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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Vivre sans écrans : un défi ?

Vivre sans écrans : un défi ?

L’exploit réalisé par des enfants de Strasbourg en mai 2008 pourrait inspirer tous les enfants de la France et de l’Europe. Vivement le DÉFI « 10 jours pour voir autrement » !

En mai 2008, 254 élèves de l’école du Ziegelwasser, à Strasbourg, ont relevé un DÉFI peu commun, l’équivalent d’un exploit Olympique : passer 10 jours sans écrans. Ni télé ni jeux vidéo ni ordinateur. Pourquoi ? Parce que la télé utilise de plus en plus de violence pour les attirer, les captiver et abuser des petits humains à une période de leur vie où ils apprennent à distinguer la fiction de la réalité. Un enfant de 14 ans a été témoin de 100 000 agressions et de 8 000 meurtres. Et cela affecte son cerveau.
Plusieurs médias ont rapporté l’exploit des petits Alsaciens. Tous n’ont pas précisé que les enfants s’étaient soigneusement préparés à relever ce DÉFI, notamment en décryptant des messages publicitaires et en découvrant le pouvoir de la télé. Il importe de souligner que tous les enfants participaient au projet sur une base volontaire ; ce DÉFI n’a donc rien à voir avec la soumission à une quelconque forme de censure. Aucune récompense n’a été promise pour faire « marcher » les enfants. Voilà qui rend leur victoire fabuleuse.

L’idée vient d’un organisme québécois à but non-lucratif, Edupax, un idée qui a pris racine en France grâce à ÉCOconseil (institut spécialisé en écologie et citoyenneté) et à la Chambre de consommation d’Alsace. Le DÉFI de la « Dizaine sans télé ni jeux vidéo » a été créé au Québec en avril 2003 et a été relevé dans près d’une centaine d’écoles à ce jour. Le DÉFI québécois s’inspirait d’une expérience réalisée en Californie par le Dr Thomas Robinson et son programme SMART, acronyme de « Student Media Awareness to Reduce Television ». La traversée transatlantique a été une réussite parfaite. Robinson a démontré que la réduction de petit écran permettait de réduire la violence physique et verbale de même que l’obésité.

Certains Français se sont étonnés que des médias de la droite et de la gauche aient louangé ce projet ; ce n’est pas tous les jours que Le Figaro et L’Express se retrouvent du même côté de la barricade que L’Humanité et Libération. Même Le Canard enchaîné n’a pas fait exception en qualifiant l’idée de « géniale ». Il faut se réjouir que ce projet ait été réussi dans un quartier très défavorisé de Strasbourg. Il faut en féliciter et remercier la direction et les profs de l’école du Ziegelwasser pour avoir préparé les enfants à relever ce DÉFI qui les a transformés en vedettes… de la télé. Les parents et les organismes de proximité ont eux aussi joué un rôle déterminant dans la victoire des enfants.

Pour ma part, je trouve que ce DÉFI 10 jours est une belle façon de commémorer le 40e anniversaire de Mai-68 tout en apprenant aux enfants de la France à reprendre la Bastille. Pourquoi ? Parce que la télé est devenue une prison captivante pour les enfants du Québec et de France, une prison qui les enferme dans une vision du monde de plus en plus autodestructrice, intolérante et guerrière, une machine qui les pousse sans cesse à la surconsommation et à l’obésité.

Et c’est sans parler des jeux vidéo violents. Selon le Lieutenant-colonel Dave Grossman qui a travaillé comme psychologue pour l’armée de États-Unis durant vingt ans : « Videogames give kids and teens the skill, the will and the thrill to kill ».
L’utilisation de la violence pour attirer, captiver et amuser des enfants est une façon de les abuser qui coûte cher à leur santé mentale et à celle de la société entière.
C’est un procédé promotionnel comparable à ceux d’abuseurs d’enfants déguisés en amuseurs publics.

Lorsqu’en 1988 les enseignants québécois ont recueilli des milliers de jouets militaires pour construire deux monuments pour la Paix à Montréal et à Québec, ils ont découvert que ces jouets portaient le nom d’émissions de télé ultra-violentes produites par un fabricant de jouets. L’ingrédient commercial utilisé ? 84 agressions à l’heure pour GI Joe et 81 pour Transformers  ! Des séries entières bourrées de violence avaient été utilisées comme véhicules publicitaires, en dépit de la loi québécoise interdisant la pub aux moins de 13 ans. Après avoir remonté la filière du marketing, après avoir cherché et expérimenté, durant douze ans, divers moyens pour aiguiser le sens critique des enfants... et des parents, des enseignants ont finalement conçu ce puissant projet de résistance, le DÉFI des 10 jours, un arrêt concerté de consommation médiatique aux vertus hautement bénéfiques.

Si vous connaissez des personnes intéressées à lancer un tel DÉFI dans leur école ou celle du voisinage, il faut leur faire savoir qu’Edupax peut les aider à s’organiser.
Nadine Moreno, secrétaire d’État chargée de la Famille, a déclaré devant la presse
qu’elle souhaitait étendre le DÉFI à la France entière. Et pourquoi pas ?
N’hésitez pas à faire connaître ce projet qui soulève l’enthousiasme des enfants, des parents et des enseignants des deux côtés de l’océan. Si vous avez des enfants ou des petits-enfants, ne serait-ce pas un cadeau original à offrir à la direction de leur école ?


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22 réactions à cet article    


  • Marsupilami Marsupilami 23 juillet 2008 14:41

     @ L’auteur

    Excellente initiative citoyenne. Lire aussi sur ce sujet Mon ordi n’est pas une télé !


    • Marc Bruxman 23 juillet 2008 19:28

      L’initiative pourrait avoir un intérêt de même qu’une classe "nature" a un intérêt : Celle de montrer aux gens  comment on vit sans la technologie.

      La propagande politique qui entoure l’article et l’initiative est par contre sans intérêt voir même dangereux. Un jeu vidéo n’a jamais appris à tuer.

      Je cite votre article :
      «  Videogames give kids and teens the skill, the will and the thrill to kill  ».

      J’aime beaucoup la partie skill. Je ne vois pas en quoi avoir joué a des FPS (Doom, Quake, ...) m’a appris à tenir un flingue et à viser. Un vrai flingue il y a un recul important. Ce que le jeu simule très mal. De même je vous met au défi de prendre un citadin qui a joué aux jeux vidéos lui donner un couteau et lui demander d’égorger un poulet. Je suis persuadé qu’un gosse élevé à la campagne et n’ayant jamais joué à ces jeux sera plus efficace pour tuer le poulet !

      Votre fantasme qui s’avoisine au mouvement "luddite" est sans intérêt. Si il y a de la violence dans la société c’est plutot du coté de l’éducation donnée par l’école et les parents (ou plutot dans certains cas l’abscence d’éducation) qu’il faut chercher.


      • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:48

        Une classe nature, c’est merveilleux.
        Dix jours sans écrans, dans notre quartier, avec nos copains et nos parents, c’est encore plus merveilleux et réalisable qu’une classe nature. Et c’est à la portée de tous les milieux, riches et pauvres. C’est à la portée de toutes les écoles d’Europe où les enseignants et les parents sont prêts à préparer les enfants ensemble.  


      • xray 23 juillet 2008 19:37

        Je ne comprends pas ! Cela fait quarante ans que je ne possède pas de télé. 
        Je ne vois pas quel défit qu’il peut y avoir à vivre dix jours sans écran. 

        Ces virus imaginaires qui nous manipulent.



        • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 23 juillet 2008 21:46
          Xray ne comprend pas ! Cela fait quarante ans qu’il ne possède pas de télé et ne voit pas quel défi il peut y avoir à vivre dix jours sans écran. Révellez-vous mon ami, les enfants y passent entre 20 et 30 heures par semaine en moyenne. Xray déplore « ces virus imaginaires qui nous manipulent ». Alors, toutes ces heures enchaînés à l’écran, ce serait un fantasme, le fruit de quelqu’imagination fragile ? Hélas non !

          Pour Marc Bruxman, le DÉFI 10 jours n’a pas plus d’intérêt qu’une classe "nature". Alors Max pourrait peut-être suggérer un meilleur moyen pour « montrer aux gens comment vivre sans technologie » ? Le DÉFI 10 jours a éloigné des enfants des écrans sans les sortir de leur quartier, sans les éloigner de leur famille. Le DÉFI a rapproché les parents des enfants, il a rapproché les parents du voisinage, il a rapproché l’école des familles et les familles de l’école. Que nous propose Max de comparable ? Max trouve que la propagande politique qui entoure le DÉFI 10 jours est « sans intérêt voire même dangereuse ». Dangereuse pour qui ou pour quoi ? Les enfants et les parents ont raffolé de l’aventure. Le directeur de l’école a félicité les enfants « pour avoir tenu tête à une équipe adverse qui possédait de puissants moyens de séduction ». Max nous dira-t-il à qui ce DÉFI pourrait nuire ? Max pense qu’un « jeu vidéo n’a jamais appris à tuer » et il cite le Lieutenant-colonel Grossman : « Videogames give kids and teens the skill, the will and the thrill to kill ». Pour Max, comme pour beaucoup de nos concitoyens, l’utilisation de la violence pour attraper et divertir des jeunes n’a pas d’impact, ou si peu. La violence dans la société serait causée par l’école, par les parents ou par l’absence d’éducation. En supposant que les trois facteurs précédents aient effectivement contribué à la violence, cela devrait-il nous interdire de mesurer la contribution des films, émissions et jeux vidéo ? Nous avons tous le choix entre continuer de jouer sans souci ou jeter un oeil sur les travaux des professeurs Brad Bushman, Doug Gentile, Rowell Huesman, Frederick Zimmerman, Craig Anderson et Michael Rich. Ce sont eux, et d’autres, qui ont produit les recherches qui ont conduit les organismes suivants à sonner l’alarme : l’Association des pédiatres, l’Académie de psychiatrie pour enfants et ados, l’Association des psychologues et l’Association médicale des États-Unis. Il y a 25 ans, des chercheurs scrutaient l’influence du tabagisme sur les risques de cancer du poumon et maladies circulo-respiratoires et plusieurs fumeurs les ont ignorés. Aujourd’hui, d’autres chercheurs évaluent que l’impact des jeux vidéo violents est plus important que celui du tabac. On peut les ignorer. On peut aussi recruter des écoles qui tenteront l’aventure des petits Alsaciens. Pourquoi pas ?

          Certains adultes choisissent de fermer les yeux sur une industrie qui amuse des enfants avec le pire ennemi de l’humanité, la violence, c’est leur choix. Nous ne les condamnons pas, nous leur offrons simplement de s’émerveiller devant les découvertes des enfants de Strasbourg qui se sont privés d’écrans. Parions que cela ressemblait à ce qu’ont découvert ceux de San José, en Californie, de Escanaba au Michigan, de St-Basile-le-Grand, Chambly, Pointe-Claire, Princeville et Berthier-sur-Mer au Québec. Imaginons !


        • Marc Bruxman 23 juillet 2008 23:01

          Pour Marc Bruxman, le DÉFI 10 jours n’a pas plus d’intérêt qu’une classe "nature". Alors Max pourrait peut-être suggérer un meilleur moyen pour « montrer aux gens comment vivre sans technologie » ?

          Aller dans la nature pour de vrai. Prendre tente, sac à dos, apprendre à faire du feu, à se repérer aux étoiles, etc, etc... Non pas pour dire que la technologie c’est mal mais simplement pour avoir un contact avec des choses simples. Et comme ils disent dans Into The Wild, "pour afronter seul la nature aveugle et sourde".

          Vous voyez je ne suis pas croyant mais en dehors de l’aspect religieux, le camp de scout c’est pas si mal... (A quand l’équivalent en version laique ?).

          Le DÉFI 10 jours a éloigné des enfants des écrans sans les sortir de leur quartier, sans les éloigner de leur famille.

          Bien justemejnt des fois l’éloignement c’est bien... Sortir de son quartier aussi.

          Max trouve que la propagande politique qui entoure le DÉFI 10 jours est « sans intérêt voire même dangereuse ». Dangereuse pour qui ou pour quoi ? Les enfants et les parents ont raffolé de l’aventure. Le directeur de l’école a félicité les enfants « pour avoir tenu tête à une équipe adverse qui possédait de puissants moyens de séduction ». Max nous dira-t-il à qui ce DÉFI pourrait nuire ?

          C’est votre idéologie technophobe dont transpire votre article que je trouve néfaste. La technologie fait partie de notre monde, Les gens qui veulent en isoler leurs enfants au motif que ce serait dangereux sont selon moi eux-mêmes dangereux.

          En supposant que les trois facteurs précédents aient effectivement contribué à la violence, cela devrait-il nous interdire de mesurer la contribution des films, émissions et jeux vidéo ? Nous avons tous le choix entre continuer de jouer sans souci ou jeter un oeil sur les travaux des professeurs Brad Bushman, Doug Gentile, Rowell Huesman, Frederick Zimmerman, Craig Anderson et Michael Rich. Ce sont eux, et d’autres, qui ont produit les recherches qui ont conduit les organismes suivants à sonner l’alarme : l’Association des pédiatres, l’Académie de psychiatrie pour enfants et ados, l’Association des psychologues et l’Association médicale des États-Unis.

          Je crois surtout que ces gens étaient en mal de notoriété et on fait du commerce en jouant sur la peur des gens. Tuer sur écran c’est très facile, maintenant comme je disais plus haut la plupart de ces jeunes citadins qui jouent à des jeux très violents ne seront pas foutu d’égorger un poulet.

          Vu le nombre de jeux vidéos et de films violents que j’ai regardé quand j’étais jeune (souvent avant l’age légal de visionage parce que mon vidéo club était cool) je devrai être un dangereux criminel à en croire ces gens. Ben en fait non, je n’ai jamais tué personne !

          Ah ouais pour l’anecdote, au lycée on avait une version modifiée de "Doom" avec un plan de l’établissement en niveau et des caricatures des profs qui remplacaient les monstres. J’adorais shooter certains profs et on s’est bien marrer avec ce jeu. Et bien pourtant je peux vous garantir que malgrés le nombre d’élèves qui a joué avec cette connerie jamais personne n’a levé la main sur un prof ou menacé de le faire.

          Par ailleurs ca me fait marrer quand il y a un crime gore et que les journaleux disent "le meurtrier jouait avec de jeux violents ou avait vu un film très violent". Tout le monde joue avec des jeux violents. Le résultat de l’enquéte est donc connu d’avance. Perquisitionnez chez n’importe qui et vous trouverez ce genre de dvd. Pourtant la plupart des gens sont non violents.

          Aujourd’hui, d’autres chercheurs évaluent que l’impact des jeux vidéo violents est plus important que celui du tabac. On peut les ignorer.

          Le seul fait d’asséner ce genre de débilité absolument improuvable montre que ces chercheurs sont surtout intéressés pour se faire un coup de pub et en retirer du profit.

          Le tabac tue une personne sur deux qui en consomme. Il est ridicule de croire que le jeu vidéo puisse créer de tels dégats.

          Certains adultes choisissent de fermer les yeux sur une industrie qui amuse des enfants avec le pire ennemi de l’humanité, la violence, c’est leur choix.


          Les enfants ont toujours eu des jeux violents. N’avez vous jamais joué avec un pistolet à pétard, des tanks ou autres quand vous étiez gosse ? Ne vous êtes vous jamais fait engeuler parce que vous vous étiez battu dans la cour ? N’avez vous jamais voulu pratiquer un sport de combat ?

          Les enfants grandissent et apprennent les limites à ne pas dépasser. Ils apprennent aussi que ces jeux violents sont des jeux justement parce qu’ils sont virtuels. La violence dans la vraie vie est beaucoup moins drole. Il l’apprendront à l’adolescence pour la plupart.


           


        • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 24 juillet 2008 05:03

          Marc Bruxman a pris connaissance du DÉFI « 10 jours pour voir autrement » et continue de le comparer à sa préférence personnelle, « aller dans la nature pour de vrai ». Hélas, toutes les écoles d’Europe et d’Amérique n’ont pas accès à une classe nature. Elles ont organisé le DÉFI 10 jours et les résultats ont été positifs. Surprise, ce DÉFI, loin d’avoir été perçu comme une punition, a, malgré toute attente, enthousiasmé les enfants et leurs parents. Devrait-on les blâmer de se contenter de si peu ? Devraient-ils réclamer une classe nature ? Si Marc veut organiser des classes nature, on lui laisse la voie libre.

          Le DÉFI 10 jours a appris aux enfants à VOIR AUTREMENT sans les sortir de leur quartier et de leur famille. Relève-t-il d’une idéologie technophobe. Selon les adorateurs du dieu technologie, ce dernier fait partie de notre monde et « ceux qui veulent en isoler les enfants sont dangereux ». Accusation non fondée puisqu’en réalité, ces 10 jours ont appris aux enfants à décrypter des pubs, à aiguiser leur sens critique, à voir (les messages transmis par la télé) autrement. Personne n’a cassé sa télé, personne n’a jeté sa console de jeux ou exorcisé son ordinateur. C’est justement parce que la technologie est omniprésente et puissante que les écoles doivent apprendre aux enfants à refuser d’avaler n’importe quoi, leur donner le goût de se soustraire à son emprise. Le DÉFI est un moyen de concertation fourni aux enseignants et aux parents pour aider les enfants gagner le match contre une équipe redoutable.

          Les professeurs Bushman, Gentile, Huesman, Zimmerman, Anderson et Rich sont des scientifiques pour qui la seule notoriété qui compte est celle qui permet la diffusion des découvertes qu’ils font pour améliorer la santé publique. Toutes leurs découvertes sont épluchées par des avocats de l’industrie qui les traîneraient devant les tribunaux à la moindre apparence de diffamation. Les organisations de professionnels qui ont sonné l’alarme au sujet des divertissements violents sont tout à fait crédibles et leurs dirigeants ont procédé avec précaution et modération. Ceux qui leur reprochent de « jouer sur la peur des gens » errent lamentablement. Les défenseurs de l’industrie craignent ces chercheurs et ces organisations professionnelles comme la Grande Inquisition craignait ceux qui osaient prétendre que la terre tourne autour du soleil. Ces associations professionnelles représentent des pédiatres, des psychiatres, des psychologues et des médecins. Leur reprocher de jouer sur la peur des gens, ce n’est pas sérieux !

          Les jeunes consommateurs de divertissements violents deviennent-ils tous insensibles ? Ceux qui ont consommé des jeux vidéos et des films violents étant jeunes se réjouissent peut-être que leur club vidéo ait été assez « cool » pour leur prêter n’importe quel produit toxique. Comme prévu, tous ne sont pas « devenus de dangereux criminels » ? Mais que font-ils lorsqu’ils discutent de l’impact des divertissements violents sur les enfants ? Ils ridiculisent leur interlocuteur et tournent en dérision les évidences scientifiques qu’on leur présente. Leur argument ultime ne tient pas la route. « Puisque mon grand-père, fumeur invétéré, est mort en dégustant un yaourt, c’est la preuve que le tabac n’est pas malsain. » Peu convaincant, non ?

          « Malgré que de nombreux élèves de ma classe aient joué avec des jeux désensibilisants, aucun n’a levé la main sur un prof ou menacé de le faire ». Ça devrait rassurer quelqu’un ? Comme il n’y a pas eu passage à l’acte, on devrait conclure qu’il n’y a pas eu d’impact, même avec un si faible échantillon ? Et puis votre interlocuteur (qui n’est pas devenu criminel) ajoute que ça le « fait marrer quand il y a un crime gore » (est-ce vraiment marrant ?) et qu’il trouve le journaliste idiot de préciser que "le meurtrier jouait avec de jeux violents ou avait vu un film très violent". Avec un tel degré de curiosité et de sens critique, le risque de découvrir quoi que ce soit est mince. Lorsqu’on a obligé Galilée à renier son livre, certains l’ont probablement reconnu coupable « de débilité improuvable » et l’ont cru « intéressé à se faire un coup de pub et en retirer du profit ».

          Précisons que le tabagisme ne tue pas un fumeur sur deux. En fait, moins de 30% sont victimes de maladies pulmonaires ou cardiaques. Si on veut vraiment connaître l’impact des divertissements violents sur l’agressivité des joueurs, on fait au moins une petite recherche avant de répliquer. Les chercheurs qui ont pris la peine de consacrer des années à fouiller la question ont constaté que l’impact est plus grand que celui du tabac sur le cancer. http://edupax.org/precede/public/Assets/divers/documentation/1_articles/1_0 89_PagesfromSteinbergMacedo_ch56.pdf

          Et puis au bout du compte, on invoque la fatalité ! « Les enfants ont toujours eu des jeux violents », ou « tout le monde le fait ». Alors allons-y, cessons de réfléchir et de nous faire du souci. Continuons la chaîne, laissons les fabricants de jeux et les réseaux de télé augmenter les doses déversées dans les cerveaux pour empocher plus de profits. On ne poura pas les arrêter, alors résignons-nous.

          Les citoyennes et les citoyens seront intéressés d’apprendre que dans les écoles primaires du Québec, on a constaté qu’un nombre croissant d’enfants identifient plus difficilement « les limites à ne pas dépasser ». Ils éprouvent plus de difficulté à faire la différence entre les jeux violents virtuels et la réalité. La frontière entre fiction et réalité s’embrouille, et les adolescents n’y échappent pas. Voilà pourquoi les commerçants les prennent pour cibles. Ils connaissent la vulnérabilité de ce client idéal qui adore le risque, raffole des sensations fortes et sous-estime le danger. Voilà pourquoi nous croyons que la personne qui joue est en fait mentalement abusée par le jeu. C’est le concepteur du jeu qui s’amuse avec les synapses de son jeune cerveau.







           


        • faxtronic faxtronic 24 juillet 2008 10:07

          Mr Brodeur,

          Vous etes un psychopathe. Jamais je vous laisserais mes enfants, mes plutot a Marc Bruxman, qui a les idees plus claires et moins enfumées par des theories et des ideologies a l’emporte piece.

          Gamin je courrais dans les bois (j’ai 33 ans), on jouait a la chasse a l’homme dans les bois avec les copains et copines, une sorte de cache-cache geant avec un terrain de chasse de 10 km2 bourré de bois, de marais et de fermes. C’etait genial. Et puis apres, sirop de grenadine et tele ou console de jeu ( je me souviens, croque-vacance et Nintendo).

          Si tu veux eduquer des enfants, donne leur d’abord des valeurs fortes (respect, politesse, courage, honneur), occupe toi en, et puis laisse les s’amuser.
           


          • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 24 juillet 2008 17:16

            Faxtronic écrit que je suis psychopathe. Je ne mérite pas ça. J’aime les enfants et j’ai constaté la place envahissante des divertissements violents dans leur vie. J’ai aussi compris l’impact de ces médias sur leur perception de la vie et du monde qui les entoure. Est-ce un crime ?

            Vous et Monsieur Bruxman serez heureux d’apprendre que les enfants qui relèvent le DÉFI 10 jours jouent plus souvent dehors, comme vous le faisiez étant enfants. Ils font plus de vélo, plus de foot, plus de promenade en forêt et dans le quartier, etc. Après, au lieu du Nintendo et de la télé, ils s’amusent AUTREMENT avec leurs frères et soeurs, avec leurs amis. Ils aident leurs parents à la préparation des repas, à ranger leur chambre, à faire la vaisselle, ils font de la lecture. Et devinez quoi ? Ils sont contents, ils sont heureux. Que me reprochez-vous ? D’avoir soustrait des milliers d’enfants à l’emprise des agences de marketing qui utilisent la télé pour les manipuler ? De leur avoir parmis de se distraire de façon socialement active au lieu de se laisser distraire par des machines qui les rendent dépendants ?


          • Cug Cug 24 juillet 2008 10:35

            Vivre sans télé, oui c’est necessaire vu le niveau de la télé.

            Mais vivre sans le net au 21e c’est la politque de l’autruche.


            • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 24 juillet 2008 16:25

              Cug écrit que vivre sans le net, c’est la politique de l’autruche.
              Vivre sans le net POUR QUELQUES JOURS, ça fait beaucoup de bien. Ce n’est pas moi qui le dis mais ceux qui ont tenté l’expérience. Ils ont commencé par décider de l’essayer d’abord, et puis ils ont raconté ce qu’ils ont constaté. Pour raconter, faut d’abord le faire. Cug, vous POUVEZ le faire, j’en suis certain. Chez les enfants et les ados, ce sont les plus incrédules et les plus sceptiques qui sont le plus fiers de leurs découvertes.


            • Daerel Daerel 24 juillet 2008 11:14

              Bazar, je ne connaissais pas cette initiative.

              Je remercie beaucoup l’auteur de cet article et Agoravox.

              Etant professeur d’histoire-géographie et éducation civique, je vois parfaitement comment intégrer avec un professeur de français ce DEFI pour des élèves de 6e.

              Contrairement à ce que beaucoup peuvent dire (en bien ou mal), ce défi semble percutant car il doit s’accompagner d’une initiation à l’analyse à la critique de l’image ainsi qu’à l’impact sur la vie quotidienne de la coutume de regarder un écran.

              Avec des enfants de primaire ou de 6e, vous ne pouvez pas imaginer la multitude et la richesse d’analyses et de remarques qui peuvent naître.

              Ensuite, le DEFI en lui-même est un bon truc poour recréer du lien social réel dans la vie de ces enfants et aussi pour les plonger dans les livres (et là, un travail avec un professeur documentaliste est nécessaire).

              La question sur la violence ou tutti quanti n’a rien à voir. Je vois plus dans le DEFI la possibilité de montrer aux gamins qu’il y a autre chose que les écrans dans la vie... surtout les livres mais aussi les gens.

              Ensuite, ce DEFI ne vise pas que les enfants... il vise aussi et surtout les parents. D’après vous, combien de parents plutôt que de discuter avec leurs enfants ou de faire des activités avec eux préférent rester devant la télé à regarder les Experts ou le match de foot ? SI les parents sont associés à ce DEFI, il est clair que ça peut être passionnant.

              A tester (de toute façon, je suis pas à un projet fou près pour ma part).


              • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 24 juillet 2008 16:57

                Daerel, vous semblez prêt à tenter l’expérience et vos attentes sont fondées. N’oubliez pas, c’est un travail d’équipe et vous aurez besoin de vos collègues et des organismes de proximité. Votre succès sera plus important si toute l’école participe. Oui, le contact avec les parents sera enrichi.

                Si vous croyez que le débat sur la violence n’a rien à voir avec ce DÉFI 10 jours, pas grave, ne vous laissez pas distraire. Mais vous serez content d’apprendre que le Dr. Thomas Robinson a constaté que la violence verbale a diminué de 50% et la violence physique de 40%. Plus, ce sont les enfants les plus agressifs avant de débuter qui ont le plus amélioré leur comportement.
                http://edupax.org/precede/public/Assets/divers/documentation/4_defi/4_014_f v_Effects_of_Reducing_TV.pdf

                Est-ce l’absence de divertissements violents ? Est-ce le contact plus étroit des parents avec l’enfant ? Est-ce la disponibilité d’activités alternatives ? Est-ce l’esprit de coopération entre les enfants pour atteindre un but commun ? Est-ce le fait que les enseignants les aidaient à décoder les messages du petit écran, s’intéressaient à leur passe-temps favori, les aidaient à décrocher ? Probablement un peu de tout ça, non ? Tenez-nous au courant !


              • jrev jrev 2 août 2008 17:50

                Bonjour à tous,
                Voilà 5 ans que j’ai mis la télé dans un placard, en attendant que l’envie de la regarder me revienne.
                Elle n’est pas revenue.
                Finalement je l’ai donnée.
                Mais ne devons-nous pas donner le meilleur de nous-mêmes et de ce que l’on possède ?
                Une explication à ce geste ?
                la télé nous cache la vérité, comme la pub qu’elle véhicule. Elle nous parle de ce qui ne nous intéresse pas et après l’avoir regardée nous ne pouvons plus agir  sur notre environnement


                • @politique @politique 2 août 2008 23:57

                  bla bla bla ...bla bla bla ...bla bla bla ...ou , comment remplir le vide avec du vide construit...avez vs deja regardé une rappe a fromage pendant des heures ....


                  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:10

                    Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi personne ne regarde une râpe de fromage pendant des heures ? Et pourquoi les enfants regarde la télé pendant 40 heures par semaine ? C’est parce que les images présentées à la télé sont conçues par des professionnels qui ont pour mission (et métier) d’utiliser des stratégies de séduction puissantes pour garder des cerveaux humains devant l’écran jusqu’au prochain message publicitaire. C’est Patrick LeLay, ex-pdg de TF1 qui nous l’a expliqué.Demandez à votre moteur de recherche préféré de trouver patrick lelay, et sa citation maintenant célèbre dans le monde entier.  


                  • rubempres rubempres 8 août 2008 14:50

                    LE PROBLEME N’EST PAS L’ECRAN MAIS CE QUI S’Y PASSE ET LE TEMPS QU’ON Y PASSE. C’EST UN JEUX DE MIROIR ENTRE REALITE ET SPECTACLE. NOUS (LES HUMAINS) AVONS UNE FORTE TENDANCE A L’OISIVETE ET LA PARRESSE DANS CES CONDITIONS ETRE SPECTATEUR EST PLUS SIMPLE QU’ETRE ACTEUR DE NOS VIES. MAIS CE NE SONT QUE DES CONVERSATION DE SALON, LES GENS SONT DES MOUTONS QUI SE CROIT DES LOUPS ET SEUL LE BATON PEUT VENIR A BOUT DE CETTE FAIBLESSE NATUREL.


                    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:24

                      Le problème c’est les deux : l’écran ET ce qu’il véhicule. C’est ce qu’il véhicule qui capte notre attention et nous captive. Les industries qui utilisent ces écrans pour nous divertir et nous garder prisonniers ont étudié nos vulnérabilités et savent en tirer profit. Il existe un moyen plus efficace et amusant que le bâton de nous libérer de cette prison séduisante. Ce moyen, c’est l’éducation, une victoire citoyenne républicaine obtenue après des millénaires de luttes. Un acquis en voie d’être déclassé par des industries médiatiques et publicitaires au pouvoir croissant. 


                    • croacroa 26 novembre 2009 16:07

                      non , pas un defi , une pitrerie de plus : pourquoi devrions nous retourner volontairement au moyen-age ???
                      Libre a l auteur de cet articulet comique de le faire , je n ai pas la pretention , moi , de dire a ce petit monsieur comment il devrait vivre !!!


                      • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:32

                        Comprendre le fonctionnement des médias ne ressemble en rien au Moyen-Âge. Éduquer les jeunes à décrypter des messages, à déjouer les stratégies des agences de marketing, à comprendre les impératifs auxquels doivent obéir les industries médiatiques, tout ça était impensable au Moyen-Âge. Alors je ne vois pas où est la pitrerie. Et puis éduquer les jeunes aux médias n’a rien en commun avec leur imposer une façon de vivre. Ce sont les publicitaires qui cherchent constamment à imposer une façon de vivre aux jeunes en utilisant les plus récentes découvertes en psychologie.  


                      • croacroa 26 novembre 2009 16:10

                        tout a fait d accord avec foxtronic je ne confierais pas mes enfants a ce type il est profondement malsain et totalement retrograde !!!


                        • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:42

                          Malsain et rétrograde ? Rendre des enfants conscients des impacts de leur consommation médiatique sur leur propre vie me semble plutôt sain et futuriste, non ? Découvrir que certains aliments peuvent nous rendre malades, n’est ce pas utile ? Même chose pour certaines scènes présentées sur les écrans.

                          En tous cas, les enfants et les ados auxquels je m’adresse retirent beaucoup de plaisir et de fierté à développer leur VOULOIR et leur POUVOIR de garder leurs écrans fermés pendant 10 jours et apprendre à voir autrement.

                          Tous les papas présents à la conférence où j’explique le DÉFI 10 jours sans écrans questionnent, commentent et votent parce que nous tenons à ce que la décision soit démocratique. Et devinez quoi ? Le vote est unanime. Tous veulent que leur enfant participe au projet.  

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