Lettre à M. Obama et aux dirigeants du G20
Monsieur le Président Obama, Mesdames, Messieurs les chefs de gouvernements du G20, je vous invite à lire le propos d’un citoyen du monde, un anonyme, qui regarde avec fatalité le triste sort des sociétés minées par une crise plus sociale qu’économique. Ce monde, c’est vous qui l’avez façonné, avec ses excès, ses folies destructrices, ce gigantisme financier. Ce monde, vous l’avez dynamisé, vous avez créé les conditions de la croissance mais en arrière-fond, vous l’avez offert également aux prédateurs, aux affairistes, aux gestionnaires et autres managers vénaux. Et maintenant, le bilan et les décomptes ne sont pas bons et la société doit s’amputer d’une partie de ses membres, par la faute de ce système financier vicié que vous avez soutenu.
La vérité est si simple, malgré toutes les analyses de spécialistes laissant croire que le monde nous échappe. Si la crise est présente, c’est que la monnaie disponible pour l’économie réelle a été siphonnée par un capitalisme impérial adossé aux multinationales et aux banques d’affaires. Vos conseillers économistes ne savent plus que faire. Protectionnisme, relance, réformettes sur les paradis fiscaux pour satisfaire la colère publique. Et ce vieux Keynes que vous ressortez, tel un mythe à dépoussiérer, un Keynes qui n’a rien à faire dans cette crise de 2009 qui ne se résoudra pas comme en 1929. Il se peut bien que vos conseillers économistes soient des incapables pour la plupart. Si tel est le cas, veuillez prendre en considération ma proposition pour réformer le système radicalement.
Le principe est simple et connu. C’est la planche à billet. Rappelez-vous M. Obama de votre prédécesseur Lincoln. Vous savez mieux que moi comment il décida de faire fonctionner la planche pour financer son juste combat et refuser d’être soumis au diktat des banquiers avec leurs taux d’intérêts exorbitants. En 2009, nous en sommes rendu au même point. La planche à billet peut être rationalisée. C’est le plan monéthique. Il est mondial. Le principe consiste pour chaque banque centrale à émettre un montant fixé, proportionnel à la taille des économies. La planche à billet crée des désordres monétaires sauf si les décisions sont prises conjointement. Le principe est aussi simple que celui des jauges en physique. Prenez deux bornes électriques à 100 et 200 volts, si vous ajoutez 20 de plus à chacune, soit 120 et 220, le courant sera le même. C’est du même ordre pour la monéthique. Il faut juste bien calculer. 900 milliards de dollars, 700 milliards d’euros, 50 milliards de livres, X de yens et Y de roubles etc… et les parités monétaires seront conservées.
Et maintenant, que faire de cette monéthique ? L’idée est simple. Il suffit de créditer chaque contribuable d’un montant donné, une somme versée sur un compte bancaire que choisit le contribuable. Cette somme est allouée pour une année et reconductible avec ajustements. Et chaque mois, il est possible d’en retirer un douzième. Par exemple, 4800 dollars pour un individu, qui permettront chaque mois d’augmenter de 400 euros son revenu disponible. Pour un Allemand ou un Français, ce pourrait être 3600 euros, soit 300 euros par mois. On appellera ce compte bancaire le compte Marshall, en mémoire du fameux plan décidé par les Etats-Unis pour aider à la reconstruction de l’Europe et lui éviter aussi de s’égarer dans le communisme. En 2009, ce n’est pas une guerre qui a miné les sociétés mais le système du casino financier et ce n’est pas le communisme qui menace les sociétés occidentales mais la révolte sociale avec les tentations policières et autoritaires des gouvernements.
Quels seraient les effets d’une telle mesure ? L’opinion et la plupart de vos conseillers répondraient qu’il y a un risque d’inflation mais ce risque est compensé par la tendance déflationniste, par l’ouverture des marchés à la concurrence et par la productivité accrue du système. Le compte Marshall présente comme avantage de resolvabiliser les ménages et de dévier l’économie dans un sens équitable, avec notamment une élévation du niveau matériel des populations paupérisées depuis la crise et même depuis dix ou vingt ans. A noter que dans le même temps, les fonds propres des banques se trouvent crédités de centaines de milliards de dollars, euros, de dizaines de milliards de livres, etc. Globalement, cette mesure renforce l’économie réelle et l’activité bancaire effectuée à partir de dépôts, ce qui permet d’irriguer une économie vertueuse qui a été asséchée par les banques d’affaires ; ces dernières étant souvent au service d’une économie de casino jadis dénoncée par un certain Keynes et d’autres Nobel plus récents.
Pour le reste, des mesures devraient être prises, notamment pour éviter une spéculation sur les matières premières. Vous qui avez le pouvoir de nationaliser les banques, vous pourriez également nationaliser, voire rationaliser le marché des matières premières afin qu’il ne soit pas pris en otage par les fonds spéculatifs cachés on ne sait où avant la prochaine montée du baril et du blé. C’est disons du bricolage intelligent. Je le laisse à vos experts, le système étant bien complexe.
Je vous remercie d’avoir lu ma proposition. Ce serait encore mieux si vous avez pris soin de l’étudier. Je ne prétends pas que ce soit la solution. Je dis que ça a des chances de marcher et qu’il faut donc examiner cette proposition de monéthique. Ce serait dommage de passer à côté d’une opportunité par ces temps de crise et d’aller vers le danger d’un désordre social. Mais peut-être faut-il maintenir le statu quo et laisser la crise sociale se déployer les prochaines années pour susciter un éveil spirituel nécessaire à la transition vers le monde de 2020. C’est une possibilité. Le monde doit changer. L’ère industrielle s’achève. Je me suis toujours demandé comment vous pensez, vous voyez le monde, Messieurs les dirigeants des grands pays. Vous avez des conseillers. Peut-être êtes vous manipulés par des puissances et des intérêts. Je n’en sais rien. Permettez-moi de trouver étrange qu’aucun économiste n’ait suggéré cette solution de monéthique. C’est pourtant une idée à étudier, rapidement, car la fenêtre de tir est réduite.
Mais peut-être, M. Obama, et vous, dirigeants du G20, avez déjà décidé du prochain monde. Les classes moyennes vont payer l’addition pour maintenir la mécanique du profit et vous avez en tête l’idée d’une expérience sociale. Une sorte de démocratie contrôlée et limitée, pour faire perdurer un monde où nombreux sont exclus du progrès et des bienfaits matériels, pas par malveillance mais par calcul. Les ressources naturelles vont être limitée. Vos idéologues, producteurs d’opinions, de jeux, de films, de débats faussés, de sécurité, laissent la crise se dérouler en misant sur la peur et la police pour éviter les débordements et faire que la classe laborieuse continue à travailler pour vous donner les moyens de je ne sais quel dessein. Des dominations, des gloires, des profits, des conflits ? Appréciez-vous la démocratie en vérité ? Au fond de vos âmes, n’y a-t-il pas un mépris des peuples doublé d’un humanisme de façade, un humanisme intéressé, où l’homme est l’instrument de desseins fabriqués par les élites pour leurs intérêts ?
Je vais devoir interrompre notre conversation. Pardonnez-moi d’avoir troublé si légèrement vos consciences. L’essentiel étant que je sois en paix avec moi-même. Je me suis libéré, je vous ai aiguillé vers une possibilité de gestion de crise, tel un cancérologue certain d’un traitement et qui le propose à son patient, tout en sachant que ce patient ira vers les autorités habilitées pour des soins palliatifs. L’essentiel est d’avoir accompli son job de citoyen. Je peux au moins dire que je suis un bon citoyen ; peut-être un peu présomptueux face au savoir de vos conseillers. Serez-vous de bons dirigeants ?
Avec mes salutations terriennes et respectueuses
Bernard Dugué
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