• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > De l’harmonisation sociale en Europe

De l’harmonisation sociale en Europe

Certains adversaires de gauche du Traité constitutionnel européen (TCE) l’ont refusé sous le prétexte que ce traité déclare l’UE incompétente dans le domaine social et fiscal. Or ils refuseraient que celle-ci remette en question le modèle social français, tout en maintenant l’exigence de cette compétence Il y a là une incohérence qui mérite réflexion.

Si cette harmonisation, en effet très souhaitable, était de la compétence de l’UE, cela ne ne pourrait être qu’une promesse vague de sa part et sans engagement quant au délai. Pourquoi ? Pour la raison que la vieille Europe serait forcée d’accepter d’augmenter fortement les impôts des différents Etats et/ou du budget européen alimenté par eux, pour financer le développement des nouveaux entrants ; les déficits publics sont, en effet, tels qu’ils ne pourraient le faire autrement, d’autant plus que la compétitivité de nos économies suppose un effort gigantesque dans le domaine de la recherche et de l’enseignement (en particulier enseignement supérieur dans lequel la France est lanterne rouge en Europe). Au passage il faudrait rapidement aussi revoir à la baisse le financement de la PAC ; et je vois mal la France aller très vite dans cette direction (À ce propos : Blair a raison contre la position française !)

Donc la seule chance de voir un développement rapide des nouveaux entrants, condition de cette harmonisation ultérieure tant souhaitée, est de jouer pour le moment sur le bas coût comparatif chez eux de la force de travail et de la fiscalité, à l’exemple de l’Irlande, il y a dix ans. Faut-il pour autant croire que cette harmonisation est renvoyée aux calendes grecques ?

À mon sens non, les populations des nouveaux entrants vont tout faire pour voir leurs salaires augmentés et exiger le développement de services publics gratuits, donc la question de la fiscalité sera chez eux au centre des débats politiques. Pour l’instant, cette revendication opère sur un mode nationaliste, qui, nous le savons, est incapable d’y répondre.

Donc l’harmonisation se fera par en bas et non par en haut ; ne pas y croire c’est ne pas comprendre que les populations des nouveaux Européens partagent les mêmes revendications sociales et sont tout aussi capables de les imposer que chez nous.

Or, c’est précisément ne pas être de gauche que de croire que le progrès social peut s’opérer sans combat social : les "gauchistes" qui veulent que le progrès social soit garanti a priori par un texte juridique et un super Etat européen font par là la preuve qu’ils n’ont aucune confiance dans les luttes politiques et sociales et/ou qu’ils croient que les populations de ces pays accepteraient de rester éternellement victimes de la situation inégale qui est la leur aujourd’hui ; ce qui est une position de droite, rigoureusement méprisante et donc politiquement méprisable de la population de ces pays, assimilée à une populace passive, corvéable et exploitable à merci. Cette prétendue gauche de la gauche fait tous les jours la preuve qu’elle ne pense jamais la politique dans la dimension de l’histoire sociale et progressiste ! Elle est socialiste d’Etat à la manière d’un Lasalle, par le haut, conception déjà vertement critiquée par Marx comme droitière ; en cela, elle est à la fois antilibérale et antimarxiste ou pour tout dire sociale-(super)étatiste (européenne)...

Reste à savoir pourquoi elle semble l’être pour les autres et pas pour la France ; à mon avis, c’est clair : c’est pour préserver les avantages acquis en France en exigeant qu’ils soient imposés à ceux qui ne remplissent pas les mêmes conditions économiques. Ce qui est, soit aberrant, soit un calcul pervers, dans le secret espoir de voir leur développement compromis.


Moyenne des avis sur cet article :  2.41/5   (34 votes)




Réagissez à l'article

14 réactions à cet article    


  • Marsupilami (---.---.50.56) 27 juin 2006 11:45

    Ouaf !

    Ce (bon) article est en fait une compilation de commentaires remixés. Je constate avec plaisir que le fumeux concept de « social-nationalisme » a disparu. Il a été remplacé par le concept de « social-étatisme »... Bizarre, vous avez dit bizarre ?

    Houba houba !


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 juin 2006 17:10

      Selon moi la différence entre les deux n’est que superficielle et rhétorique : le social- nationalisme prétend que la justice sociale dépend d’une économie nationale qui a disparue et qui ne peut être ressuscitée que grace à l’état-nation, peu ou prou patron des banques et des grandes industries (nationalisation) et une mise à l’écart de la concurrence au profit de prix imposés et d’une distribution administrée bureaucratiquement. Ceux qui refusent la social-étatisme , mais militent pour le social-nationalisme ou l’inverse, sont tous simplement incohérents : Ils veulent la fin sans le moyen.


    • Adolphos (---.---.59.170) 27 juin 2006 12:23

      "À mon sens non, les populations des nouveaux entrants vont tout faire pour voir leurs salaires augmentés et exiger le développement de services publics gratuits, donc la question de la fiscalité sera chez eux au centre des débats politiques. Pour l’instant, cette revendication opère sur un mode nationaliste, qui, nous le savons, est incapable d’y répondre.

      Donc l’harmonisation se fera par en bas et non par en haut ; ne pas y croire c’est ne pas comprendre que les populations des nouveaux Européens partagent les mêmes revendications sociales et sont tout aussi capables de les imposer que chez nous."

      Mon cher, vous rêver debout.

      « Si cette harmonisation, en effet très souhaitable, »

      Non, ce n’est pas souhaitable dsu tout. L’interet de l’Europe, c’est justement de mettre en concurence les systéme sociaux, pour qu’ils deviennent performant et s’améliore. A terme, chacun pourrat choisir le systéme social du pays européen qu’il veut.


      • Hikaru (---.---.194.249) 27 juin 2006 13:09

        M. Reboul,

        Le projet de TCE imposait le modèle social anglo-saxon comme constitution. Vous regrettez qu’on remette en cause ce modèle social en votant « non » en même temps que vous invitez à remettre en cause notre propre modèle social. Il y a là une incohérence qui mérite réflexion.

        Je preçois votre point de vue, au fond, comme celui-ci : le seul compromis possible aujourd’hui est de renoncer à notre modèle social mixte libéral-interventionniste, et d’adopter inconditionnellement le modèle purement libéral anglo-saxon. Comme c’est le seul compromis possible aujourd’hui, il faut l’accepter, même si cela n’a de compromis que le nom.

        Une autre possibilité est d’attendre que les nouveaux entrants de l’est soient tirés vers le haut par l’Europe (ça va être plus long et difficile que pour l’Espagne ou l’Irlande vu que cette fois il n’est pas question de financer leur développement économique, et ceci est indépendant de l’adoption du TCE) et que leur crise de libéralisme primaire en réaction à leur passé communiste se calme un peu, puis de discuter alors d’un vrai compromis, et non d’un compromis à un seul sens. Dans cette optique adopter le TCE serait une erreur historique. Cela aurait comme effet de figer pour l’éternité ou presque une situation passagère.


        • (---.---.59.170) 27 juin 2006 18:21

          TC ou pas, le libéralisme vous allez l’avoir, parce qu’on ne va continuer encore bien longtemps comme ca à dépenser 20% de plus que ce qu’on gagne, tout en ayany les impôts parmit les plus éleveés du monde..


        • Hikaru (---.---.194.249) 27 juin 2006 18:51

          Oh c’est mignon, encore un qui a appris l’économie sur TF1.

          Il fût un temps où les slogans débiles et dogmes rigides étaient l’apanage des communistes. Maintenant c’est les idéologues totalitaires de l’autre bord. Au moins, les communistes, aussi aveugles qu’ils aient pu être, avaient un idéal plutôt sympathique, donner à manger à tout le monde, la solidarité, le partage etc.

          Vous non, votre idéal c’est compter les sous. Sans même apprendre à compter d’ailleurs, et encore moins vous interroger sur la nature de ce que vous comptez.

          Hélas pour vous, vous avez un train de retard, regardez un peu autour de vous, la dictature des Chicago boys s’effrite, plus personne n’écoute le FMI.


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 juin 2006 11:39

          Parler des luttes sociales qui seules font avancer les droits des salariés, c’est totalitaire ? Faire confiance aux salariés des pays nouveaux entrants, c’est totalitaire ? Renforcer la coopération syndicale européenne, c’est totalitaire ?

          Votre interprétation de mon texte, elle, n’est pas précisément démocratique. Elle n’hésite à faire usage du contre-sens pour l’accuser du pire sans preuve. Vous semblez faire un usage assez totalitaire du terme de totalitarisme !


        • Hikaru (---.---.194.249) 28 juin 2006 14:21

          M.Reboul,

          Que vous parliez de contre-sens et d’accuser du pire est assez ironique vu le procédé que vous utilisez ici, j’espère involontairement.

          Ma réponse à votre texte n’a pas employé le mot « totalitaire ». Ce mot se trouve dans mon commentaire immédiatement précédent, qui répondait uniquement au slogan idiot et anonyme que vous pouvez lire juste dessus, et non à votre article.

          Alors dans cette histoire, qui pratique le contresens et accuse l’autre du pire exactement ?

          Par ailleurs, tous vos arguments sur la confiance en les luttes sociales futures sont tout à fait intéressants à un détail près : espérer en les luttes future n’interdit pas de combattre les présentes, par exemple en refusant d’adopter un traité neo-libéral comme constitution du continent. Les mouvements sociaux, syndicats et autre lutteront d’autant mieux qu’ils lutteront contre les traités mis au point entre bureaucrates et financiers existants plutôt que contre une constitution européenne disant la même chose à quelques détails négligeables près, mais elle plébiscitée par le peuple.

          Réfléchissez cinq minutes. Si un jour les mouvements sociaux décident de manifester contre l’austérité monétaire qui écrase notre économie, que vaut-il mieux qu’ils s’entendent répondre par les banquiers ? « l’austérité monétaire est inscrite dans la Constitution que vous avez plébiscitée » ou « l’austérité monétaire est inscrite dans les traités qu’on a arrangés avec nos copains bureaucrates de Bruxelles » ?


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 juin 2006 16:53

          Votre analyse est factuellement inexacte sur trois points :

          - le texte du TCE n’ pas été élaboré par des financiers et des politiciens en chambre fermée, mais par une convention qui associait tous les partenaires sociaux et les représentants des partis politiques européens représentés au parlement européen et élus démocratiquement.

          - Le texte du TCE n’est pas du tout ultra-libéral en cela qu’ils reconnaît des droits sociaux pour lesquels la France s’est battue avec succès.

          - La majorité dont vous parlez est composée de l’extême droite et de l’extrême gauche, d’adversaires de l’intégration sociale de l’Europe et de partisans de plus d’intégration encore. Donc votre majorité ne fait pas une majorité politique mais au moins deux, voire 5 ou 6 minorités plus ou moins inconciliables au vue du nombres de candidatures de la « gauche de la gauche ». Pour le monment le vote non au TCE est un vote oui au traité de Nice, ce qui fait tout à fait l’affaire des ultra-libéraux que vous avez pensé voir reculer par votre vote.

          Une analyse fausse ne peut mener qu’à l’échec, et on a aujourd’hui la certitude factuelle de cet (votre) échec : l’Europe sociale est affaiblie, la gauche de la gauche volatilisée, l’Europe en panne pour au moins deux ans, ce qui fait tout à fait l’affaire de ses adversaires nationalistes d’extrême droite ainsi que des multunationales et de la poltique du Bush.

          Une échec n’est pas une faute, mais c’est la persistance dans l’erreur pour préserver des convictions idéologiques sans fondement factuel qui en est une.


        • Hikaru (---.---.194.249) 28 juin 2006 17:07

          J’arrête là de discuter, c’est vain.


        • Forest Ent Forest Ent 29 juin 2006 02:05

          Je pense qu’effectivement M. Reboul va consacrer encore une dizaine d’articles à nous démontrer qu’il n’a pas compris ce qui s’est passé l’an dernier.

          « Un échec n’est pas une faute, mais c’est la persistance dans l’erreur pour préserver des convictions idéologiques sans fondement factuel qui en est une. »


        • Adolphos (---.---.59.170) 29 juin 2006 03:28

          « Une échec n’est pas une faute, mais c’est la persistance dans l’erreur pour préserver des convictions idéologiques sans fondement factuel qui en est une. »

          Mais, que peut être la gauche, sinon de l’idéologie, du rêve, une utopie ? Vous demandez à des croyant de d’abandonner leur religion pour adopter la Rationnalité, c’est à dire le libéralisme -inévitalble, de toute façon.


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 29 juin 2006 08:36

          J’ai très compris et tout le monde a pu faire la même constatation : la majorité des non(s) a gagné grace à une alliance de fait entre les voies d’extrême gauche et des souverainistes (droitre plus ou moins extrême). Libre à vous de croire qu’ils sont d’accord sur la suite à donner à cette alliance. Mais il est permis de douter qu’elle aille plus loin que ce refus conjoncturel et sans raison commune possible. Plus grave encore pour les non(s) de gauche qui refuse cette alliance dans la durée : ils ne sont pas d’accord entre eux sur la suite à donner au non de gauche. Preuve s’il en est de leur toitale impuissance vis-à-vis de la poursuite de la construction européenne de laquelle ils se sont mis hors jeu...

          Vous verrez : le TCE reviendra sous une forme ou une autre, par voie référendaire ou parlementaire, et ceux qui veulent se mettre la tête dans le sable pour ne pas voir que, pour la majorité de nos partenaires et du parlement européen, avec ou sans la France, il n’est pas mort et n’arrête pas de bouger (cf le rapports de la commission parlementaire française sur le question), en seront pour leurs frais ; je prends date....On verra bien qui a compris et qui n’a pas compris la leçon du référendum dont le résultat, jusqu’à preuve du contraire, est précisément intenable pour la France


        • Forest Ent Forest Ent 29 juin 2006 12:32

          Le « non » l’a emporté parce qu’il était très majoritaire dans l’électorat naturel du PS. Le PS n’a pas passé le premier tour en 2002 parce que son électorat naturel n’a pas voté pour lui. Les électeurs potentiels du PS ont voté « non » parce que ce traité était une compilation de politiques qu’ils rejettent. Il est possible que ces politiques soient acceptées dans d’autres pays, mais c’est tout sauf certain, vue l’opacité de la cuisine bruxelloise. Bien évidemment, on nous reproposera ce traité et il sera à nouveau rejeté.

          Il serait quand même temps que le PS se demande qui il représente. L’UE lui a servi de prétexte facile pendant 20 ans pour éviter d’avoir à penser une politique. Tout allait s’arranger miraculeusement. Et puis la bulle de savon a crevé. Pendant 20 ans, il avait juste favorisé la diffusion du libéralisme.

          A force d’entendre que refuser le libéralisme allait freiner et endommager l’Europe, j’en suis arrivé à la conclusion que l’on se porterait mieux sans l’UE. C’est vous qui m’avez rendu souverainiste, M. Reboul.

          C’était mignon, ce discours du PS : construisons l’Europe et tout s’arrangera. Pendant ce temps, il aurait mieux valu surveiller ce qu’elle était en train de devenir. A coups de directives énergie, transport, OGM, EUCD, ... c’est devenu un monstre ubuesque. Et semble t il non réformable.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès