Tibet : implication de la Chine et du Vietnam dans la mort de Tulku Hungkar Dorje, un chef religieux tibétain
L'Administration centrale tibétaine (le Gouvernement tibétain en exil), et des associations solidaires des Tibétains dont le Global Alliance for Tibet & Persecuted Minorities (GATPM) condamne fermement la mort suspecte de Tulku Hungkar Dorje, éminent chef religieux tibétain, alors qu'il était détenu par les autorités chinoises au Vietnam. Sa disparition soudaine, le 28 mars 2025, suscite de vives inquiétudes quant à la répression transnationale croissante, aux violations flagrantes des droits humains et au pouvoir incontrôlé du Parti communiste chinois (PCC) qui cible les dirigeants tibétains au-delà des frontières chinoises. Ils demandent l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante sur les circonstances de sa détention et de sa mort, et exige que les gouvernements chinois et vietnamien rendent des comptes.
Contexte : La persécution de Tulku Hungkar Dorje
Tulku Hungkar Dorje, né en 1969 dans la province tibétaine de l'Amdo, est un chef spirituel et un travailleur social, engagé dans la préservation de l'identité tibétaine par l'éducation, la santé et des initiatives culturelles. Son travail, notamment la fondation d'un lycée technique et professionnel, d'une clinique médicale et d'une bibliothèque, a bénéficié directement à des milliers de Tibétains, en particulier pauvres.
Malgré ses contributions à la société tibétaine, il a été victime de harcèlement répété de la part des autorités chinoises. En août 2024, il a été interrogé par les autorités provinciales du Qinghai pour avoir prétendument composé des prières de longue vie pour le Dalaï-lama et pour ne pas avoir appliqué les politiques du gouvernement chinois dans son travail éducatif. Son refus de se conformer pleinement aux directives chinoises – notamment en résistant aux pressions pour accueillir le Panchen-lama nommé par la Chine, Gyaltsen Norbu – a entraîné une persécution croissante. Craignant pour sa sécurité, il est parti au Vietnam en septembre 2024.
Arrestation, détention et mort mystérieuse
Le 25 mars 2025, Tulku Hungkar Dorje a été arrêté dans sa chambre d'hôtel à Saïgon, au Vietnam, lors d'une opération conjointe de la police vietnamienne et d'agents secrets chinois. Il a été transféré dans un bureau local de la sécurité publique le 28 mars, où il est décédé mystérieusement le jour même. Le refus des autorités de divulguer les détails de sa mort suggère fortement un acte criminel.
Le 1er avril 2025, des autorités chinoises ont présenté un certificat de décès au monastère de Lungnon, au Tibet, mais ont interdit aux personnes présentes de conserver ou de photographier le document. Cinq moines du monastère ont été envoyés au Vietnam le 5 avril pour récupérer son corps. Pourtant, ils auraient été exclus d'une réunion cruciale à l'ambassade de Chine au Vietnam. À ce jour, on ignore s'ils ont été autorisés à voir le corps. Le corps serait conservé à l'hôpital international Vinmec Central Park de Hô-Chi-Minh-Ville.
Un cas évident de répression transnationale
L'enlèvement et la mort de Tulku Hungkar Dorje illustrent la tendance croissante de la Chine à la répression extraterritoriale, où l'influence de Pékin s'étend au-delà des frontières de la Chine pour réduire au silence les dirigeants tibétains à l'étranger. Cette affaire remet également en question la complicité du Vietnam dans l'aide apportée aux autorités chinoises pour la capture illégale d'une figure religieuse tibétaine persécutée sur son sol.
Le GATPM condamne fermement la participation du Vietnam à cette violation transnationale des droits humains et appelle à la transparence dans sa coopération avec le PCC. Le gouvernement vietnamien doit répondre de son rôle dans l'arrestation illégale et la mort de Tulku Hungkar Dorje.
Un modèle de ciblage des chefs religieux tibétains
La persécution et la mort suspecte de Tulku Hungkar Dorje ne sont pas des incidents isolés, mais s'inscrivent dans la répression systématique menée par la Chine contre les personnalités religieuses et culturelles tibétaines influentes. Des cas similaires de détention arbitraire, de disparitions forcées et de décès inexpliqués de moines et d'érudits tibétains ont été largement documentés :
- Tenzin Delek Rinpoche (2015) – Un moine tibétain vénéré décédé dans des circonstances mystérieuses alors qu’il purgeait une peine d’emprisonnement à perpétuité dans une prison chinoise.
- Khenpo Kartse – Détenu arbitrairement et condamné malgré son travail humanitaire.
- Gedhun Choekyi Nyima – Le 11e Panchen Lama reconnu par le Dalaï Lama en 1995, enlevé par les autorités chinoises à l'âge de six ans et porté disparu depuis près de trois décennies.
Ces cas mettent en lumière une stratégie du gouvernement chinois visant à éliminer les voix tibétaines qui prônent la liberté culturelle et religieuse.
Appels à l'action
Le GATPM demande :
- Une enquête internationale indépendante – Les Nations Unies et les organismes de défense des droits de l’homme doivent lancer une enquête transparente sur l’arrestation, la détention et la mort de Tulku Hungkar Dorje.
- Libération immédiate de son corps – Les gouvernements vietnamien et chinois doivent autoriser le retour de son corps au monastère de Lungnon pour y effectuer les rites bouddhistes appropriés.
- Responsabilité du Vietnam – Le gouvernement vietnamien doit expliquer son rôle dans la facilitation de cette arrestation illégale et clarifier s’il a agi sous les ordres directs de la Chine.
- Sanctions contre les responsables chinois et vietnamiens – Les gouvernements du monde entier doivent imposer des sanctions aux individus responsables de la détention et de la mort de Tulku Hungkar Dorje.
- Condamnation mondiale de la répression transnationale – La communauté internationale doit faire pression sur la Chine pour qu’elle mette fin à sa persécution des personnalités religieuses et culturelles tibétaines, tant au Tibet qu’à l’étranger.
L'Administration centrale tibétaine appelle la communauté internationale à condamner la mort soudaine et mystérieuse de Tulku Hungkar Rinpoché et à exiger des autorités chinoises et vietnamiennes qu'elles fassent preuve de transparence quant aux circonstances de sa détention et de sa mort. Plus important encore, la dépouille de Tulku Hungkar Dorje doit être immédiatement remise au monastère de Lungnon par les autorités compétentes, afin que des funérailles conformes à la tradition tibétaine puissent être organisées. Cette affaire souligne une fois de plus la nécessité de rendre des comptes et de respecter les droits et libertés fondamentaux du Peuple tibétain. Nous présentons nos sincères condoléances à la famille, aux amis et aux disciples de Rinpoché et leur exprimons notre solidarité.
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