Le commandant de Gaule entre les chaussures Pillot et les robes du Bon Marché… (3)
Avec Jean-Paul Thomas, nous en étions arrivés à cette liste nominative des articles publiés par l’équipe Pironneau-De Gaulle entre 1932 et 1937… Cela se passait à la page 114 d’un livre qui en compte 315.
S’agissant de la masse la plus importante d’inédits du grand homme, nous pouvions avoir la tentation de croire que les deux cents pages suivantes allaient être parsemées de très larges extraits. À bien y regarder, c’est tout le contraire. Nous ne voyons que quelques mots, glanés ici ou là… Mais rien que des bribes… tellement réduites que c’est à n’y pas croire !
Dans tout ce qui ne nous est pas dit, y aurait-il quelque chose de suprêmement désagréable pour la renommée de notre grand homme ?
Ne perdons pas courage, et laissons-nous porter par les indications que nous fournit Jean-Paul Thomas, l’un des auteurs de Charles de Gaulle et l’irruption hitlérienne :
« Nous avons évoqué plus haut la publication dès mars 1932 dans L’Écho de Paris d’une conférence de de Gaulle, intégrée peu après dans Le fil de l’épée. » (page 58)
Je livre une reproduction de cette page 8 (la dernière de ce grand quotidien nationaliste). Entre deux publicités (chaussures Pillot et robes du Bon Marché), chacune d’elles occupant l’espace de deux colonnes, voici, sur trois colonnes un texte (Du prestige) qui émane (curieusement) d’un certain commandant de Gaule… Rassurons-nous, c’est bien notre homme… Petit mystère cependant : dans cette page-là, aucune trace d’un quelconque Pironneau… L’article s’y promène un peu tout seul… avec un de Gaule qui a perdu une de ses ailes dans la bataille.
Pour les amateurs de lecture (et d’émotions fortes), je donne le lien afférent. C’est chez Gallica : un royaume pour les chercheurs, dont je crois bien être l’un des plus assidus depuis une quinzaine d’années, pour le moins. Et j’y prends des notes : on ne tardera pas à le constater…
https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k814399d/f8.item.zoom#
Revenons au propos de Jean-Paul Thomas, qui y est allé voir lui-même pour en retenir ceci…
« Le choix du texte par Pironneau (ou par l’auteur même ?) était-il innocent ? Il défendait les valeurs militaires immuables comme môle de sûreté pour la nation ; en les équilibrant par deux nuances fondamentales : que les peuples détestent la guerre et qu’ils en aient des « remords » est « salutaire » ; mais que « l’ordre international que notre époque essaie de créer » ne peut se « concevoir sans une force militaire pour l’établir et l’assister ». On peut juger qu’elle préfigurait sa force de manœuvre mécanique de 1933. » (page 58)
Voilà à peu près tout ce qu’il serait possible de tirer de cet article qui couvre trois colonnes très longues et qui bénéficie d’une présentation (anonyme) qui essaie manifestement de nous « vendre » une future gloire de l’armée française…
Reprenons la page que nous offre Gallica, grossissons les caractères autant que possible, et prenons la place des historiens qui n’ont pas fait leur travail, avant même que ne survienne Internet… en se rendant dans les salles spécialisées de nos belles bibliothèques, dont la Nationale, tout spécialement…
Nous voici revenus en 1932, et plus précisément à la dernière page du numéro de L’Écho de Paris du 31 mars 1932… De Gaulle est dans sa quarante-deuxième année…
Sans doute faut-il attribuer le long texte d’introduction imprimé en caractères italiques à André Pironneau puisque, plus tard, il s’attribuera la paternité de la publication de l’ensemble du document que nous allons maintenant étudier d’un peu plus près… Il porte ce titre : « Du prestige par le commandant de Gaule ».
De la présentation de l’auteur, nous pouvons tout d’abord retenir ceci :
« On a dit avec raison que l’armée française possédait une pléiade de « chefs » dont les talents consacrés par la victoire, la vigueur intellectuelle et physique n’avaient pas leur équivalent au-delà de nos frontières. Mais ces chefs, un jour, disparaîtront des cadres actifs.
Ne soyons pas inquiets sur la qualité de leurs remplaçants futurs. Une génération de « jeunes » pointe en effet, dont la valeur professionnelle, l’intelligence, la curiosité d’esprit, le caractère, conserveront à notre Haut-Commandement l’éclat indispensable.
Parmi ces « jeunes » il en est un, le commandant de Gaule, auquel sa forte personnalité réserve une place ce choix au premier rang. Une guerre magnifiquement faite, un après-guerre partagé entre ses devoirs d’officier et l’examen des grandes questions militaires, politiques et sociales, son passage par l’École de Guerre où il fut particulièrement remarqué, un temps de commandement utilement rempli en Syrie, son affectation présente au secrétariat général de la Défense nationale, tel est le curriculum vitae du commandant de Gaule. »
Les deux séjours (avril 1919 - mai 1920, juin 1920 - fin janvier 1921) en Pologne (avec la double tentative de s’y faire mercenaire), n’ont pas eu l’honneur d’être pris en compte… Mais autre chose doit immédiatement arrêter notre attention : la présence – dès 1931 et grâce à la recommandation du maréchal Pétain – du scribe De Gaulle dans le secrétariat général du Conseil supérieur de la Défense nationale (s’il faut en donner la désignation exacte). Il y stagnerait jusqu’en 1937, moment où, enfin, il pourrait rejoindre un… commandement… pour apprendre, tout de même, à se calmer un peu…
Mais, revenons-y : qu’était-ce donc que ce… Conseil supérieur de la Défense nationale ?... Et que pouvait en tirer une plume prête à tout pour se faire valoir ?
Michel J. Cuny
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