Créatures au ventre répugnant, au pelage puant, aux moeurs plébéiennes, je vous hais ! Vous les chiens, que vous soyez bâtards ou racés, que vous soyez princes des salons ou gueux des taudis, vous êtes des insultes sur pattes, des offenses vivantes, les déchets de nos villes. Je ne vous interdis nullement de vous ébaudir en ignoble société, ni de ripailler comme des romains ou bien d’accoucher de la pensée la plus basse qui soit. Vous les gueules aboyantes, vous les haleines fétides, vous qui naissez avec la salive au bord des babines, vous m’inspirez dégoût, répulsion, horreur. Votre place n’est pas ailleurs que dans la fange.
Votre souffrance exclusivement agrée aux dieux. Comme lorsque le pissenlit se pare de l’épine pour donner une grimace belle à regarder, ainsi que les gargouilles et les calvaires. Cependant dans ce désert aride vos pupilles sont comme deux saphirs. Mais sachez que les véritables perles de ce trésor maudit, ce sont vos larmes. Elles seules brillent. C’est votre tristesse qui vous confère beauté, émotion, prestige et vous donne finalement un prix infini. Je ne ris plus, non je ne ris plus du tout de mes coups, rongé par le remords. Votre beauté est de pierre, et votre charme a l’extrême rudesse du roc.
Figurez-vous que je suis également fils de ministre et moi-même homme d’affaires très célèbre en Europe, je gère des biens financiers en dollars depuis mon cher pays de FRANCE, patrie des nantis et des belles voitures toutes neuves à quatre roues bien vissées sur les essieux, et j’avoue que je suis vraiment très intéressé par votre proposition providentielle que je ne trouve pas du tout suspecte. Ca fait six ans que je m’intéresse assidûment à Internet mais c’est la première fois que je reçois un mail me proposant un transfert de dollars depuis l’Afrique. J’apprécie votre grande sincérité et je vous remercie de m’avoir choisi moi et pas un autre. Je ne sais pas comment vous avez fait pour me trouver, mais je peux vous dire que vous êtes vraiment bien tombé ! Appelez-moi le plus vite possible au 08 70 35 86 22.
Vous êtes un silex et sur ce silex j’élèverai mes plus doux sentiments. Votre visage est une poignée de sable. Votre front une grave, âpre, puritaine façade hellène : des lois sévères y sont gravées. L’homme sans foi ni loi doit répondre de ses méfaits devant le Ciel et la Terre. Je suis un bandit, un vaurien, un vendu. Vos lèvres sont une indélébile tache de sang et les mots qui en sortent sont des ronces qui écorchent les coeurs. Trop tard pour se repentir ! La Justice est passé, je ne ris plus. Non, vraiment je ne ris plus...
Leurs orbites sont profondes de reproches et leurs dents blanches en disent long sur mes noirceurs... Vos yeux d’azur ont la grâce des vénus de glace, et votre regard de statue est plus austère que le marbre. Elle seule compte. J’attends avec impatience votre appel au 08 70 35 86 22 et vous souhaite toute la réussite possible pour votre incroyable affaire qui nous enrichira tous les deux.De mon cachot, leurs cris de vengeance me tiennent éveillé. Les pauvres que dans le dos j’ai égorgés, les riches que par derrière j’ai occis, les barreaux de ma prison ne les ont pas empêchés d’entrer. Quelle compagnie !
A la maison du vélo des petits Nestor. J’aurais effectivement souhaité que mes mots suffisent, qu’ils vous fassent prendre conscience de la vilenie de votre situation et que vous me répondiez par conséquent avec moins d’arrogance, mais comme je constate qu’il n’en n’est rien, je me vois dans l’obligation de passer à l’étape supérieure.
Si les noix de coco phalliques pouvaient s’extraire automatiquement de la pesanteur irritante du monde des sphères, alors je vous dirais que je fais le choix des chocs en Lola durs et mous caramélisateurs de bonnes averses vertes. Ce qui nous mènerait nécessairement ( ho ! surprise ! ) à l’ouverture ombragée d’une souricette enflammée. Mes meilleurs souvenirs. Ne pas omettre la liqueur de souche. Les seins en sont fous. Je prends très scrupuleusement note de vos menaces et agis en conséquence. Il est à espérer Madame que vous assumerez l’entière responsabilité de vos présents propos, en tant que citoyenne adulte et responsable. Nous vivons dans un état de droit et je compte mettre le droit français au service de la cause que je défends. Souvenirs et meilleures pensées... L’heure est venue de payer une vie vouée à la débauche. Je suis un gredin, un brigand, un misérable. Que Dieu ait pitié de mon âme car je suis un bandit, un vaurien, un vendu. Demain à la première heure je serai un pendu. J’implore le pardon de mes victimes. Je suis une fripouille. J’ai bien joui de l’existence, j’ai assassiné sans compter, dormi du sommeil du scélérat dans les lits de mes victimes. Las ! Pourquoi n’ai-je pas préféré un chemin plus clair ? Ricanent-ils ? Menacent-ils ? Les deux à la fois : ils crânent. Je vous aime, chandelle de misère.
Vous vous êtes bien gobergés sous nos toits ? Les nécessités temporelles tels que le boire et le manger que mes semblables prennent tellement au pied de la lettre ne me touchent guère, tant il importe avant tout de donner la parole à la poésie. Je n’ignore pas que les gens ordinaires sont assoiffés de prosaïsme.
Ne mettez pas la patte chez moi, maudits chiens !