Nouvelle stratégie énergétique de l’U.E., ou la « décroissance pour les nuls »
Le slogan dans les années 1970 qui vit deux crises d'approvisionnement en pétrole était « on n'a pas de pétrole mais on a des idées ». On pouvait former l'espoir que cette double chimère (sinon ce monstre) qu'on appelle l'U.E., qui vient de se créer une crise énergétique pour elle toute seule (pour nous, européens plus précisément), avait de la suite dans les idées et que des plans étaient prévus de longue date (au cas où) pour pallier à toute éventualité, sachant qu'un pays moderne sans énergie, à défaut de retourner au moyen-âge peut retomber au 19ième siècle assez rapidement quand même...
Il semble bien qu'il n'en soit rien et que non seulement cette crise a été créée de toute pièces sous le coup d'une émotion mais surtout que la réflexion sur les conséquences n'existaient pas et qu'on soit en train de l'élaborer.
Ainsi un « Master Plan » ressemblant de façon troublante au fiasco de l'Energiewende allemand semble être la réponse, « RePower Europe » pour les intimes avec bien sûr son cortège de dissuasion de consommation via une hausse importante du prix de l'énergie, d'éventuelles restrictions physique en préparation (on nous conseille de vérifier notre stock de pull over pour l'hiver qui vient, ce qui est charmant) et quelques volte face assez préoccupant quand on sait qu'un système énergétique se planifie de longue date car il implique des investissements majeurs pour des installations durables.
Pour simplifier il ne viendrait à l'idée de personne, sain d'esprit, de construire un gazoduc de plusieurs milliers de km pour ne pas l'inaugurer sur un coup de colère par exemple.
Sans énergie, l'Europe serait « à poil » et donc en pleine récession, vu que l'activité économique est essentiellement des ressources naturelles transformées grâce à de l'énergie surtout.
Donc on vient de se priver du gaz et du pétrole russe qui avaient le double avantage d'être bon marché, en quantité et il va falloir trouver 40% de nos importations de gaz ailleurs (ou équivalent en pouvoir énergétique) et 20% de nos importations de pétrole. Le pétrole servant essentiellement dans le secteur des transports, cela ne va pas se faire en six mois, ni même 5 ans donc notre pétrole devra venir d'ailleurs. Il est non substituable à moyen terme disons.
Pour le pétrole, il viendra probablement toujours de Russie via un intermédiaire qui pourrait être l'Arabie Saoudite (qui importe en ce moment du pétrole russe alors que c'est un exportateur majeur) ou d'Inde (gros acheteur de pétrole russe bon marché mais qui le revendrait avec un joli bénéfice bien sûr( quand on peut faire plaisir à un ami dans la détresse...).
Les USA qui sont en Irak et Syrie pour la démocratie (bon d'accord pour le pétrole...) pourraient combler une partie du manque car des capacités de production supplémentaires au niveau des besoins européens ne sont pas évidents à trouver.
L'Iran et le Vénézuela font l'objet de sanctions (si on devait sanctionner tous les pays non démocratiques exportateurs de pétrole on pourrait commencer l'élevage de chevaux et relancer la traction animale, soit dit en passant), donc sont a priori peu candidats à remplacer la Russie.
Une réponse pourrait venir du suspect habituel, les USA qui sont actuellement dans une posture schizophrénique (pour la politique étrangère c'est leur état habituel néanmoins) au sens où leur industrie du pétrole de schistes et du gaz de schistes a impérativement besoin de prix élevés pour rentabiliser l'extraction et les USA font tout pour faire baisser le prix de ces deux sources d'énergie pour « sanctionner la Russie ».
On pourrait plus simplement profiter de la hausse des prix pour manger dans la gamelle de pays qui ne peuvent plus se l'offrir en quantité, les temps sont durs pour tout le monde, bien sûr...
Pour le gaz, vu notre allergie soudaine aux gazoducs il va falloir importer du GNL bien plus coûteux et bien moins « eco-friendly » (comme disent les imbéciles), ce qui devrait se faire dès qu'on aura construit les installations capables de regazéifier du méthane liquide. On en est à faire les devis, la construction devrait commencer l'année prochaine si tout va bien (d'où le conseil des pullovers pour cet hiver, ils sont futés).
En attendant on est en à réactiver les bonnes vieilles centrales à charbon, les chauffage d'appoint à granulés se vendent comme des petits pains et il ne devrait plus rester un arbre debout à la fin du prochain hiver vu les conseils amicaux de couper du bois pour parer à toute éventualité.
Vous êtes au gaz ? Passez à la pompe à chaleur, il y a des promos.
Il faut juste savoir que 39% des français, 11 millions de logement se chauffent au gaz. Si la moitié seulement se connecte au réseau électrique d'ici cet hiver pour se chauffer, le réseau va plus que trembler avec une fraction du parc électronucléaire en réfection.
Qui fournira le jus dans ces conditions ? Facile à trouver, ce seront les centrales à charbon allemandes. Futés ces écolos quand même …
Mais on a juste effleuré le « Master Plan « de la Commission Européenne qui a une vision bien plus large de la synergie entre une infrastructure énergétique et la lutte contre le changement climatique et la préservation de l'environnement.
A la grande louche on va donc claquer 300 milliards d'euros essentiellement pour s'équiper en éoliennes géantes et en panneaux solaires.
Au niveau de l'indépendance énergétique, cela se discute. Même si cela revient pour les éoliennes à subventionner l'industrie éolienne danoise et allemande, des composants non négligeables viennent de Chine par ex. Pour les panneaux solaire, l'essentiel vient de Chine avec un arriéré en émissions de CO2 qu'ils mettent 20 ans à rembourser par leur production (la plupart des régions européennes n'ont pas le soleil de Californie non plus). Concernant la fin de vie de ces installations gigantesques (car énergie captée diffuse), il vaut mieux ne pas être trop regardant. L'éolien mite les paysages et le solaire de toiture va accentuer notablement l'îlot urbain de chaleur l'été (noir c'est noir, la version réfléchissante n'est pas au point...).
Pour raccourcir une bien longue histoire on aura une électricité bien plus chère.
Pourquoi ?
Il se trouve qu'il n'y a globalement pas de foisonnement de l'éolien en Europe et elle ne se déploie pas sur de nombreux fuseaux horaires.
En moins court, quand il souffle un vent significatif ici c'est aussi le cas ailleurs (avec un léger différé) et quand un anticyclone nous prive de vent, c'est un peu toute l'Europe qui en profite. Par ailleurs il fait jour au même moment partout en Europe et donc de nuit, quand le vent ne souffle pas sur l'Europe et qu'il faut se chauffer en plus, il vaut mieux avoir une infrastructure pilotable capable de prendre en charge 90 % et plus de la demande. Pas une théorie mais un retour d'expérience.
Double infrastructure énergétique, donc il faut passer deux fois à la caisse.
Si ce n'est pas assez cher, on peut ajouter du stockage bien sûr.
Bien sûr, pour les « écolos » de Bruxelles et d'ailleurs, des sources électrogènes plus nombreuses incitent à électrifier les transports. Pour l'indépendance, cela se discute aussi car je doute que nous ayons des mines significatives de lithium ou cobalt en Europe et on peut douter que les mêmes écolos aient visité récemment une mine de Cobalt au Congo ou ait vu les conditions d'obtention du lithium un peu partout. Là aussi nous sommes des producteurs marginaux de véhicules électriques, donc tout accroissement rapide du parc se ferait en partie via importations.
On peut souhaiter troquer notre dépendance énergétique envers la Russie pour d'autres dépendances avec des pays aussi peu démocratiques, souvent bien pire, et à la fiabilité discutable.
Sauf qu'en adoptant ce schéma on n'aura ni l'impact écologique favorable ni la sécurité énergétique.
Si la Commission Européenne croyait en sa propre propagande elle n'aurait jamais commis le projet de se passer du gaz russe, le gaz étant à travers son cycle complet un des moins néfastes à l'environnement et ses réserves prouvées supérieures à celles du pétrole conventionnel. De la même façon on ne développerait pas (maintenant) le véhicule électrique à grande échelle, pas avec les technologies existantes. Des véhicules roulant moins vite peuvent être plus léger pour assurer la même protection et des véhicules moins massifs consomment moins. Un parc de véhicules légers fonctionnant au gaz est probablement le meilleur compromis énergétique et écologique pour les transports et oui, des centrales à gaz sont probablement plus respectueuses de l'environnement (en considérant tous les aspects) qu'éoliennes et panneaux solaires, sans parler du véhicule électrique qui vient ensuite en complément.
Vu la nature de notre réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie nous avons du souci à nous faire quand la Chine va annexer Taïwan.
Pour la Chine, Taïwan est une partie de la Chine, point. Elle a indiqué à de multiples reprises qu'elle attendra le temps qu'il faut pour une réunification pacifique. Il se trouve que le suspect habituel, après avoir sévi en Ukraine a mis dans la tête des Taïwanais qu'il pouvait assurer leur défense en cas de soucis avec la Chine et la Chine a dit explicitement que le moment où Taïwan montre ostensiblement sa volonté d'indépendance, elle la perdra par la force.
On peut difficilement être plus clair, en fait ils sont aussi clairs que Poutine l'était dans ses discours sur l'Ukraine depuis 10 ans et plus.
Que vaudra la stratégie énergétique européenne actuellement affichée, alors ?
On veut en changer tous les quatre matins ?
Une autre alternative à celle discutée plus haut serait tout simplement un vaste plan de centrales nucléaires à échelle européenne avec l'avantage de quitter le stade artisanal pour passer au stade industriel, la compacité des installations, le fait que les fournisseurs sont multiples et le coût du « carburant » marginal dans le coût du Kwh. L'EPR français est très coûteux car on avait perdu la main et c'est un pilote de production. Une fois les techniques maîtrisées, les compétences acquises une production en série devrait logiquement faire baisser notablement le coût d'une centrale en fonction probablement pour 80 ans.
Se souvenir quand même de ce que la France a pu faire dans les années 1980, alors qu'elle n'avait pas réellement d'expérience (en tout cas à l'échelle de ce qui fut fait).
Si on croit aux effets néfastes de nos émissions de CO2, il n'y a pas d'échappatoire à une relance du nucléaire. Sinon le gaz (qui sera du GNL ) semble le meilleur choix. Mais, que de bricolage dans nos choix énergétiques. Cela fait furieusement penser à la gestion abyssale de la crise du Covid.
A écouter les grands médias nous parler de la Russie qui utilise l'arme énergétique pour nous faire geler l'hiver prochain et faire flamber nos factures on se demande si on n'a pas avalé quelque chose de bizarre. Aux dernières nouvelles la Russie vend son gaz et son pétrole à qui la paie dans une monnaie que les USA ou l'Europe ne peuvent pas transformer en papier toilette sur un clic de souris.
C'est la Commission Européenne (ça pourrait changer) qui utilise l'arme énergétique contre les européens depuis plusieurs mois déjà et personne d'autre. Pas seulement contre nous d'ailleurs puisque la Russie ne peut écouler son gaz et son pétrole comme d'ordinaire et donc il y a report de demande sur les autres fournisseurs qui ne peuvent compenser à court terme, donc hausse des prix pour tout le monde, sauf les russes bien sûr...
Quant à savoir si la Russie va continuer à nous éviter une grosse récession pendant que nous envoyons en Ukraine les armes pour tuer ses soldats est pour l'heure encore une question ouverte. Nous saurons cela avant la fin de cet été.
Comme l'ont déjà souligné plusieurs observateurs sans complaisance de la situation, on n'a pas besoin de la Russie pour nous envoyer par le fond, en Europe comme aux USA, on a des dirigeants qui font ça très bien sans aide extérieure.
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