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Commentaire de Malraux

sur Bonnaire contre les psychiatres fous


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Malraux Malraux 2 février 2008 04:55

Merci de ce commentaire.

Je pense effectivement que tous ces gens qui nous expliquent doctement ce qu’il faut faire pour soigner la souffrance psychique n’ont jamais vraiment approché la réalité de la psychose ou de la maladie chronique.

L’hôpital psychiatrique est un moment difficile dans la trajectoire des malades. C’est un moment seulement. Ça n’est ni plus ni moins agréable que de se faire opérer, de subir une chimiothérapie ou d’aller chez le dentiste. On n’arrive pas à l’hôpital par hasard et on n’y reste pas toute sa vie. La poursuite des traitements par des méthodes ambulatoires n’est pas une "bonne idée pas assez employée" c’est une autre étape dans le soin, qui a sa place, comme ont leur place l’hospitalisation, la psychothérapie ou les médicaments psychotropes.

Je n’ai pas vu le film de Sandrine Bonnaire et ne peux pas en parler. Le problème des adultes ou adolescents autistes à l’hôpital psychiatrique est un problème récurrent qui existait bien avant ce film. Il est certain que l’hôpital n’est pas un lieu adapté pour cette pathologie là. Mais les familles ont parfois besoin de souffler et comme vous le faisiez remarquer, elles ne sont pas toutes comme la famille Bonnaire et le besoin de souffler peut parfois se transformer aussi en abandon. Alors que faire ? Ne rien faire ? laisser les familles à leur souffrance et les autistes aux risques de maltraitance qu’entrainent souvent à la longue leurs troubles du comportement ?

Il n’y a pas de solution unique et chaque situation doit être évaluée en fonction de très nombreux paramètres. Il y a peut-être des équipes psychiatriques démotivés ou incompétentes, mais elles ne représentent certainement pas la majorité et les discours négatifs sur l’hôpital psychiatrique ne sont qu’une resucée du vieux rejet de l’asile en tant que lieu qu’on rejette parcequ’on ne le comprend pas. Il y a aussi des familles maltraitantes et des malades pour qui l’hôpital est un abri et un havre de paix.

Certains parlent de l’exemple italien, on peut aussi évoquer l’exemple américain. Dans les deux cas, pour des raisons différentes, idéologiques d’un côté, économiques de l’autre, on a fermé les hôpitaux psychiatriques et renvoyé les schizophrènes dans la rue. Ils y sont toujours. Le taux de schizophrénie chez les SDF en France est élevé. Ça n’est rien par rapport à celui des Etats unis ou de l’Italie...

Chez nous, quand un schizophrène rechute, il ne va pas en prison, il est hospitalisé et il en sort toujours bien mieux que quand il y est rentré... Le problème ensuite et malheureusement c’est que la maladie ne se guérit pas et que dès que le soutien et le cadre dont il bénéficie fléchissent un tant soit peu, c’est la rechute, et le retour à la case départ... Encore une fois, est-ce une raison pour ne rien faire ? les laisser se trancher les oreilles pour faire cesser les hallucinations (c’est pas un bobard, c’est quelque chose que j’ai vu moi-même), les laisser se suicider (15% de suicide chez les schizophrènes) ? les laisser mourir d’une maladie somatique parceque leur hygiène de vie est catastrophique (un taux de décès par maladies carido vaasculaires 4 à 5 fois supérieur au reste de la population) ?

C’est facile de dire YAKA, ou "bou ! ’hôpital c’est pas bien", c’est autre chose que de se poser tous les matins la question de savoir ce que concrètement on va faire pour que des gens qui souffrent souffrent un peu moins !


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