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Commentaire de Espérance

sur Psychiatrie, antidépresseurs & co


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Espérance 25 janvier 2008 20:44

Docteur Malraux,

Je suis sidérée et vraiment inquiète après avoir lu votre article. Comment pouvez-vous réduire le traitement de la dépression à des catégories, des marques d’antidépresseurs dont l’efficacité serait ou ne serait pas prouvée scientifiquement ? Vous qui êtes psychiatre, vous devez savoir que ceux et celles qui prennent des antidépresseurs ne deviennent plus que l’ombre d’eux-mêmes, alors que leur souffrance tient justement au fait qu’ils sont en difficulté à devenir ce qu’ils sont appelés à être. 

Quand j’avais 20 ans (j’en ai 40), j’ai fait une dépression canon : j’ai été hospitalisée à l’étage psychiatrique d’un important hôpital universitaire. Là, je croyais que j’allais enfin sortir du trou ; au contraire, « on » a failli m’achever à coups d’antidépresseurs.  A cet étage, j’ai vu des êtres humains devenus zombies sous l’effet de la camisole chimique et qui erraient dans le couloir et la salle commune en titubant et en traînant les pieds. J’ai vu des patients égarés et les cheveux dressés sur la tête après avoir subi des électrochocs parce que les antidépresseurs ne « pouvaient rien » pour eux. Quand on m’a lâchée un mois plus tard dans la nature, bardée de plaquettes d’antidépresseurs et d’anxiolytiques,  j’étais bien plus mal que lors de mon arrivée, j’étais même au plus mal.

Heureusement, j’ai eu la chance, apparemment rare, de rencontrer un psychiatre qui m’a dit être contre les traitements médicamenteux. Il m’a aidée, pas à pas, à affronter mes peurs, mes angoisses, à traverser les épreuves de la vie auxquelles personne n’échappe, à faire face à ma violence et à apprendre à la canaliser… et tout cela en VIVANT, en faisant des études, puis en me mariant, en ayant des enfants, en travaillant… 

Il est évidemment bien plus facile, pour un psy, de prescrire des antidépresseurs et de se donner bonne conscience en se reposant sur la science qui - arrivée à ce stade - sait pratiquement tout, nous fait-on croire alors qu’en réalité, elle en sait moins que jamais car elle a oublié de tenir compte d’une chose fondamentale : la nature de l’être humain.

Si cet article m’inquiète, je remercie par contre Aspiral et son commentaire très rassurant et HUMAIN.

Merci aussi à L’ignorant, vraiment pas ignorant !

 


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