• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Anquetil tout seul, et Matila Malliarakis

Anquetil tout seul, et Matila Malliarakis

La compétition cycliste vous indiffère ? Les tribulations de Virenque, Armstrong, Froome et autres vous exaspèrent ?? Le dopage vous hérisse le poil ??? Ce spectacle est fait pour vous. " Anquetil tout seul" incarné par le formidable Matila Malliarakis vous fera comprendre que les champions de cette dimension sont des héros épiques, pas forcément des modèles, mais des héros .

Anquetil … Dans la légende des cycles*, c’est un Lancelot du Lac revu et dérangé par Shakespeare qui en fait un de ces héros monstrueux dans leur démesure, mais un héros. Un sorte de Cyrano prêt à tous les défis. Pas forcément un modèle, mais quel destin, et quelle volonté hors du commun pour l’accomplir. Ce spectacle d’une intensité rare nous fait entrer dans toutes les arcanes qui mènent un champion aux sommets de son art. Anquetil a été un phénomène unique en son genre. Il a repoussé les limites grâce à des moyens physiques exceptionnels, il n’est pas le seul, mais il a eu un plus, l’orgueil majuscule, le plus efficace des dopants. En supplément des « soutiens » et fortifiants qui sont en usage dans ces sports parfois inhumains.

Matila Malliarakis incarne Jacques Anquetil avec une présence bluffante, surtout pour ceux qui ont été contemporains de cette époque. Et si vous avez un peu pratiqué le vélo, même en simple cyclotouriste, Matila fait ressurgir dans votre corps le souvenir des douleurs dans les muscles quand il faut monter l’Izoard ou le Tourmalet. Et si vous n’avez jamais fait de vélo, vous comprendrez ce qu’il faut de force, de souffrance, de volonté et de courage, ou d’inconscience pour devenir Anquetil, un hyper champion qui a trangressé toutes les règles établies, autant dans sa vie sportive que familiale. Ce fut la quête de l’impossible exploit, ce qu’il a fait, aucun coureur au monde ne l’a fait. Et dans cette folie que fut le doublé vainqueur Critérium du Dauphiné/Bordeaux-Paris, il a mis à ses genoux un public qui lui a souvent préféré Poulidor, son éternel second. Car Poulidor ressemble à plus à la majorité « normale » que ce géant d’Anquetil. Ce provocateur qui a défié le monde cycliste en prenant position très clairement sur le dopage. Quelle que soit l’approche qu’on ait de ce sujet, son discours est cohérent. Matila Malliarakis est Anquetil, il est sa voix, ce qu’il a dit en 1968, repris texto, est valable en 2016. Ce n’est en aucun cas un plaidoyer pour les artifices, tous les produits ne feront jamais d’un percheron un pur sang gagnant les grandes courses, c’est juste un constat. Lucide.

anquetil-tout-seul-et-gem-aa-14-09-2016-19-23-07-1765x2089Dans son épopée scénique, Matila Malliarakis est entouré des deux personnages les plus importants de la geste anquetilienne, Janine, la dame blanche*, blonde, la scandaleuse, confidente et égérie, et le grand fusil, Raphaêl Géminiani, un condottiere à la faconde pagnolesque, au verbe fleuri, une sorte de corsaire intrépide, le parfait compagnon qui a su magnifier les rêves les plus fous de ce maître impitoyable que fut Anquetil. Et ensemble, ils ont constitué une escouade de coursiers-flibustiers qui a bien secoué les traditions des pelotons entre 1960 et 1969.

Il n’est pas indispensable d’être un aficionado de vélo pour se nourrir de cette pièce, écrite à partir du livre Paul Fournel, (adaptée par et mise en scène par Roland Guénoun) pour qui Anquetil fut le dieu du cyclisme, c’est toute la problématique des champions du sport professionnel qui est mise en filigrane, et ça reste actuel. C’est aussi la problématique de la vie en général, qu’êtes-vous prêts à faire pour sortir du commun des mortels ? Qu’êtes-vous prêts à VOUS faire ?? Car c’est avant tout le combat de l’homme contre lui même qui lui permet de dépasser la moyenne, et ça c’est valable dans tous les domaines, se dépasser pour aller au delà de quelque chose qu’on n’explique pas forcément, mais aller au bout de soi, et ne rien regretter. Quoi qu’il arrive.

anquetil-tout-seul-et-janine-envalira-14-09-2016-19-33-44-1394x2111Au cours de cette traversée scénique, on a croisé Darridage, Antonin Magne, Poulidor bien sûr, Baldini, Anatole Novak, Stablinski, interprétés par Stéphane Olivié-Bisson (qui est surtout Géminiani) et la belle dame blanche, Janine-Clémentine Lebocey, qui interprète aussi Sophie et Annie, les femmes de la vie de Jacques… De cette situation particulière, (voir le livre de Sophie Anquetil) Sophie dira « j’ai eu deux fois plus d’amour  » C’est ce qu’on peut retenir de cette histoire compliquée, point d’orgue de la vie d’un monstre sacré, un sacré monstre. Tout est dans la pièce, c’est à 19 h au Studio Hébertot jusqu’au 13 Novembre 2016.

  • La légende des cycles (Antoine Blondin) La dame blanche, clin d’oeil à Fausto Coppi qui avant Anquetil avait scandalisé l’Italie avec « sa dame blanche » en rupture de ménage pour son champion.

Norbert Gabriel

Infos, détails pour réserver, c’est là : http://www.studiohebertot.com/


Moyenne des avis sur cet article :  2.43/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • alinea alinea 16 septembre 2016 22:09

    À propos de Anquetil, le vrai !! vous connaissez :
    "À propos de ses articles, Jacques Anquetil eut ce mot à l’arrivée d’un Tour de France : « Ne me demandez pas de vous raconter ma course, il y a plus compétent que moi pour le faire. Le public ne retiendra pas ce qui s’est réellement passé, mais ce que l’on va en écrire ou en dire. Et moi-même j’attends de lire demain l’article de Pierre Chany dans L’Équipe pour savoir ce que j’ai fait, pourquoi et comment je l’ai fait. Comme il fait autorité, qu’il est compétent, qu’il me connaît et me comprend, sa version sera meilleure que la mienne et deviendra la mienne. »
    Pierre Chany, (
    la « fabuleuse » plume cycliste de l’Équipe de 1953 à 1987 !!) qui a écrit un livre sur Jacques Anquetil.


    • velosolex velosolex 17 septembre 2016 00:40
      Les Cahuzac sont légions, en politique, tout comme sur un vélo. 
      Des christ qui ont monté le Golgotha et le Tourmalet, tous n’avaient pas de couronne d’épines sur la tête. En tout cas ne ressentaient pas tous la même souffrance !...Certains même maintenant ne cherchent même plus à la simuler, assis sur leur vélo comme dans un fauteuil d’opéra à écouter l’air de la reine de la nuit..C’est fou ce que certains produits vous procurent comme enthousiasme ; On fabrique des légendes à la louche, pourvues de bons mollets, pourvu que le public accepte de les gober. Regardez ce foireux d’Amstrong, adulé pendant des années, béni par les foules, alors que ce pauvre Christophe Basson, qui désignait le voleur de feu a été exclu du peloton pour avoir oser dire que le roi était nu. 
      Anquetil c’est un peu l’Amstrong d’avant. Hâbleur et matois, sachant avant les autres jouer avec la trousse à médicaments, peut être bien les transfusions, à ce que j’ai lu, à ce qu’on m’a dit, mon bon monsieur. Ne me parlez pas de mes sources, de sa vie intime, un peu sulfureuse, un peu incestueuse, de ses mensonges, de son arrivisme. 
      Le vélo dit on est une grande famille. j’en dit trop ou pas assez...Je me tais, je ne suis qu’un pauvre velosolex à moteur assisté, sans doute un peu envieux. Mais revenons à Bassons, Christophe de son prénom. C’est mon héros à moi. Un type qui marchait à l’eau claire, et lâchait Richard virenque son copain entrainement dans les côtes. Il a craché sur le serpent à écailles du tour, et le grand patron Amstrong qui avait marché sur une crotte de chien sur la lune, s’est approché un jour de lui et lui a dit gentiment : « Maintenant tu dégages ! »..
      .Une histoire à la camus, que ne racontera pas Vaillant, Briquet et Chany, préférant le soir prendre des coups avec les champions bénits par la mafia. La sky n’a plus rien à voir avec Lucy, et pédale dans le ciel avec un moteur dans le vélo. Bassons, c’est de lui que votre spectacle aurait du parler au lieu de répéter les fausses légendes des siècles. 
      Mais enfin n’est pas Hugo qui veut ! Ni Zola qui adorait le vélo, engin délicieux qui milita avant les suffragettes pour la libération de la femme, ; rien à voir avec Jeannie Longo cependant. 
      Bassons bien sûr, et puis Gilles Delion, flamboyant vainqueur du tour de Lombardie qui préféra arrêter sa jeune carrière plutôt que de voir doublé par des mulets qu’il battait l’année d’avant à plate couture. 

      Le grand champion, c’est celui qui vous rêviez de rencontrer quand tout gamin, vous suiviez le tour de France, pour vous donner des conseils, persuadé qu’un jour vous le gagneriez à votre tour...C’est quelqu’un qu’on ne voit pas que de profil, comme une peinture égyptienne, mais qui accepte de regarder les autres en face.
       

      • norbert gabriel norbert gabriel 17 septembre 2016 01:25

        @velosolex

        Je comprends bien votre discours, sur lequel il n’y a rien à dire sur le fond, juste un détail, ce n’est pas « mon spectacle » ; c’est un spectacle que j’ai vu.. Vous mélangez plusieurs choses, mais bon.
        Il n’est pas question de faire un cours de morale sportive, mais du portrait sans concessions d’un champion hors du commun, avec toute sa démesure et ses excès. C’est de cela dont il est question dans ce spectacle. Pour votre point de vue sur les fausses légendes, c’est votre point de vue. On peut ne pas le partager, sans être pour autant un adepte de la triche... D’ailleurs, à l’époque, qui ne prenait pas de« fortifiants » ?


      • norbert gabriel norbert gabriel 17 septembre 2016 01:36

        Post-Scriptum : il s’agit d’une pièce de théâtre. Quand on va au théâtre voir Richard III, Othello, ou Caligula, on n’y va pas forcément pour l’admiration dévote des personnages... Là, c’est pareil.


      • velosolex velosolex 17 septembre 2016 09:58

        @norbert gabriel
        Comme beaucoup, je suis très ambivalent sur ce sport, ne parvenant pas à me désintéresser, et continuant malgré tout au fil des années à suivre le tour, un peu comme un toxico se contentant d’un peu de mauvaise came....J’alimente il est vrai par la pratique....Comme pour la boxe, jadis, deux disciplines éminemment populaires, et soumises à la tricherie, car plus que d’autres soumises aux aigrefins et aux intérêts et aux combines, le public n’a eu pendant longtemps accès qu’aux fameuses « légendes », aussi mensongères souvent que les analyses enfiévrées des bataille de 14. Ce spectacle dont vous parlez surfe sur ce mythe, un peu défraîchi. C’est qu’il faut bien l’avouer, l’ivresse est éteinte : Ces champions totalement formatés, robotisés, et la connaissance du public de certains mécanismes nous ont amené à l’ère du désenchantement. 

        Roland Barthes ne ferait pas tout à fait la même chronique qu’il avait fait en 59 sur le tour....
        Ce spectacle vaut ce qu’il vaut, mais sa valeur semble bien dimensionné aux rêves éteints, à une nostalgie qui tenait autant du spectacle de l’époque, d’Yvette Horner jouant sur son camion de l’accordéon. De la triche, je pourrais vous en dire des pages et des pages, vous conseiller ce petit opus de Pouy sur une course de vélo : 53-13, dont la fin est bien désanchantée. Les dés sont pipés, il faut se boucher les yeux ! La tricherie dans le temps était ce qu’elle était, moins scientifique, souvent aberrante et parfois totalement contre performante. De ceux qui ont amené l’ère nouvelle, bien que ne disposant pas encore de l’EPO, ce réacteur, Anquetil , à ce qu’on en dit certains, semble avoir été le premier a tester les auto transfusions, comme lors de ce fameux Bordeaux paris dont vous faites allusion...A jouer au docteur Faust, les champions, qui ont un physique hors du commun pourtant, finissent par se rogner les ailes, et tombent comme icare...Anquetil, Bobet, Fignon, les noms de champions morts prétendument sont légions. Ne parlons pas de Pantani. 

      • norbert gabriel norbert gabriel 17 septembre 2016 12:03

        @velosolex
         Ce que je peux ajouter, en tant qu’ancien cyclotouriste, c’est qu’à travers la performance du comédien, j’ai presque retrouvé des sensations, et des douleurs éprouvées dans quelques difficiles montées de cols, sans aucune vélléîté de compétition, à l’époque, le plaisir de faire du vélo était lié à la liberté de voyager sans contrainte, économiquement, avec le plaisir de se dépasser parfois. Un peu comme les conquérants de l’inutile, juste se faire plaisir à la force de ses mollets... Et ça, c’est toujours actuel dans cette approche du sport plaisir...


      • velosolex velosolex 17 septembre 2016 12:46

        @norbert gabriel
        Je vous rejoint tout à fait. On pourrait faire un bout de route ensemble, comme ces cyclistes de rencontre chez qui je retrouve d’instinct tout un langage commun. On ne parle pas assez de la dimension philosophique de la bicyclette, objet magique, qui nous fait pédaler en dedans, en au dehors de soi. 

        Que dire du tandem que je pratique aussi avec ma compagne, parfois sur plusieurs jours, avec 30 kgs de bagages, et qui entretient une incroyable convivialité et des sourires de complicité et d’indulgence partout où nous passons. 
        Nous sommes au travers ce que les autres nous perçoivent, et nous ne faisons pas le même voyage selon notre monture. Rien de tel que le vélo pour s’en apercevoir, et mettre la philosophie du dépouillement et de émerveillement en pratique !...La littérature s’est parfois intéressé au vélo. Connaissez vous par exemple ce petit livre de Wells, récit initiatique et exaltant, prônant les avantages énormes de cette machine parfaite, dés son origine, et qui reste révolutionnaire : La Burlesque Équipée du cycliste — Wikipédia

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité