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Commentaire de craven

sur RGPP : et si on allait voir ce qui se cache derrière ?


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craven 28 juillet 2008 00:08

D’un gouvernement à l’autre les actions dites de modernisation, voire de réforme changent simplement de nom pour satisfaire l’ego du ministre promoteur de la chose. Ainsi sommes passés successivement des SMR (stratégies ministérielles de réforme) aux audits de modernisation puis maintenant la RGPP. Aux manettes un ministre bien sûr avec l’assentiment du premier d’entre eux et comme bras armés les grands corps d’inspection : finances, affaires sociales et administration et pour seconder, assister ces très hauts fonctionnaires, purs produits de l’ENA, des cabinets de consultants supposés produire les idées les plus novatrices et les méthodes les plus efficaces (pour un tarif journalier qui voisine au oins les deux ou trois milliers d’euros hors taxe par intervenant).

Inspecteurs et consultants produisent de l’analyse et du rapport à tour de bras, des milliers de pages, de schémas et de croquis, livrés dans les délais. Mais au fond que sont ces rapports : il s’agit pour l’essentiel de recyclage systématique d’études plus anciennes, pieusement stockées dans les placards de l’administrations car à l’époque leurs conclusions étaient considérées iconoclastes, trop innovantes voire socialement dangereuses. Il en est de même pour les consultants. Tous ces diplômes n’ont pas et de loin inventé l’eau tiède, ils recyclent en permanence le fond documentaire de leur société mère, artiste du copié collé, de la diapo power point bien construite et relookée pour satisfaire le client. Il suffit de naviguer sur les sites gouvernementaux de l’Australie, du Canada, de Grande Bretagne pour s’en rendre compte et c’est d’autant plus facile que ces cabinets, à dimension internationale vendent leurs références pour emporter de juteux contrats publics.

 

Revenons un instant sur les décisions de la RGPP. Au nombre de 350 environ, moins d’un quart trouvera une application réelle avant la fin de la législature pour deux bonnes raisons au moins : d’une part la formidable résistance au changement des administrations et d’autre part le manque de courage des politiques.

 

Tout cela n’est que poudre aux yeux, miroir aux alouettes, gesticulation démagogique. Un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite ne sera pas remplacé, et alors ! Cela ne coûtera pas sensiblement moins cher au contribuable, car il faudra bien verser une pension, même mince aux partants et un salaire pendant 35 ans à l‘entrant. On reste encore à la périphérie des problèmes.

 

Absence de rigueur budgétaire en nous laissant croire que l’essentiel de la charge repose sur les frais de fonctionnement de l’Etat. Les gisements d’économie sont ailleurs : en premier lieu la dette et ses intérêts et en second lieu les transferts et autres aides en faveur des entreprises. On ignore qu’au fil des ans et des législatures des dispositifs d’aides plus complexes les uns que les autres ont été mis en place, se superposent et prospèrent au grand bénéfice des initiés. Le tout pour une dépense d’un peu plus de 65 milliards d’euros par an ! Ce montant est supérieur au budget de l’éducation et de la recherche, plus cher que les militaires, mais totalement invisible et qui rapporte plus que l‘impôt sur les sociétés, . Aucun dispositif imaginé n’a été évalué sérieusement, on suppose simplement qu’il sert car la demande existe, et ce ne sont pas les entreprises qui vont se plaindre. Un excellent rapport a été réalisé sur le sujet dans le cadre des audits de modernisation, la presse spécialisée l’avait évoqué mais sans aller plus loin et tout est retombé dans l’oubli.

 

Il convient de noter aussi que l’objectif initial de la RGPP était de trouver les voies et moyens pour atteindre l’équilibre budgétaire vers 2011, 2012 : donc diminuer la charge de l’État d’environ 60 à 70 milliards d’euros. Mais les plus hautes autorités ont décidé de surseoir aux travaux de la RGPP sur les transferts et interventions, tout en maintenant la pression sur les aides à la personne : remise en cause du RMI, revue des allocations aux handicapés, études diverses sur les allocations familiales au prétexte de tout simplifier et le pire est à venir.

 

En fait tout change, rien ne change même si la mode est à la rupture. On ne nous trompe ni plus ni moins qu’auparavant, mais aujourd’hui le discours se nimbe d‘une insolence de plus en plus insupportable.

 

 



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