Gilets Jaunes : quand les représentants de syndicats de police lâchent la proie pour l’ombre
Représentation syndicale de police par-ci et leurs secrétaires généraux par-là, nouveaux piliers des plateaux de télé, BFM-TV en particulier, depuis les premiers jours du mouvement Les Gilets Jaunes (LGJ), représentants si prompts à soutenir et à saluer la réponse exclusivement sécuritaire (1) de l'Elysée, ces syndicalistes ne se tromperaient-il pas d'adversaire ?
Pareillement, en soutenant la non-résolution politique de ce conflit social lorsqu'ils soutiennent les dernières mesures prises par le gouvernement Philippe à propos des violences, tout en prenant soin de ne jamais rappeler que toutes les manifestations depuis 20 ans sont un prétexte au pillage et à la destruction !
Et puis encore : en niant la nécessité, ou bien en l'ignorant, de rappeler aux locataires de l'Elysée et de Matignon ( et accessoirement à leur ministre de tutelle) les yeux rivés sur les sondages, attendant patiemment que la popularité du mouvement des Gilets Jaunes passe sous la barre des 50%, que seule une issue politique est à envisager dans un Etat qui, s'il a le monopole de la violence, a surtout le devoir de créer un climat propice à la paix civile, ces syndicalistes ne se fourvoierait-il pas , et ce faisant, ne seraient-ils pas en train de desservir la cause des policiers présents ( eux !) sur le terrain tout au long de l'année, Gilets Jaunes ou pas ?
Et puis aussi et puis surtout : en dénonçant le mépris, voire la haine, du peuple à l'endroit des policiers, les Gilets jaunes en particulier, à longueur d’émissions télé aussi vaines qu’indigentes, ne seraient-ils pas tous ces représentants de syndicats de policier, tout simplement en train de lâcher la proie pour l'ombre tout en se montrant en-dessous, très en-dessous de leur tâche ?
Car enfin... est-ce ces mêmes représentants qui auraient négocié :
- Des salaires insultants et indignes ?
- Des millions d’heures de travail (en cumul) non rémunérées ?
- Des rats et des punaises dans les commissariats ?
- Le fait que les policiers doivent acheter leurs vêtements de protection avec leur propre argent ?
- Un président qui fait campagne sur une politique sécuritaire au karcher sous les applaudissements nourris des représentants des forces de l’ordre et qui supprime 10 000 emplois de policiers en 5 ans ?
- Le flic contraint de se suicider parce que sa hiérarchie ne le soutient pas dans sa dénonciation des conditions d'exercice de son travail : Maggy Biskupski , abandonnée de tous ?
Est-ce alors ces mêmes représentants qui auraient négocié ce mépris-là ? Car c’est bien de mépris qu’il s’agit.
Aussi, n'est-il pas temps que tous ces représentants comprennent que le mépris, ce n’est certainement pas dans le Peuple qu’il faut aller le chercher et moins encore chez les Gilets jaunes, nouveaux bouc-émissaires d’une parole syndicale intellectuellement lacunaire, au courage parcimonieux... non ! Mille fois non ! Le mépris, ce mépris, c’est auprès de l’Elysée, de Matignon et de l’Assemblée nationale - auprès de l’exécutif et du législatif - qu’il faut se décider à le dénoncer…
- Le mépris dans les salaires indignes…
- Le mépris dans le non-paiement de millions d’heures de travail non rémunérées…
- Le mépris dans ces commissariats infestés de rats et de punaises…
- Le mépris dans le fait que les policiers doivent acheter leurs vêtements de protection avec leur propre argent…
- Le mépris d’un « président » qui fait campagne sur une politique sécuritaire au karcher et qui supprime 10 000 emplois de policiers en 5 ans…
- Le mépris à l’endroit du policier contraint de se suicider parce que sa hiérarchie ne le soutient pas dans sa dénonciation des conditions d'exercice de son travail : Maggy Biskupski abandonnée de tous ?
Oui ! Le mépris de l’Etat…
Ce mépris de l’Etat pour les policiers donne une caractère d'autant plus abject aux discours lénifiants de tartuffes tenus par les locataires de l'Elysée, de Matignon et de Ministère de l'intérieur - qui ne font que "passer" ; un jour ici, un autre ailleurs ! - que tous leurs hommages semblent recueillir auprès des représentants syndicaux un écho favorable sur les dos de milliers de policiers sacrifiés au quotidien au nom de l'intérêt supérieur de leurs carrières à tous ; pour preuve... le fait que les "appelés syndicaux" des plateaux télé de ces dernières semaines qui n'ont de "policier" que le titre, semblent remplir à merveille auprès de cette caste cynique aux ambitions jamais assouvies, le rôle qui leur est confié dans un "Je te tiens, tu me tiens par la barbichette.." à ciel ouvert.
Ce mépris de l'Etat pour les policiers, leurs policiers et puis aussi, un peu... nos policiers,, avec la complicité de législateurs qui n’oublient jamais de s’octroyer des augmentations de salaires conséquentes, on le retrouve pour les métiers de santé et leur personnel non-cadre, pour les juges ( budget de la justice inférieur à ceux tous les pays européens), pour les enseignants (rémunérés 30% en dessous de la moyenne européenne), pour les matons,les pompiers... car tous sont méprisés par un Etat placé sous la domination d’agents d’une rationalité économique du mépris… encore le mépris ! pour des professions sans plus-value en monnaie sonnante et trébuchante aux yeux des actionnaires du CAC 40 et de leurs protecteurs – contraints ou non - qui ont élu domicile à l’Elysée depuis 30 ans ; tous ces métiers, tout ce personnel qui se comptent en millions vécus comme une charge, un fardeau, sorte de masse informe sans visage et sans identité, poids mort nécessaire mais méprisable parce que… sans profit aux yeux de ceux qui sont chargés de faire la guerre à tout ce qui « coûte », à tout ce qui n’enrichit aucun portefeuille d’actionnaires ( et leurs gestionnaires) voraces, d’une avarice et d’une vénalité pathologiques, véritables sociopathes du « Plus, toujours plus, et plus encore ! Moins, toujours moins pour tous autres ! »
Il est bien là le mépris et nulle part ailleurs !
Aussi, il serait temps que les syndicats de policiers cessent de prendre l’ombre d’un mépris chez le peuple à leur égard pour mieux abandonner « leurs responsabilités syndicales » face à un Etat champion toute catégorie du mépris et ne jamais assumer cette réalité pour ne pas avoir à en tirer des conclusions aussi inconfortables qu’intimidantes, car si le courage est sans doute la première des qualités humaines, elle est aussi la moins répandue. Assurément.
1 - L'option sécuritaire (vindicative et stigmatisante au passage) à défaut d'une option de résolution de la crise par le politique, semble destinée autant à flatter qu'à rassurer les classes supérieures actives et retraitées qui composent la base électorale du locataire de l'Elysée ; car la peur de cette couche de la société n’est pas nouvelle ; cette peur est vieille de mille ans ; c’est la peur de la Bourgeoisie ( en tant que catégorie et classe politiques et économiques) quand "en bas" ça bouge et que ça n'en finit pas de bouger ; il s’agit d’une peur propre à ceux qui voient leur confort moral (« Je suis un type bien finalement ! ») et leur confort matériel et physique (« Ce mouvement, qu’est-ce que ça va me coûter, qu’est-ce qu’ils vont me prendre, qu’est-ce que je vais y perdre ? ») menacés ; car tout au fond de lui, le Bourgeois (petit ou grand) dont le statut repose sur la spoliation du plus grand nombre, sait qu'il est un salaud et qu'il se comportera comme tel le moment venu : il suffit de se reporter aux propos tenus par Luc Ferrari qui recommande que la police "tire dans le tas".
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Pour prolonger, cliquez : Les Gilets jaunes - le dossier
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