Vers un nouveau centre ?
Dans un paysage politique complètement bouleversé, le Centre veut croire à sa chance. Mais Bayrou le béarnais peut-il influencer Macron le mondialiste ?
Il est désormais derrière nous le temps où les élections présidentielles ne proposaient aux électeurs qu’une donne bi-partisane. Ou bien la droite (post)gaulliste, ou bien la Gauche plurielle à dominante socialiste. Avec la montée en puissance du Front National, ces dernières années, on a cru – hâtivement - que le tripartisme allait s’imposer dans la vie politique française. Mais à l’examen des différents courants en lice, on voit vite que les choses sont devenues plus compliquées. Quelles sont les principales formations en présence ? Sur le côté gauche du spectre de cette prochaine élection, c’est la division entre les deux courants majoritaires, le socialisme progressiste de Benoit Hamon et le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ces deux là auraient pourtant tout intérêt à s’allier mais leurs égos de leaders revendiqués les empêcheront sans doute de le faire. Et c’est sans parler des dissensions qui agitent le parti socialiste depuis le résultat des récentes primaires citoyennes. Du côté droit ce n’est pas moins aigu, avec des oppositions marquées chez les Républicains ; oppositions ravivées par les « affaires » mettant en cause la probité – sinon la légitimité – de François Fillon. Quant à la droite extrême incarnée par Marine Le Pen, elle reste, malgré quelques valeurs partagées, incompatible avec l’européisme convaincu de la droite républicaine.
Reste le Centre : l’UDI de Jean-Christophe Lagarde et le pâle Modem de François Bayrou. Si le premier soutient globalement Fillon, malgré de nombreuses velléités « macronistes » dans son parti, le second s’est rallié, contre toute attente, au jeune leader d’En Marche. Le maire de Pau ne sera donc pas candidat, pour la quatrième fois, à une élection présidentielle et s’il le regrette peut-être, il sait parfaitement qu’il n’aurait eu aucune chance d’être à nouveau le « troisième homme », comme il le fut dix ans plus tôt. Autant essayer, pour lui, d’infiltrer le programme - maintenant révélé – d’Emmanuel Macron pour lui apporter la pondération de son expérience politique et assouplir son libéralisme affirmé. Bayrou dit ne rien attendre en retour de ce rapprochement stratégique mais il est permis d’en douter. Dans cette alliance (qui ressemble à une forme de commensalité), il n’est d’ailleurs pas certain que ce soit le plus vieux qui influence le plus jeune. C’est même tout le sel de cette aventure qui a pour but déclaré de faire du courant centriste la quatrième force de cette campagne. Parviendra-t’il à tenir durablement cette difficile ligne médiane entre deux exigences contradictoires ? Ou donnera-t’il, une nouvelle fois, raison à François Mitterrand lorsqu’il insinuait que le centre n’est ni à gauche ni à gauche ?
Jacques LUCCHESI
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