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Commentaire de sisyphe

sur Cuba, les ouragans et l'hypocrisie de Washington


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sisyphe sisyphe 22 septembre 2008 18:13

Oui. 

Ca, c’était avant Batista. 

Voyons ce qu’il en est advenu, sous le dictateur :

					   					 						 						 						

Batista est le dictateur de Cuba à partir de mars 1952. Il prend le pouvoir par la force quand il se rend compte de ses maigres chances de l’emporter par la voie légale. Washington reconnaît très vite le nouveau pouvoir. L’île, indépendante depuis 1902 de l’Espagne, ne s’est pas encore démocratisée et n’est pas prêt de l’être. Elle est restée sous l’influence de son puissant voisin, les États-Unis. La situation économique est difficile et la corruption politique est endémique. Castro, comme d’autres étudiants, n’entrent à l’université qu’armé. José Marti, le héros de l’indépendance, doit se retourner dans sa tombe.

						

L’île est la tranquille destination des riches américains. Batista renforce son caractère d’arrière-cour de l’Amérique. Plus de 10 000 prostituées ventent leurs charmes à La Havane en 1958. Les propriétaires de casinos investissent, de l’argent sale est blanchi. Jorge Valls, étudiant à l’époque, écrivain aujourd’hui, décrit cette atmosphère : "Pendant que nous nous soulevions, La Havane vivait dans une véritable frénésie de vie nocturne et de loisirs. Les cabarets comptaient parmi les meilleurs du monde. On dépensait des fortunes à la roulette. Les voitures de luxe parcouraient la capitale tandis qu’à la campagne régnait une horrible misère".

Le dictateur est à l’image de son pays : il montre de plus en plus un goût prononcé pour le luxe vestimentaire ; son porte-monnaie est abondamment percé par sa jeune épouse, il collectionne les objets ayant appartenu à Napoléon. Il joue et met sur écoute ses adversaires politiques. Au lendemain de son coup d’État, Batista suspend le parlement et reporte les élections.

						

Dans l’influence du défunt Eduardo Chibas, l’opposition ne sommeille pas longtemps. Fidel Castro en est. Elle prend forme dans les universités et se structure enfin autour de Castro en 1952. Le 26 juillet 1953, Fidel et ses compagnons mènent l’attaque de la caserne Moncada à Santiago, dans la province d’Oriente. L’opération est un grave échec. Castro se sert du procès pour faire la publicité de ses idées. 70 assaillants sur 160 sont faits prisonniers mais également torturés puis tués. Martha Frayde, médecin et compagnon de lutte avant d’entrer en dissidence témoigne : "C’est à partir du coup d’Etat du 10 mars 1952 que Fidel, avec une grande habilité, a compris qu’il allait devenir un dirigeant, en sacrifiant tous ceux qu’il aurait à sacrifier. L’attaque de la caserne Moncada était une action suicidaire du point de vue tactique. Fidel est conscient que cet acte va lui apporter la notoriété, même au péril de sa vie, et que cela va lui permettre de diriger la révolution."

						

Batista riposte en organisant des élections présidentielles pour le 1er novembre 1954. Le dictateur est élu. Le 15 mai 1954 Castro sort de prison. L’agitation politique reprend et se durcit. Castro opère depuis le Mexique. Le 2 décembre 1956, Castro et 81 compagnons débarquent à Oriente, à bord du yacht Gramma. Un groupe de jeunes révolutionnaires attaque le palais présidentiel le 13 mars 1957 dans le but de tuer Batista : nouvel échec et nouvelle répression sanglante. L’opinion change. Pour Martha Frayde : "le peuple n’était pas en faveur de la violence. Mais il n’était pas non plus en faveur de Batista".

						

Les Américains font comme si de rien n’était : "Les casinos se multiplient, les truands prospèrent, derrière Meyer Lansky, le plus grand d’entre eux. Le night-club Tropicana ne désemplit pas. Les prostituées de la rue des Virtudes sont en embuscade pour capter le chaland. Le Hilton monte ses étages. Le Bodeguita del medio, charmant bistrot de la vieille ville, où Hemingway vient boire ses mojitos, devient l’endroit où les stars de Hollywood aiment à être vues".

Le 10 mars 1952, le sergent Fulgencio Batista renverse le président de Cuba. Le dictateur jouit de l’appui de la grande bourgeoisie latifundiaire et de celui des États-Unis. Cuba est à cette époque un lieu de prédilection pour les monopoles étrangers. C’est aussi un lieu où le vice et la corruption s’épanouissent. La Havane est alors la capitale de la prostitution en Amérique latine. Ce régime n’hésite pas non plus à recourir à la violence et à la torture contre ses opposants.
				Fidel Castro qui menait déjà un combat politique avant le coup d’état va très vite, devant la dureté du régime se tourner, se tourne vers la révolte armée. Exilé aux États-Unis, le 15 novembre 1956 il annonce qu’il est prêt à débarquer à Cuba, ce qu’il fait, avec 82 insurgés, parmi lesquels se trouvent son frère Raul et Che Guevara. Prévenu, le gouvernement de Batista met hors d’état de nuire la plupart des compagnons de Castro. Après plusieurs semaines d’errance, une troupe de 12 personnes forme la première guérilla de la Sierra Maestra. Leur slogan : " Patria o Muerte ".
Les petites troupes de Castro ont des appuis importants, voire décisifs, chez les paysans de la Sierra Maestra qui, petit à petit, se joignent à elles, ou du moins les aident, en réaction aux politiques brutales des grands propriétaires, dont beaucoup sont américains. Le premier territoire libre est créé en novembre 1957 dans la Sierra Maestra. Après avoir subi quelques revers face à l’armée gouvernementale, les maquisards contre-attaquent et infligent une cuisante défaite à l’armée à Santo Domingo puis, en juillet, à El Jigüe. À présent bien armés grâce à leurs prises, les rebelles, divisés en trois troupes, investissent toute l’île le 18 août. C’est la déroute de Batista.
Le 3 janvier 1959 : Che Guevara pénètre dans la capitale. La guérilla de Castro, appuyée largement par le peuple cubain, force Batista à quitter le pays. Après une période transitoire pendant laquelle il tiendra une sorte de gouvernement fantôme, Fidel Castro devient véritablement premier ministre et, ajournant les élections prévues, établit un gouvernement personnel et autoritaire.
					Le 7 janvier 1959 : Les États-Unis reconnaissent officiellement le nouveau gouvernement cubain.
Ayant entre ses larges mains les rênes du pouvoir, Fidel Castro veut faire table rase du passé pour établir les bases de la nouvelle société cubaine. Les premières mesures vont être radicales et attirer, entre autres, les foudres des États-Unis. En neuf mois, 1 500 décrets ou lois sont adoptés.





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