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Commentaire de Emile Mourey

sur Arguments en faveur de l'historicité des évangiles


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Emile Mourey Emile Mourey 21 juillet 2007 12:13

@ Michel Maugis

Concernant Jean Baptiste, voici le texte de Flavius Josèphe (traduction ancienne de qualité très moyenne) : « Après la défaite d’Hérode le Tétrarque, plusieurs Juifs ont cru que c’était une punition de Dieu à cause de Jean surnommé Baptiste. C’était un homme d’une grande piété qui exhortait les Juifs à embrasser la vertu, à exercer la justice et à recevoir le baptême après s’être rendu agréable à Dieu, en ne se contentant pas de ne point commettre quelques péchés mais en joignant la pureté du corps à celle de l’âme. Ainsi comme une grande quantité de peuple le suivait pour écouter sa doctrine, Hérode craignant que le pouvoir qu’il aurait sur eux n’excitât quelque sédition parce qu’ils seraient toujours prêts à entreprendre tout ce qu’il leur commanderait, il crut devoir prévenir ce mal pour n’avoir pas sujet de se repentir d’avoir attendu trop tard à y remédier. Pour cette raison, il l’envoya prisonnier dans la forteresse de Machero, et les Juifs attribuèrent la défaite de son armée à un juste châtiment de Dieu d’une action si injuste. »

Comme cela apparaît dès le début de ce texte, ce n’est pas sur le plan de la morale familiale qu’il faut juger ce texte - comme on l’a fait jusqu’à maintenant - mais sur le plan militaire et politique, dans une situation de conflit.

Cette situation se caractérise par une montée en puissance, depuis Petra, de la puissance arabo-nabatéenne en direction de Damas, côté est du Jourdain et par un renforcement de l’empire romain sur la Palestine, côté ouest du Jourdain.

En divorçant d’avec sa « légitime », laquelle était fille du roi arabe nabatéen Aretas, pour épouser la femme de son frère, Hérodiade, laquelle était, par le sang, liée à la dynastie hérodienne alliée aux Romains, Hérode Antipas, alias le Tétraque, a manifestement renoncé à l’alliance nabatéenne et choisi l’alliance romaine. D’où l’intervention militaire arabo-nabatéenne « logique » et la défaite d’Hérode.

Derrière le discours moral de Flavius Josèphe, c’est la réalité de l’histoire dans une situation de conflit qui me convainc que ce passage est bien authentique.

Concernant Jésus, le passage est le suivant (traduction ancienne de qualité très moyenne) : « En ce même temps était un homme sage si toutefois on doit le considérer simplement comme un homme tant ses œuvres étaient admirables. Il enseignait ceux qui prenaient à être instruits de la vérité et il fut suivi non seulement de plusieurs juifs mais de plusieurs gentils. C’était le Christ. Des principaux de notre nation l’ayant accusé devant Pilate, il le fit crucifier. Il leur apparût vivant et ressuscité le troisième jour comme les saints prophètes l’avaient prédit et qu’il ferait plusieurs autres miracles. C’est de luy que les chrétiens que nous voyons encore aujourd’hui ont tiré leur nom. »

S’agit-il d’un rajout postérieur, je ne sais pas. Mais si ce passage est authentique, il ne signifiait certainement pas la même chose pour les lecteurs de l’époque que pour ceux d’aujourd’hui. Pour les lecteurs de l’époque, c’était ou bien une sorte de main tendue par l’empereur Vespasien, protecteur de Flavius, à une communauté religieuse aux contours encore mal définis, ou bien tout simplement une histoire anecdotique teintée de merveilleux qui n’étonnait personne. Flavius Josèphe lui-même croyait aux présages et n’hésitait pas à relater avec le plus grand sérieux du monde des visions de troupes armées dans le ciel. Et puis, dans le langage courant de l’époque, que signifiait le mot « christ » ? En revanche, s’il s’agit d’un rajout, pourquoi qualifier Jésus d’homme sage ? Un simple Boudha ?

En fait, ce passage ressemble un peu à une information puisée dans les Actes des apôtres, évidemment sans critique historique.


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