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Accueil du site > Actualités > Economie > Croissance : prudence !

Croissance : prudence !

Les articles et les éditoriaux se multiplient pour tirer des conclusions définitives des comptes économiques préliminaires du troisième trimestre 2006, publiés vendredi par l’Insee, qui affichent une croissance nulle pour cette période.

On ne saurait trop recommander la prudence aux commentateurs. Ces comptes trimestriels n’ont pas plus de signification, sinon moins, que ceux des entreprises. Aussi, comme le font la plupart des analystes sérieux, vaudrait-il beaucoup mieux s’intéresser aux douze mois glissants qui donnent une indication plus solide de la tendance de fond de l’économie française. Or celle-ci reste la même après l’annonce de vendredi. Nous tournons toujours au rythme de plus ou moins 2% de croissance, le recul de l’année 2005 se trouvant pour le moment effacé.

En juillet 2005, dans trois notes sur la politique économique, je soulignais que "notre défaut de croissance a trois causes principales : l’insuffisance de nos exportations, l’insuffisance de l’investissement des entreprises, l’insuffisance de l’innovation." Or si des initiatives significatives ont été mises en oeuvre en faveur des exportations et de l’innovation qui commencent à porter leurs fruits, rien de tangible n’a été entrepris pour encourager l’investissement public et privé.
C’est cette lacune qui, pour faire simple,explique que nous restions toujours en dessous de notre croissance potentielle, évaluée aujourd’hui à 2,25%, croissance potentielle que la révision récente des perspectives démographiques de la France conduit à maintenir légèrement en dessous de ce niveau jusqu’en 2015.

Les effets de cette lacune sont d’autant plus marqués que les efforts réels consentis pour encourager les exportations restent contrariés par l’absence d’une politique de change de l’euro qui leur serait favorable. Cette politique de change qui, je le rappelle, ne relève pas de la Banque centrale européenne, mais de l’exécutif européen qui, par le rejet par la France du traité constitutionnel européen, a été privé des moyens d’exister, et par voie de conséquence, d’exercer cette responsabilité.


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12 réactions à cet article    


  • (---.---.81.9) 16 novembre 2006 13:44

    « Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » - Kenneth Boulding


    • (---.---.185.253) 17 novembre 2006 09:33

      L’univers est peut etre fini mais tellement grand qu’on ne pourra en voir le bout avant des milliards de milliards de milliards de... gogoles d’annees. Sur terre, les resources sont encores suffisantes pour des centaines d’annees sans trop changer


    • (---.---.107.66) 21 novembre 2006 11:38

      « Sur terre, les resources sont encores suffisantes pour des centaines d’annees sans trop changer »

      Des chiffres ! On veut des chiffres ! Il ne suffit pas de balancer des opinions qui ne révèlent que votre incapacité à accepter d’envisager que quelque chose de grave puisse arriver.


    • LE CHAT (---.---.75.49) 16 novembre 2006 15:13

      ils peuvent raconter ce qu’ils veulent , les porte-monnaie sont de plus en plus vides !


      • Charles André Charles André 16 novembre 2006 16:28

        Même si les derniers résultats ne sont que trimestriels, la conclusion qui doit être tirée, et que vous tirez, de nos performances de croissance depuis un bon bout de temps est la même : l’investissement (des entreprises) est trop faible, en particulier en R&D, et nos performances à l’exportation sont plus que médiocres en raison d’une spécialisation géographique et sectorielle dépassée.

        Nous sommes ok sur le diagnostic, tirons-en les même conclusions : nos performances de croissance indiquent, encore une fois, que la France est sur la voie du décrochage (surtout du point de vue l’innovation, qui fait la croissance d’aujourd’hui et de demain).


        • Fabien Bardoux 19 novembre 2006 22:52

          Bravo Pierre,

          je me régale de vos interventions pertinentes et pleines de sagesses le matin sur BFM !


          • terremereaux (---.---.64.45) 19 novembre 2006 23:48

            Le diagnostic sur les lacunes de la France actuelle en termes d’innovation, d’investissement public et privé et sur les effets des changes me semblent aujourd’hui largement partagés. On les retrouvent dans les publications de l’INSTITUT MOINTAIGNE, de l’Institut de l’Entrepise et au hasard des interventions de Villepin et de Breton. Mais je pense qu’après l’accord sur les problémes et sur les moyens d’y remédier, l’enjeu devient celui de la gouvernance. Qui est aujourd’hui apte à conduire la politque macro-micro-méso-économique ? Les jeux de pouvoirs au niveau européen illustrent bien la difficulté de gestion de la décision sur la politique de change. Concernant l’innovation, je m’interroge sur la capacité de gouvernance globale au travers de la création de multiples agences : AII, ANR, instituts Turgots, Réseaux d’excellence ... Concernant les investissements, on peut constater chez EDF que les problèmes de gouvernance (essentiellement orientées ces dernières années sur l’ouverture du capital et la libéralisation du marché) n’ont pas permis d’engager les investissements nécessaires dans le nucléaire notamment pour occuper une place dominante au niveau européen. La gouvernance, la gouvernance : l’enjeu ultime, une fois qu’on est d’accord sur ce qu’il faudrait faire.


            • Forest Ent Forest Ent 20 novembre 2006 18:17

              « Le diagnostic sur les lacunes de la France actuelle en termes d’innovation, d’investissement ... me semblent aujourd’hui largement partagés. On les retrouve dans les publications de l’INSTITUT MOINTAIGNE, de l’Institut de l’Entrepise et au hasard des interventions de Villepin et de Breton. »

              Eh oui, c’est largement partagé dans un certain cercle. L’Institut Montaigne, créé par le président d’AXA, dirigé par lui, le président de Schneider, le vice-président du groupe Bolloré, etc ... L’Institut de l’Entreprise, think tank du MEDEF... Thierry Breton, ministre UMP des finances et ancien président de Thomson et France Telecom, mis en cause pour des problèmes de gouvernance dans les affaires Rhodia, Canal+technologies et ententes GSM.

              Bref, tous les gens qui sont responsables du manque d’investissements et d’innovations. Ils sont bien placés pour connaître les problèmes de gouvernance. On pourrait aussi parler d’Alstom, et de son achat à l’étranger d’ABB turbines, qui a viré au cauchemar, entraîné une subvention puis une revente à Bouygues pas nécessairement désavantageuse pour celui-ci.

              C’est vrai, il y a un problème de gouvernance. Je suppose que, par cohérence, tous ces gens consensuels vont présenter leur démission au vu de leurs propres résultats.


            • terremereaux (---.---.169.26) 21 novembre 2006 08:48

              C’est vrai que je n’ai fait référence qu’à des groupes sous influence patronale !!!! Il faut que je fasse attention. Je dérive ! Mais, je me laisse embarquer car ce sont les seuls organisme a publier des rapports et notes sur des sujets qui m’intéresse. Mais merci de me remettre à ma place.

              Concernant l’appel à la démission de tous ces gens, si sur le principe je suis assez d’accord, je me demande aussi qui prendra leur place. Quand je vois la nouvelle génération des managers, ils me semblent assez inhumains !!! Froids ! Cost killer à la sauce McKinsey ! Donc je ne sais pas. Je pense que les employés de PSA ne vont pas beaucoup rigoler. Ceux de Deutsche Telekom non plus. La génération HEC-MBA me fout la trouille ...


            • Forest Ent Forest Ent 21 novembre 2006 20:26

              « merci de me remettre à ma place »

              Houla ! Non, pas du tout. C’était une remarque sur le patronat, pas sur vous ni sur votre texte. On n’est pas des brutes.

              Quand à savoir qui prendrait le pouvoir à leur place, c’est bien évident. A l’heure actuelle, la grande majorité des grandes entreprises mondiales appartient à des capitaux anonymes et banalisés gérés par des établissements financiers : banques, assurance, fonds d’investissements, caisses de retraite, etc ... Le pouvoir est logiquement pris par des spécialistes d’ingénierie financière. C’est quelque chose que j’ai assez fortement vécu dans ma vie professionnelle il y a 10 ans, quand ma boîte a été rachetée par un fonds d’investissement, qui y a mis comme patron un spécialiste de fus-acq.

              Le souci avec l’ingénierie financière est qu’elle ne donne pas la moindre idée du monde réel, de l’entreprise, des aspects opérationnels, etc ... Ca donne un management très court terme, content quand il diminue les dépenses, et sans aucun souci pour l’avenir. Moi, j’ai trouvé ça assez destructeur.


            • PBi (---.---.118.225) 20 novembre 2006 18:49

              A Forest Ent Pour la clarté du débat, je crois utile de rappeler :
              - que, pour surmonter sa crise financière,Alstom n’a reçu aucune subvention de l’Etat, mais que celui-ci a pris en deux étapes une participation de 700 millions d’euros qu’il a revendu 2 milliard d’euros à Bouyghes, réalisant ainsi en dix-huit mois une plus-value de 1,3 milliard d’euros, ceci sans compter 300 millions d’euros de produits financiers divers, sans doute une des meilleures transactions que l’Etat ait jamais faite ;
              - que si, les turbines à gaz GT24/GT26 qui constituaient l’un des produits parmi d’autres d’ABB Power ont connu des défauts techniques majeurs qui ont causé la crise financière, aujourd’hui, ces machines sont parmi les plus compétitives du marché, comme le montrent les commandes enregistrées depuis lors, et que l’activité Power Service, un autre élément d’ABB Power n’a cessé de produire des résultats substanciels tout au long de la période.

              Ce cas de figure me semble donc trop particulier, pour constituer une référence utile, dans le débat légitime sur le diagnostic de la situation économique, mais en revanche pourra peut-être un jour alimenter une réflexion utile sur la manière dont le système financier peut et doit gérer des situations de sinistre technique majeur, qui pour rester heureusement exceptionnelles ne sont néanmoins pas rares.

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