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Accueil du site > Actualités > Info locale > Stylos Reynolds, les conséquences inattendues d’une loi

Stylos Reynolds, les conséquences inattendues d’une loi

Une réorganisation du site de production est effectivement en cours, des salariés abattus, un bassin d’emploi sinistré.

Les journées des 28 et 29 juin ont été des journées non travaillées sur les sites de production (Valence) et logistique (Malissard) de l’entreprise Reynolds SAS. Dans un article précédent, rendez-vous était pris avec des représentants du groupe Newell Rubbermaid. Ces derniers se sont donc réunis avec les représentants des salariés à 11 h le 29 juin 2006 à Valence. Un exposé argumenté de Mme Schorter Le Bret a mis l’accent sur les conséquences de la loi Dutreil encadrant les relations avec la grande distribution. Il semble en effet que pour pouvoir conserver des prix bas sans risquer la vente à perte, la loi Dutreil limite le recours aux remises dites « marges arrière » dans la grande distribution. Cette dernière étant toujours friande de prix bas, les industriels doivent baisser leurs prix et conserver des marges descentes. Comme le marché du stylo dit « every day pen » est très concurrentiel, notamment en raison de la présence de plus en plus importante des marques de distributeurs (produits sans marques), la conservation de marges ne peut se faire que par une baisse des coûts de productions. La situation est déjà préoccupante, mais le deuxième volet de cette loi sera mis en oeuvre en janvier 2007, ce qui aggravera encore le problème. Le site de Valence n’est, dans ces conditions, plus considéré comme concurrentiel. Si les organisations représentatives du personnel ne remettent pas en cause les effets de cette loi, elles font remarquer que les PRU (prix de revient unitaires, c’est-à-dire les coûts de production) utilisés pour faire les calculs sont ceux de 2004. Ils ne tiennent pas compte des gains de productivité générés par la mise en ligne (réorganisation de la production par lignes de produits, par opposition à une production organisée par ateliers) par conséquent, les calculs de marge ne sont pas exacts.

Pendant les presque neuf heures de réunion, émaillées de suspension de séance, de retour des représentants vers les grévistes, de conciliabules avec les représentants départementaux des syndicats, de tasses de café : il est peu à peu apparu que le site allait subir « une réorganisation lourde ». Selon les représentants de la direction, la réflexion est encore en cours (quoique vraisemblablement dans sa phase finale), mais rien n’est encore définitivement fixé. Le projet définitif sera en effet l’assemblage des différentes options retenues. La décision sera prise au plus haut niveau du groupe Newell Rubbermaid. Devant l’insistance des représentants du personnel, la direction accepte de communiquer sur les hypothèses de travail le 12 juillet. Les représentants verront M. Leclerc le 5 juillet pour convenir des conditions dans lesquelles information et légalité pourront être rendues compatibles. Il existe en effet un risque juridique pour la direction à livrer, actuellement, trop d’informations hors cadre légal. Comme le personnel souhaitait principalement interpeller les dirigeants, le travail a donc repris progressivement le 1er juillet. Les salariés ont, semble-t-il, choisi d’économiser leurs ressources en contestation. Assez curieusement, la direction propose de payer les jours de grève (ce que ne demandaient pas les organisations syndicales). Le protocole de sortie de grève est signé le lendemain matin (1er juillet) entre les différents protagonistes.

Ce qui est certain, c’est donc que le site de Valence (320 personnes) subira une lourde réorganisation au cours des mois à venir. Il est par ailleurs raisonnable de penser qu’une réorganisation importante laisserait un site exsangue sans véritable justification. La fermeture n’est donc pas exclue du tout.

Les élus locaux ont pris contact avec les représentants du personnel et une réunion est prévue le 13 juillet. L’usine Reynolds de Valence est en effet une figure historique du tissu industriel de Valence, et la dernière usine locale n’ayant pas subi les contrecoups de ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation. Il existe certes encore d’autres usines, mais elles ont tellement changé de raison sociale, d’actionnaires, elles ont subi tant de plans dits sociaux, que chaque famille valentinoise a été touchée. Reynolds vient donc clore cette liste funeste. Les salariés restent attentifs aux évolutions de la situation, mais ils ont pris un grand coup, et le pire est déjà dans toutes les consciences.

Des info. en temps réel sur le blog Restructuration.


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8 réactions à cet article    


  • Eric (---.---.41.175) 5 juillet 2006 15:42

    Article intéressant et salutaire.

    Quels sont les enjeux réels ? Coûts de production, délocalisation, concurrence des marques de distributeurs (où sont-elles fabriquées ?) Il serait peut-être intéressant que vous nous donniez des informations globales assorties d’analyses stratégiques, de manière à bien mettre en perspective le phénomène.

    Le sujet que vous traitez est d’une importance capitale. J’aimerais connaître votre sentiment devant le fait qu’à presque 16h aujourd’hui, votre article n’a fait l’objet d’aucune réaction. Sans porter de jugement, j’éprouve un certain malaise face à l’apathie générale du public pour un événement semblable.


    • DiogenePasCynique DiogenePasCynique 6 juillet 2006 08:09

      Bonjour,

      Pour les enjeux réels, les coûts etc., je ne peux, actuellement, me servir de données confidentielles (sans être embêté). Que l’on sache simplement que le site peut être rentable (j’y reviendrai dans un prochain article). Je ne suis malheureusement pas un pro de la profession (analyse financière et stratégique) et mes réflexions ne valent que comme celle d’un citoyen. Pour ce qui est de l’apathie, ma recette est de remplacer la télé la par la lecture...

      Merci en tous cas.


    • Guilhem / Valence (---.---.91.97) 5 juillet 2006 18:03

      Que veux tu dire de plus c’est pas bien pas beau. Il faut toujours plus de profit, par contre pensez y la prochaine fois que vous achèterez un stylo pas cher en supermarché (valable aussi pour tous les autres produits). Quand il n’y aura plus de consommateurs pour acheter leurs produits même à bas prix, ben ils y penseront pour l’instant ce qui les intéresse c’est plus de profits. Bientôt un système communiste à l’envers (le dictature du monopole). De toute façon tu veux y faire quoi ? T’as la clé ? Les décisions se prennent dans des organisations non élues (type OMC) et s’imposent aux états.


      • DiogenePasCynique DiogenePasCynique 6 juillet 2006 08:27

        Bonjour,

        En exergue du blog cité, il est une référence (Thucydide) sur la liberté. Je suis encore assez jeune pour n’être pas fatigué de tout cela, aussi, pour l’instant je ne baisse pas les bras (par ailleurs c’est pas mal pour les contacts humains...). Je me dis que si on est plusieurs à faire pareil, tôt ou tard ça devrait évoluer ...Je me souviens qu’au CM1, un instit nous faisait chanter une chanson, l’Estaque (L’estaco, chanson antifranquiste de Lluís LLACH) qui disait notamment :

        Si nous tirons, il va tomber C’est sûr ça ne peut plus durer. Sûr qu’il tombe, tombe, tombe, Il est déjà bien penché. Si tu la tires fort par ici Et si moi je la tire fort de là aussi, C’est sûr qu’il tombe, tombe, tombe Et à nous la liberté !

        Voilà.


      • N 07 (---.---.106.177) 7 juillet 2006 16:35

        Bien dit : comme on l’a dejà dit et qu’on ne le dira jamais assez achetons FRANCAIS le probleme c’est que ca ne marche qu’un temps aprés on passe à autre chose et on oublie c’est toujours la meme chanson ... pas pour faire de la pub mais pour defendre notre marque, un exemple on m’a offert des feutres made in China et bien à l’interieur quasi pas d’encre resultat meme neufs ils sont secs ... sur que fabrication Valence c’est un peu plus cher mais uplus fiable aussi ... à chacun de choisir ...


        • who_cares (---.---.159.75) 10 juillet 2006 10:30

          J’achète français quand j’estime que la qualité sera à la hauteur de mes espérances.

          Ayant eu plein de problèmes avec ma Clio II, il est certain que ma prochaine voiture sera une japonaise (Toyota ou Honda) et non une française.

          - L’usine Toyota de Valenciennes fait aussi travailler des français.

          - Note amusante : le groupe d’intervention rapide de la gendarmerie (donc le ministère de la défense donc l’état) s’est récemment équipé de Subaru impreza WRX (japonais) abandonnant la Peugeot 306 16S.

          Concernant les stylos, j’ai toujours préféré Waterman à Reynolds tant au niveau de la glisse sur le papier qu’a la rigidité de la plume. Waterman est rattaché à Sanford (filiale du groupe américain Newel Rubbermaid) depuis 2001.

          Même si je préfère acheter un produit américain qui me convient plutôt qu’un produit français qui ne me convient pas, je ne vais certainement pas me réjouir de la regrettable situation dans laquelle se trouve l’usine Reynolds de Valence.


        • FURAX (---.---.243.151) 10 juillet 2006 07:31

          Il suffit de ne plus acheter chez les hard discounters sauf nécessité, et penser un peu que ce n’est pas pour rien que les produits de ces magasins sont moins chers.

          Lors de mes achats, je fais attention à ne pas acheter tel ou tel produit car je sais très bien d’où ça provient,...ce n’est pas très compliqué à comprendre, vous les voyez très bien sur les cartons d’emballage entre autre, genre : TAIWAN R.O.C, CHINA R.O.C (republic of china) à 95 %, le reste est fait en Afrique du nord.

          En plus je ne vous parle pas ici de l’impact sur l’environnement de ce genre de provenance, ils s’en foutent royalement !

          Mais nous sommes dans une implacable logique qui veut que nous consommions mais sans presque rien dépenser...

          Cela dit, ces produits sont pour la plupart des vrais saloperies qui cassent ou tombent en panne, ou pire, ne servent à rien( ?).

          Mais, comme disait mon grand-père : le bon marché est toujours trop cher, et il avait bien raison !

          Cela veut dire qu’il vaut mieux acheter un produit de qualité fait dans des usines ou ateliers décent, plutôt que des merdes que l’on rachète tous les six mois mais qui sont effectivement moins cher sur le court terme, et il est là le fond du problème, LE COURS TERME !!!


          • ThE MaGiCiaN (---.---.222.198) 22 juillet 2006 21:45

            « Mais nous sommes dans une implacable logique qui veut que nous consommions mais sans presque rien dépenser... »

            Nous sommes surtout dans un implacable état de fait qui fait que l’on ne puisse plus dépenser sans s’encquérir au préalable des sommes dues envers impots, loyers, nourriture etc...

            Manger un tant soi peu de facon saine sans être tenu de s’en tenir aux hard dicounteries étranges qui en quelques années se sont de qualité bien dégradées , coute cher, et releve de la capacité de moins en moins de personnes , sans sacrifice d’achats moins « prioritaires ».

            Les stylos atteignent maintenant des tarifs réellement exhorbitants, et les reynolds ne sortent pas du lot ! Enfin, à prix équivalent, les reynolds sont généralement moins solides, esthétiques et pratiques à l’utilisation, que les marques concurrentes.

            Alors, à ce niveau là de vie, le patriotisme, je me le carre bien profond dans une cartouche, et je vous écris avec une plume de pigeon que je ne suis pas.

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