Bonjour M. Dugué,

Comme souvent dans vos articles, je n’y vois que quelques arguments tirés par les cheveux, voire vides de substance, pour vous indigner et dénoncer ce qui s’apparente à des moulins à vents (une supposée « machine médicale étatique »).

"Ce matin sur France Inter, Françoise Weber, directrice de l’Institut de veille sanitaire, a répondu aux questions des journalistes en arguant que cette vaccination s’impose pour plusieurs raisons.« 

Examinons ces raison, qui manifestement vous paraissent contestables (sinon vous n’auriez pas écrit votre article, hein ?).

 » La première étant trivialement médicale. La grippe pourrait affecter des sujets jeunes. Mais il faut traduire. La grippe saisonnière fait des morts sur des vieux en pas très bonne santé mais une grippe A(H1N1) peut affecter des sujets actifs. Un gros risque ? Surtout celui de désorganiser la société, comme l’affirmait le ministre de l’Intérieur.« 

Un Ministre de l’intérieur ou de la Santé qui se préoccupe de ne pas désorganiser la société, y compris en étant capable, en cas de nécessité ou par précaution, de la vacciner... Ca vous choque ? Vacciner pour éviter un désordre, ça vous parait une mauvaise raison ?

Ou bien faut-il comprendre qu’une épidémie suffisamment virulente pour désorganiser la société française vous apparait comme une perspective réjouissante ? Et pourquoi ? Renverser le pouvoir en application de la »stratégie du choc« de Naomie Klein ? De deux choses l’une : soit vous pensez vraiment ce que vous dites, et alors allez au bout de votre idée ; soit ce ne sont que de vagues allusions destinées à faire croire au lecteur non averti que d’occultes machinations se trament au-dessus de nos têtes, et alors elles n’ont pas leur place sur un média de journalisme (j’insiste sur »journalisme« ) citoyen comme Agora Vox.

 »Autre argument. Mme Weber a fait valoir que cette pandémie grippale est la première dans l’histoire où une stratégie opératoire générale est disponible et prête à être déployée. Autrement dit, en lisant entre les lignes, cette grippe n’est pas forcément dramatique ni même dangereuse. Mais cette fois, il est possible de tester en grandeur réelle un théâtre d’opération national.« 

Et bien personnellement je trouve ça très bien, une répétition générale, surtout au vu des difficultés logistiques d’une telle campagne, que vous soulevez justement dans votre article (ce qui constitue précisémment un argument pour faire un »test« dès que possible, et surtout s’il n’y a pas de véritable risque). Si ça permet d’être plus efficace le jour où une épidémie plus nocive sera là, tout le monde en tirera profit.

Bref je n’arrive pas à voir le motif de votre courroux. Les deux arguments mis en avant me paraissent largement justifier la préparation de cette campagne de vaccination. Si la grippe ne revient pas, ou si elle reste bénigne, on sera tous soulagé, et on aura effectivement emmagaziné de l’expérience et des automatismes pour répondre plus efficacement à la prochaine menace. Si elle revient, les dispositions prises permettront (du moins c’est leur but) de l’enrayer. Dans les deux cas, la situation est meilleure que si on ne se préparait pas à une telle campagne de vaccination.

Non, j’ai l’impression que derrière ces arguments peu convainquants, la seule chose qui choque dans l’histoire, c’est que ça constitue une source de revenus pour des grands labos pharmaceutiques privés (certains, sur ce fil, n’hésitant pas à suggérer implictement, ou pas d’ailleurs, comme La Truie - sans doute spécialiste de grippe porcine - que ces mêmes labos seraient à l’origine de la pandémie, toujours selon l’adage »cherchez à qui profite le crime« ...).

D’ailleurs, un aimable Agoravoxien (Fonzibrain) se demande »pourquoi les états ne réquisisionne pas les laboratoire pharmaceutique« . Ben voyons ! Pourquoi pas les nationaliser tant qu’on y est, comme l’industriel automobile à la Libération, ou comme ce bon Chavez avec la presse, le pétrole et l’agriculture ? Pourquoi pas interdire tout simplement l’entreprise privé (car le privé c’est le mal, c’est les profits, c’est les actionnaires à cigare) et tout remplacer par des industries nationales, comme dans cette bonne vieille Union Soviétique ou ce bon vieux Cuba, avec les bienfaits que l’on sait pour les populations ? Là, pour le coup, vous l’auriez, votre »machine médicale étatique«  !

Après, il y a un véritable débat sur l’utilité ou pas de vacciner, et même sur les conséquences secondaires des vaccins. Sur ce sujet là, j’aurai tendance à penser, comme le résume parfaitement Politeia, que  »A l’échelle d’une société, les vaccins sont toujours moins néfastes que les maladies contre lesquelles ils nous protègent. Après, il y aura toujours des effets secondaires. Il y aura toujours des polémiques." (imaginez-vous l’espérance de vie au Moyen-Age pour vous en convaincre). Mais bon. Outre que ce n’est pas un argument évoqué dans l’article, il ne se poserait que si la vaccination était obligatoire, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Si la vaccination n’est pas obligatoire, alors c’est à chacun, en toute connaissance de cause, de prendre ses responsabilités, évaluer ses risques, peser le pour et le contre, et surtout assumer les conséquences de ses décisions. Si la vaccination est obligatoire (ce qui n’est le cas que de quelques vaccins, comme le DTP), je concède qu’il y aura débat, mais un débat dans lequel devrait être pris en compte le coût pour la collectivité du traitement d’un malade qui aurait refusé de se faire vacciner.

Enfin bref... Le pire, c’est que j’ai la très vague suspicion que si le gouvernement ne prenait pas ces mêmes précautions (commande de stocks de vaccins ou de TAMIFLU), vous seriez le premier à vous indigner de l’imprévoyance de nos dirigeants ; et si par malheur la pandémie s’avérait faire de nombreuses victimes à l’automne, je suppose qu’avec votre imagination débordante vous y verriez même une volonté occulte au service des non moins occultes intérêts Lobbys des pompes funèbres...