Le péril vert
Le péril vert.
Seulement 41, 6 % de taux de participation en ce 28 juin 2020, deuxième tour pour le moins singulier des élections municipales françaises. Jamais une élection n’a « produit » autant d’abstentionnistes. Et l’on pourrait aller jusqu’à s’interroger sur la légitimité des élus alors que 6 français sur 10 ont passé leur chemin plutôt que d’accomplir leur devoir électoral. Devrais-je écrire leur devoir démocratique ? Les électeurs français, fatigués des crises irrésolues - gilets jaunes, réforme des retraites et maintenant crise sanitaire - qui s’amoncellent depuis deux ans et fracturent la nation n’ont-ils pas fait du « dégagisme par le vide » ? Vide comblé par ces électeurs très urbains. En attendant de trouver une solution à la légitimité démocratique des élus de dimanche dernier, ceux sont donc les verts d’EELV qui ont ramassé la mise. Ils l’emportent pour la première fois dans de grandes métropoles régionales : Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Montpellier mais aussi à Besançon ou à Poitiers. Ils sont réélus assez confortablement à Grenoble et à Paris où la coalition couleur rose et pastèque d’Anne HIDALGO a fait des merveilles.
Et maintenant, que vont-ils faire de leurs victoires ?
Promettre à ces français la campagne à la ville. Diffuser et étendre encore plus l’alimentation biologique sans pesticides pour tous. Développer les « mobilités douces » pour paraphraser la novlangue d’Anne HIDALGO (pour ma part, je ne connais rien de plus doux que la marche à pied mais mon boulanger est à 7 km de mon domicile !). Intensifier l’implacable chasse au CO2 en interdisant quasiment la circulation automobile dans le centre des villes. Pour mémoire, fini les voitures diesel à Paris en 2024. Autrement dit, demain. Couvrir la France entière de champs d’éoliennes car en 2012, ce benêt de François HOLLANDE a échangé la promesse de diminution de la part de l’électricité nucléaire de 75 à 50 % contre les bulletins de vote des écolos et le soutien politique d’EELV. Où est passé le souci de l’intérêt général du pays dans ce deal de pieds nickelés ? Pérenniser le matraquage idéologique journalier sur le sujet du réchauffement climatique et de ses conséquences apocalyptiques. Continuer d’asséner aux français les vérités - et surtout les mensonges et les raccourcis - des gourous de la religion écologique comme Nicolas HULOT ou le désormais célèbre Cyril DION, cinéaste militant écologique et l’un des trois garants chargés d’assurer l’indépendance des travaux de la Convention Citoyenne sur le Climat (CCC). Personne n’est parfait me répondrez-vous.
D’ailleurs, notre opportuniste premier de cordée à la pensée si complexe n’a pas manqué de se repeindre aussitôt en vert clair pour le moment, mais soyez certains que la couleur va foncer au fur et à mesure que l’on s’approchera des présidentielles de 2 022. Dès le lendemain de ces élections municipales, il prend à son compte la presque totalité des mesures votées par cette convention citoyenne. Mais, pour ce qui est d’interroger démocratiquement les français ou même la représentation parlementaire sur tous ces sujets, circulez, il n’y a ni rien à voir, ni rien à faire.
En France, l’écologie politique penche historiquement à gauche. Et, naturellement, les nouveaux maîtres ont le cœur à gauche. Nos élus écolo-idéologues, lestés de leurs hétéroclites partenaires de coalition électorale – LFI, PC, socialistes et autres supplétifs intrigants tels les islamistes, les indigénistes ou les racialistes, etc…vont pourtant devoir affronter le cataclysme social et économique qui se profile d’ici la fin de l’année en France. Et, comme si les français n’avaient pas encore assez eu peur depuis trois mois, l’air ambiant est à la décroissance qui seule, nous sauverait, renforcée par les thèses colportées par les nombreux apôtres de la fin du monde.
Alors, décarboner l’économie donnera-t-il du boulot aux français ? Affronter une diminution du PIB national en 2020 de l’ordre de 10% ne va-t-il pas appauvrir des milliers de nos concitoyens ?
En réalité, ces quelques succès électoraux en trompe l’œil d’une dizaine de grandes villes ne reflètent pas les préoccupations profondes des français des autres territoires même s’il va de soi que la préservation de la nature et la protection de l’environnement sont louables. Comment d’ailleurs ne pas y adhérer ?
Mais, garder son boulot quand on en a un. Trouver un logement. Faire que la fin du mois arrive vraiment le 30 et non le 15 ou le 20. Telles sont, me semble-t-il les priorités des français.
À peine élu à Bordeaux, Pierre HURMIC inquiète déjà en résumant ses intentions : "Je ne veux pas interdire la voiture, même si à terme, je pense qu’on ira vers une interdiction". Au nom du principe de précaution, la nouvelle élue de Besançon, Anne BIGNOT, vient de souligner qu’elle avait l’intention de remettre en cause le déploiement de la 5G dans sa ville.
Les écolo-idéologues refusent l’idée que la chimie vienne transformer les animaux d’élevage ou les plantes céréalières pour alimenter le monde tandis qu’ils se font les promoteurs de toutes les techniques et manipulations génétiques pour permettre la procréation d’enfants. Quel curieux paradoxe.
Autre exemple. L’industrie nucléaire a permis à notre pays de conquérir son indépendance en production d’électricité avec une très faible empreinte carbone. Cet atout est balayé par nos écolo-idéologues, opposés par principe à l’énergie nucléaire tout en étant très favorable à la limitation des émissions de CO2. Incompréhensible position de principe pour le commun des mortels.
Je redoute que les faux-nez portés par nos écolo-idéologues ne viennent en réalité tromper les français, parmi lesquels les électeurs qui se sont laissés séduire cette fois-ci.
Attention au retour de bâton.
Bertrand RENAULT – 3 JUILLET 2020
40 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON