La première pandémie planétaire...

@velosolex
"Les hommes eux même n’ont aucun intérêt à se déplacer hors un cercle géographique très restreint, hors les soldats et les marins, dont la vie est très risquée. Voyager ?.. Cela n’inspire pas le rêve, mais la crainte."

Hors les pèlerinages et les croisades, qui malgré les périls de la route, ont tout de même mobilisé pas mal de gens, soucieux tant du salut de leur âme que désireux de changer d’un quotidien par trop étriqué à leur goût !

@Samson
Même au dix neuvième, il n’y a pas de pancarte de direction, hors les grandes villes. Les gens savent où se trouve le patelin d’à coté, mais se moquent bien de ce qui leur est étranger, et où ils n’ont rien à faire. D’où la notion de « pays », qui continue parfois à exister encore aujourd’hui. . Les déambulations sont liés aux travail exclusivement. Mais vous avez raison de rappeler l’importance des pèlerinages, dont le danger des routes n’est pas là ignoré, mais accepté, car le pèlerinage est vu comme une épreuve initiatique, où la souffrance, la faim, l’inconfort, sont intégrés au but : Faire pénitence. De même le périple des « compagnons du devoir », qui avaient des idéaux de perfection liés à leur travail, mais aussi à l’initiation, et à la découverte, pas exempts de risques, et de règlements de comptes entre ordre de compagnons. Malgré tout, cela concerne encore bien peu de gens. L’attente des compagnons, des pèlerins, partant avec un bâton de marche sculpté, une coquille de saint jacques est un événement pour le village, et le retour parfois plus attendu, après une année ou deux, tant les pièges de la route sont nombreux, est fêté par tous. Il est bien difficile de se remettre dans le pas de ces hommes divers, mais habités par des ambitions extatiques, que nous avons bien du mal à imaginer. Il reste des journaux de ces hommes, bien intéressant à étudier. Gurgand et Barret, deux auteurs oubliés ont écrit plusieurs livres sur le sujet. « Priez pour nous à Compostelle »...« Si je t’oublie Jérusalem »..« Ils voyageaient la France »...

@Philippe Huysmans, Complotologue
Je fais dans le général, mais le compagnonnage n’a vécu sa récession qu’à la fin du dix neuvième. Je crois que c’est le chemin de fer qui a vraiment changé les choses. Braudel, disait que le chemin de fer avait fait plus pour l’unité du pays que la révolution. Avant cela, on met plus de temps à aller en Bretagne qu’au bout de l’Asie maintenant. Si tu lis « par les monts et par les plaines » de Flaubert et de maxime du camp, le journal de leur voyage en Bretagne vers 1850, le voyage qu’ils décrivent, n’est pas très différent de ce qu’il aurait été un siècle ou deux plus tôt. Les compagnies de coches et diligences se sont améliorées c’est vrai. La marquise de Sévigné préférait prendre la Loire pour aller sur Vitré, tant les routes étaient peu sûres. Les chemins faut il dire. Les voyageurs de l’époque de Flaubert descendent encore parfois pour pousser la diligence. Mais on a rompu avec l’époque où l’on préférait prendre les canaux et les fleuves pour voyager. Ca va se potentialiser de plus en plus vite, avec l’arrivée de l’époque industrielle, et le début du tourisme, promotionné par les anglais surtout. Avec l’intérêt vers les dimensions qu’on méprisait. La montagne qui était vue comme un enfer est promotionnée. 
Pour les peintres comme ton aïeul, ils ont eu la chance d’être encore entre deux mondes. Les usages et les costumes de la province n’avaient pas changé, et c’était un régal de croquer des scènes d’une époque qui allait disparaitre. Comme le fut Mathurin Méheut, dont les peintures sont maintenant ethnologiques. Les peintres anglais venaient en Bretagne encore au début du vingtième, pour peindre des scènes , des fêtes, des costumes, disparus sur leurs terres. L’Espagne mis à l’écart du monde jusqu’à la fin du franquisme fut un des derniers témoignages de l’Europe d’hier, il y a peu de temps encore. Né au milieu du vingtième siècle, je me surprend à constater que je fais partie comme ceux de ma génération d’un monde qui a des codes différents que ceux de l’époque actuelle, et que les autoroutes de la pensée et de la consommation, ont pris le pas sur la variété des idées et des usages d’hier, perpétuant l’étendue de l’uniformité du monde

@Philippe Huysmans, Complotologue
Pour renchérir à ce que tu dis sur le périple de ton aïeul, il existait cette dimension qu’on voit trop maintenant comme une contrainte, qui est celle du trajet. Pour le voyageur, un mot qu’il est d’ailleurs déplace de dire quand il s’agit de tourisme, le trajet n’a pas de sens.
On l’a d’ailleurs exclu. Le TGV, le supersonic, l’ont réduit à une dimension anecdotique. Dans le passé, il faisait l’essentiel du voyage en terme de construction du désir, dans l’attente, et de l’observation du changement que cela impliqué à al fois sur le paysage mouvant, mais aussi sur son même. Bien sûr c’était aussi une protection, un sas d’accoutumance, à tous les changements, que ce soit au niveau des hommes que des climats et des risques. Ces barrières que les démagogues ont supprimé, confondant barrières environnementales et politiques et qui parfois y correspondent d’ailleurs, sont des protections à tous niveaux. Régis Debray avait écrit un très bon livre « éloge de la frontière ». 

@Philippe Huysmans, Complotologue
Très belle peinture, à la fois dans la composition et dans la réalisation, qui dénote un grand artiste . S’ajoute maintenant la dimension ethnologique. Jan évoque les peintures de Corot, des peintre que donnèrent une vision extatique et émerveillée de la nature. La peinture donne beaucoup de vérité sur la vision du monde de nos contemporains. Et la difficulté maintenant à la représenter, n’est pas rassurante. Les artistes ne représentent plus souvent qu’un monde morcelé, sans esprit. Mais peut on leur donner tort.