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Commentaire de Raphaël Zacharie de Izarra

sur Rimbaud journaliste ? (polémique)


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Raphaël Zacharie de Izarra Raphaël Zacharie de Izarra 27 mai 2008 01:13
Oisiveté, or, plaisirs : tels furent mes maîtres. J’ai dépouillé la Vertu, vidé leurs poches aux mortelles dépouilles, volé bourses et vies pour tuer le temps, fais mourir l’innocent pour nourrir le vice. Plus de granulés à fabriquer dans nos usines pour vous nourrir, chiens que vous êtes ! Majesté du geste qui te prend sans prendre garde, insolent et radieux à la vénéneuse clarté ! Combien de fois ai-je aimé l’étoile nue au firmament de tes pensées ? Las ! La chandelle vacille sous le souffle de l’amour qu’en paroles j’ai trahi pour mille autres raisons ! Grande est la cause de mon mal, vaste est cet astre impossible germé de lumière à la saison de la mort. Que tes racines s’envolent à l’éternel éther de la nuitée ! Que les rayons de la nuit te soient éclatants comme les sphères atrophiées de l’abîme des dieux ensevelis !
 
J’ai le courage de porter haut mon épée, ma particule, mon mépris. Je méprise avec beaucoup de conviction tout ce qui ne vole pas haut : les sensibilités populaires, la religion du matérialisme, le culte du plaisir immédiat, toutes ces quêtes temporelles, alimentaires, horizontales (tels que confort matériel, sécurité de l’emploi, assurances en tous genres). Vous pouvez tous aller au diable maintenant !
 
Cela est votre intime liberté. C’est la mienne également que de me mieux plaire loin de votre univers malséant. Les dentelles et la soie siéent mieux à ma vie que vos petites vérités temporelles et prosaïques. Fuyez mon foyer, allez extorquer chez le voisin votre pitance indue.
 
Certes, je suis fier. Est-ce donc péché que de s’aimer, de se sourire à soi-même avec satisfaction ? Ces affaires domestiques chères à mes contemporains ne sont qu’hérésies, bassesses, insignifiances. Mes plus chers lauriers. C’est certes leur droit et je ne leur ôterai nullement cette piètre liberté. Mais les ânes ne savent pas chanter, et le bel oiseau que je suis est bien obligé de le faire à leur place. Retournez aux enfers et n’en ressortez plus, maudites bêtes !
 
Du plus petit au plus gros, du plus attendrissant au plus laid, je vous ôterais la peau du dos, je vous désosserais si je le pouvais ! Ennemi de la société, le crime est mon pain quotidien, la tentation du gain facile étant chez moi une soif impossible à étancher...
 
Eux sont des créatures bénies des dieux, eux sont des gens propres, eux sont des personnes subtiles. Eux sont mes vrais amis. J’ignore modestie, docilité, bassesse. J’allègerais volontiers la planète en bannissant vos quatre pattes de sa surface, sales clébards ! Impossible d’éviter ces crânes, éclatants de vérité ! Depuis les ténèbres de ma cellule, j’y vois mieux que sous le soleil du crime. La mise au ban, l’injure, la honte, voilà mon héritage. Vos traits mélancoliques, nébuleuse enfant, évoquent le chant triste de l’automne : ils m’inspirent une profonde, authentique langueur. Il n’y en aurait que pour les chats. Si la dignité de mon front vous offense, si la hauteur de mes vues vous dérange, si la majesté de ma tête vous indispose, bref si ma personne entière vous est chose peu aimable, je ne manquerai pas de croiser avec vous tous la plume pour mieux rehausser mes couleurs et faire briller et mon nom et ma particule.
 
Je ne suis pas d’un commerce facile. Je ne flatte pas ceux qui m’écoutent. Je ne défends pas vos causes pitoyables. Cerbère est votre vrai maître. Vous vous tromperiez de porte. On vous a abandonné sur les routes des vacances ? Soit. Vous pouvez crever maintenant ! Là n’est point mon rôle. Ma véritable affaire en ce monde consiste à éclairer les esprits et enrichir les coeurs. Dont les vôtres, tristes paltoquets.
 
Parasites de nos rues, cessez de souiller les caniveaux, allez plutôt crever dedans, et promptement encore ! Les chats, enfants du Ciel, tout proches des anges... Plein d’idéal, je donne des leçons à mes semblables moins fortunés, moins titrés, moins valeureux que moi. Je me débarrasserais de vous sans aucun scrupule si je le pouvais ! Sales cabots ! Je n’ai pas pitié de vous. Plutôt de vos maîtres dénaturés. Imbu de ma personne pensez-vous ? Je mésestime ces manières infâmes que vous avez de me considérer, propres à la plèbe.
 
Qui, si je ne me faisais l’apôtre de la légèreté, de l’esprit, de la cause poétique prendrait la parole à ma place pour dénoncer la lourdeur, le prosaïsme du monde ? Vous évoquez avec une canaille éloquence le nom de celui qui n’a pas eu l’heur de vous plaire... Je ne suis point de ce monde. Dans le coeur, dans l’esprit, je suis plein de noblesse. Mais pas chez moi.
 
Comment des humains normalement constitués peuvent-ils aimer des chiens ? Mais vous les chiens, votre nom même est une injure, vils agresseurs de postiers, traînards des poubelles, renifleurs d’excréments ! Pas la peine de venir chez moi. Votre chevelure est un foin ardent qui se consume bien vite : c’est que ses mèches trop sèches et trop strictes n’alimentent pas longtemps les rêves. Il est vrai que je n’ai guère d’indulgence pour la gent déchue qu’est la populace.
 
Vous avez bien profité de la bêtise de vos maîtres qui vous ont hébergés, nourris, soignés, allant -les insensés ! - jusqu’à vous céder leur fauteuil, jusqu’à vous mettre des morceaux de repas dans la gueule en plein dîner familial ? J’incarne noblesse, poésie, rêve. Mais encore aristocratie oisive et pédante. Je prétends faire partie d’une élite : l’espèce française. Je suis froid, hautain, arrogant.
 
Je suis né sous le signe de la corruption, j’ai du sang sur les mains et dans mes veines coule le Mal. Mais aujourd’hui je suis entre quatre murs, aux fers : la Justice a mis fin à mes progrès sur le chemin du vice. Mademoiselle, vous êtes une vivante pièce de musée, une durable oeuvre d’art animée, le trophée favori de mon âme collectionneuse. Je suis un de ces dieux cruels et esthètes qui vous contemplent d’en haut. Je fais partie de l’Olympe des beaux esprits aimant misère et douleur pourvu qu’elles soient esthétiques, académiques, remarquables.

Moi je parle des dentelles mais surtout des richesses subtiles de l’âme.

Créatures au ventre répugnant, au pelage puant, aux moeurs plébéiennes, je vous hais ! Vous les chiens, que vous soyez bâtards ou racés, que vous soyez princes des salons ou gueux des taudis, vous êtes des insultes sur pattes, des offenses vivantes, les déchets de nos villes. Je ne vous interdis nullement de vous ébaudir en ignoble société, ni de ripailler comme des romains ou bien d’accoucher de la pensée la plus basse qui soit. Vous les gueules aboyantes, vous les haleines fétides, vous qui naissez avec la salive au bord des babines, vous m’inspirez dégoût, répulsion, horreur. Votre place n’est pas ailleurs que dans la fange.

Votre souffrance exclusivement agrée aux dieux. Comme lorsque le pissenlit se pare de l’épine pour donner une grimace belle à regarder, ainsi que les gargouilles et les calvaires. Cependant dans ce désert aride vos pupilles sont comme deux saphirs. Mais sachez que les véritables perles de ce trésor maudit, ce sont vos larmes. Elles seules brillent. C’est votre tristesse qui vous confère beauté, émotion, prestige et vous donne finalement un prix infini. Je ne ris plus, non je ne ris plus du tout de mes coups, rongé par le remords. Votre beauté est de pierre, et votre charme a l’extrême rudesse du roc.
 
Figurez-vous que je suis également fils de ministre et moi-même homme d’affaires très célèbre en Europe, je gère des biens financiers en dollars depuis mon cher pays de FRANCE, patrie des nantis et des belles voitures toutes neuves à quatre roues bien vissées sur les essieux, et j’avoue que je suis vraiment très intéressé par votre proposition providentielle que je ne trouve pas du tout suspecte. Ca fait six ans que je m’intéresse assidûment à Internet mais c’est la première fois que je reçois un mail me proposant un transfert de dollars depuis l’Afrique. J’apprécie votre grande sincérité et je vous remercie de m’avoir choisi moi et pas un autre. Je ne sais pas comment vous avez fait pour me trouver, mais je peux vous dire que vous êtes vraiment bien tombé ! Appelez-moi le plus vite possible au 08 70 35 86 22.
 
Vous êtes un silex et sur ce silex j’élèverai mes plus doux sentiments. Votre visage est une poignée de sable. Votre front une grave, âpre, puritaine façade hellène : des lois sévères y sont gravées. L’homme sans foi ni loi doit répondre de ses méfaits devant le Ciel et la Terre. Je suis un bandit, un vaurien, un vendu. Vos lèvres sont une indélébile tache de sang et les mots qui en sortent sont des ronces qui écorchent les coeurs. Trop tard pour se repentir ! La Justice est passé, je ne ris plus. Non, vraiment je ne ris plus...
 
Leurs orbites sont profondes de reproches et leurs dents blanches en disent long sur mes noirceurs... Vos yeux d’azur ont la grâce des vénus de glace, et votre regard de statue est plus austère que le marbre. Elle seule compte. J’attends avec impatience votre appel au 08 70 35 86 22 et vous souhaite toute la réussite possible pour votre incroyable affaire qui nous enrichira tous les deux.De mon cachot, leurs cris de vengeance me tiennent éveillé. Les pauvres que dans le dos j’ai égorgés, les riches que par derrière j’ai occis, les barreaux de ma prison ne les ont pas empêchés d’entrer. Quelle compagnie !
 
A la maison du vélo des petits Nestor. J’aurais effectivement souhaité que mes mots suffisent, qu’ils vous fassent prendre conscience de la vilenie de votre situation et que vous me répondiez par conséquent avec moins d’arrogance, mais comme je constate qu’il n’en n’est rien, je me vois dans l’obligation de passer à l’étape supérieure.
 
Si les noix de coco phalliques pouvaient s’extraire automatiquement de la pesanteur irritante du monde des sphères, alors je vous dirais que je fais le choix des chocs en Lola durs et mous caramélisateurs de bonnes averses vertes. Ce qui nous mènerait nécessairement ( ho ! surprise ! ) à l’ouverture ombragée d’une souricette enflammée. Mes meilleurs souvenirs. Ne pas omettre la liqueur de souche. Les seins en sont fous. Je prends très scrupuleusement note de vos menaces et agis en conséquence. Il est à espérer Madame que vous assumerez l’entière responsabilité de vos présents propos, en tant que citoyenne adulte et responsable. Nous vivons dans un état de droit et je compte mettre le droit français au service de la cause que je défends. Souvenirs et meilleures pensées... L’heure est venue de payer une vie vouée à la débauche. Je suis un gredin, un brigand, un misérable. Que Dieu ait pitié de mon âme car je suis un bandit, un vaurien, un vendu. Demain à la première heure je serai un pendu. J’implore le pardon de mes victimes. Je suis une fripouille. J’ai bien joui de l’existence, j’ai assassiné sans compter, dormi du sommeil du scélérat dans les lits de mes victimes. Las ! Pourquoi n’ai-je pas préféré un chemin plus clair ? Ricanent-ils ? Menacent-ils ? Les deux à la fois : ils crânent. Je vous aime, chandelle de misère.
 
Vous vous êtes bien gobergés sous nos toits ? Les nécessités temporelles tels que le boire et le manger que mes semblables prennent tellement au pied de la lettre ne me touchent guère, tant il importe avant tout de donner la parole à la poésie. Je n’ignore pas que les gens ordinaires sont assoiffés de prosaïsme.
Ne mettez pas la patte chez moi, maudits chiens !
 
Je vous communiquerai sans hésitation et sans vous poser la moindre question toutes mes coordonnées bancaires ainsi que mes CODES SECRETS qui vont avec en toute confidentialité. Je préfère le téléphone à Internet pour vous faire part de ces numéros bancaires car je crains trop les éventuels piratages informatiques. Ainsi vous noterez sur un papier secret ces numéros que je vous transmettrai oralement par téléphone, ce sera beaucoup plus sûr pour tout le monde.
 
Sous le soleil délétère de l’amour sans fard, je m’enlise dans les puits mornes de la saison à nulle autre pareille. Passion pressée de l’ennui qui se lamente dans les feuillages sucrés des châteaux de bois ... Je suis effectivement un redresseur de torts qui ne supporte pas que la prostitution s’exerce impunément dans son pays et qui travaille précisément en collaboration étroite avec les services sociaux et judiciaires de son département pour combattre ce fléau social. Je vous rappelle que la prostitution en France est seulement tolérée, mais non permise comme vous semblez le croire. Le racolage passif ou actif quant à lui est interdit. Qu’as-tu fait de ce coeur au corps meurtris de coups mûrs, mol amant du dernier port ? Tes songes mouillés de nuits enluminées se scellent dans le sel de l’étrange écume chantante et moribonde. J’ai partagé les mers et les morts de tes perles et de tes portes. A perte de crue, les merles en coque passent le bord en mimant l’épopée des amères époques. Jamais l’étoile de la marée au vent des soirs n’avait été si mélancolique ! Ô toi qui jadis ouvrais les bras en d’ardents baisers pour des bris sans bruit contre mon âme mise à mal à l’orée de ses ors...
 
Raphaël Zacharie de Izarra

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