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Commentaire de Krokodilo

sur L'intercompréhension entre langues de même famille : est-ce l'avenir ou une imposture ?


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Krokodilo Krokodilo 20 février 2008 15:37

Babalas,

Si vous êtes linguiste, vous êtes étranger, et si vous êtes francophone, je ne crois pas que vous soyez linguiste, car au-delà des fautes d’orthographe – l’usage veut qu’on ne les relève pas, puisque pratiquement tout le monde en fait -, vous commettez des contresens : assomptions au lieu d’assertions. Mais quelle importance, je prétends bien avoir eu l’idée d’une réforme globale de l’enseignement des langues alors que je ne suis pas dans le milieu, ni bon polyglotte !

 

Selon vous, le plurilinguisme jusqu’à 10 ou 12 langues est facile, et monnaie courante dans quelque lieu lointain : autrefois, c’était la Suisse et la Belgique qu’on nous citait en exemple de plurilinguisme harmonieux, mais depuis que la réalité (dissensions, faible maîtrise des autres langues, tentations de l’anglais comme langue commune, etc) est mieux connue grâce aux médias télés et Internet, ce sont maintenant l’Afrique sub-saharienne et la lointaine Inde et ses milliers de langues qui sont l’exemple du paradis linguistique... Tout ça ne tient pas debout ; si c’était si facile, il n’y aurait en France aucun problème avec les langues régionales, chacun jonglerait à l’aise entre diverses langues, les cours se feraient indifféremment en français ou en langue régionale. Or, la réalité est tout autre : apprendre une langue étrangère à un bon niveau est un travail énorme, qui demande des années d’immersion ainsi qu’une bonne motivation.

 

Sur l’espéranto, ce n’est pas un exercice de création linguistique, mais une réalité depuis 120 ans. L’artificialité est à peine plus grande que pour le français, puisqu’il n’y a pas un radical qui ne soit issu du fonds commun de l’humanité. Si le vocabulaire est effectivement indo-européen, la grammaire régulière, isolante et agglutinante est entre autres celle du chinois. En outre, les hasards de l’histoire ont fait que c’est le vocabulaire indo-européen qui a massivement essaimé sur la planète : le japonais a pris des milliers de mots à l’anglais, plus ou moins déformés. Télévision et docteur ont été adaptés dans plein de langues (cf. le film Daktari, avec Jonh Wayne, en Afrique).

 

Certes, une langue internationale qui prendrait en compte toutes sortes d’alphabets, idéogrammes compris, et plusieurs dizaines de langues, tout en étant facile (sinon quel intérêt ?) et attirante (ayant des aspects familiers) serait une aubaine et une merveille, mais aucun génie linguistique ne s’est à ce jour porté candidat à un tel travail d’Hercule de la pensée. Autant dire que ce n’est pas pour demain, si tant est que cela soit possible. Il faut faire avec ce que l’on a sous la main, de même qu’on ira pas sur Mars grâce à la téléportation.


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