiment pas les espaces verts et les banques non plus même si elles mettent du vert dans leur logo.
La banque autrichienne Raiffeisen GmbH, nouvelle propriétaire de l’immeuble a en effet mandaté le cabinet Axel Schoenert, pour réaliser « la restructuration complète et la mise en accessibilité aux normes PMR de l’immeuble » peut-on lire sur le site du cabinet qui promet « des boites vitrées sortant de la façade », « un ilot végétalisé et calme au cœur de ce quartier animé ». Et souligne que « la façade existante composé d’éléments de bétons préfabriqués datant des années 1970, est démolie et sera reconstruite avec des matériaux contemporains, tels que le BFUP. Elle mettra en valeur le bâtiment en lui offrant un écrin moderne et respectueux de la forme originale afin de s’intégrer dans son environnement ».
Belles phrases de communicants dans une Novlangue parfaitement maîtrisée.
Mais, un simple coup d’oeil au projet permet de constater que cette protubérance gigantesque de bêton totalement disproportionnée ne pourra jamais s’intégrer dans son environnement quel que soit l’habillage qu’on veut bien y plaquer.
La réalité restera : un pavé ignoble de béton qui ne s’insère pas du tout dans son environnement d’immeubles charmants du 18ème siècle, mais massacre l’harmonie et la beauté d’un quartier historique de Paris, son calme et sa tranquillité.
L’histoire de ce bâtiment est emblématique du sort de la France.
Les égyptiens croyaient aux dieux et bâtissaient des tombeaux magnifiques. La France des 20 et 21ème siècle asservie par la finance n’a pas d’autre préoccupation que l’argent. Elle fabrique donc essentiellement de la laideur et des vanités. Et certain parmi nous n’y sont pas pour rien puisqu’ils ont élu pour Président un employé de banque de chez Rothschild, le petit Monsieur Macron.
Nicole Barbe
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