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Commentaire de Aleks

sur L'enseignement de l'anglais et l'inégalité en France


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Aleks 16 février 2010 09:52

NULS EN LANGUES ? « Les jeunes Français si mauvais en langues étrangères »

Pourquoi sont-ils mauvais ?

Pour montrer que nous n’avons pas une ornière devant les yeux, que nous sommes conscients que les Français ne sont pas les meilleurs en anglais ou dans une autre langue, commençons par reconnaître que l’enseignement des LVE en France n’est pas dans les plus performants. Plusieurs raisons objectives à cela :
- classes surchargées
- trop d’accent sur la grammaire, l’écrit en général
- pas assez d’oral (ce qui découle un peu du point 1) De là à asséner que les Français sont nuls, voire les plus nuls, en langues, il y a un fossé que beaucoup trop de nos compatriotes sautent avec trop d’empressement.

Top 10 des contre-arguments pour dynamiter ce cliché, prejugé largement infondé, en tout cas fondé sur aucune étude sérieuse.

Pourquoi faire ?

1. Pourquoi être bons en langues ?

Les principales puissances économiques du monde ne sont pas réputées pour les compétences linguistiques de leurs habitants, mais plutôt pour leur monolinguisme (Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni, Canada – sauf les Québécois bilingues français-anglais -, sans parler de la Chine et de la Russie). Tout un pays n’a pas à être polyglotte, ni même bilingue. Les langues ne sont indispensables que pour certaines professions (hôtellerie, tourisme, commerce international, sciences etc). Pour la plupart des gens, une connaissance de base est largement suffisante. Pour la plupart des gens, rien ne justifie de passer 11 ans de sa vie à s’acharner à essayer d’apprendre une langue, apprentissage qui nécessite plus de 2 000 heures pour être vraiment opérationnel.

Qui le dit ?

2. Langues étrangères : synonyme donné hypocritement à l’anglais, du fait de l’énorme masochisme français Quelles études sérieuses démontrent cette médiocrité des Français en langues (au pluriel) ?

Aucune

3. Quelles études démontrent la médiocrité des Français en anglais ?

Des comparaisons avec des pays à la langue germanique : pays scandinaves, Pays-Bas voire avec des micro-pays à la langue purement vernaculaire, limitée au territoire national, des pays où l’enseignement de l’anglais est massif et précoce (Finlande).

En quelle(s) langue(s) ?

4. Pourquoi l’anglais ? Est-ce une discipline olympique ? Une science, comme les maths, ou la physique ? Une science récompensée par un prix Nobel ? Sinon, à quoi bon être les meilleurs en anglais ? Des études ont-elles démontré le lien de cause à effet entre la connaissance de cette langue et le développement économique, ou la balance commerciale ? Sert-elle à conquérir de nouveaux marchés ? Ne vaut-il mieux pas connaître la langue du pays visé, la langue des clients ?

5. Il n’y a pas de secret. Au-delà de la proximité des langues des apprenants, le niveau de connaissance est une question de moyens. Il est largement fonction de l’investissement horaire, humain, financier en anglais. Disons-nous pareillement « les Français sont nuls en sport » ? Comparons combien de temps ils ont appris l’anglais, depuis quel âge, aux dépends de quelles matières.

Le niveau de connaissance de l’anglais ne mesure ainsi généralement que le degré de colonisation par le tout-anglais, la culture anglo-saxonne, le « soft power » étatsunien, et est inversement proportionnel avec l’importance internationale de la langue du pays cité.

Vraiment nuls ?

6. Même pour l’anglais, ce n’est même pas vrai. La preuve du contraire http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/57/fr/07.html (site du Ministère des Affaires Etrangères) En matière de travail, les Français font l’objet de nombreux préjugés. Une réputation qui repose plus sur des clichés que sur une réalité tangible… Démonstration (...) Nuls en langues étrangères ? Ce n’est plus vrai ! Selon le baromètre de l’Union européenne, 40 % des Français connaissent une langue autre que la leur. Par ailleurs, l’anglais est parlé par 65 % des moins de trente ans et 90 % des diplômés de l’enseignement supérieur.

Voir aussi l’enquête mondiale sur les résultats au TOEIC où les Français sont dans les meilleurs http://www.studyrama.com/article.php3?id_article=13508 Formations>Ecoles de langue RUB:100 23/06/2005

ETUDE DU TOEIC : LES FRANÇAIS SONT BONS EN ANGLAIS AU NIVEAU MONDIAL Juin 2005. C’est officiel, les Français n’ont pas à rougir de leur niveau d’anglais ! Souvent critiqués en Europe et dans le reste du monde pour leur faible niveau en langue, une nouvelle étude de ETS Europe - France montre que les français ont en moyenne un niveau d’anglais plus élevé que plusieurs de leurs compatriotes en Europe et dans reste du monde. Ce résultat est le fruit d’une étude qui compare le niveau d’anglais de 2 098 678 candidats évalués par le test TOEIC (Test of English for International Communication) dans environ 30 pays du monde, y compris 6 pays européens. Devançant des pays comme l’Espagne et l’Italie, les français sont tout de même encore loin d’atteindre le niveau des allemands ou des portugais. Outre les résultats par pays, cette enquête d’envergure mondiale a évalué également de nombreux autres critères comme l’impact de la formation, des séjours à l’étranger, de la situation professionnelle etc. A propos de la méthodologie... Leader mondial dans l’évaluation linguistique, ETS (Educational Testing Service) a souhaité évaluer les candidats qui passent le test TOEIC dans ses centres répartis dans le monde entier. Le TOEIC, un test conçu par ETS, évalue l’aptitude des non anglophones à communiquer en anglais dans des situations professionnelles. L’échelle des scores TOEIC est reconnue et standardisée sur une échelle internationale et européenne (CECR).

ETS a recueilli les informations auprès de 2 098 678 candidats de 29 nationalités ayant passé le test entre 2002 et 2003. Cette étude se base sur les scores TOEIC des candidats mais également sur un questionnaire qui a permis de restituer le profil des candidats et les facteurs influant sur leurs compétences en anglais. Afin de fournir des informations fiables concernant les scores moyens au TOEIC, seuls les pays qui comptent des représentants ETS et où plus de 500 candidats ont été pris en compte. Les données reflètent notamment les scores par pays d’origine des candidats. En terme de répartition géographique, l’Europe présente le plus grand nombre de participants (44%), suivie par l’Asie (34%), l’Amérique du Nord (9%), et l’Amérique du Sud (8%) et des pays d’Afrique et du Moyen Orient... (5%) La France au dessus de la moyenne en Europe Parmi les six pays européens étudiés, la moyenne est de 673 points, ce qui correspond à un niveau ‘opérationnel de base en anglais’ (voir grille TOEIC). Les français, avec une moyenne de 682 points, devancent les espagnols (630 points), les grecs (655 points) et les italiens (674 points), mais sont loin derrière les allemands (752 points) ou les portugais (718 points). Au niveau mondial, la France se place 6ème, derrière ses 2 voisins européens, mais également derrière les Philippines (751 points), le Liban (689 points) et le Canada (734 points). (…) Comment améliorer le niveau d’anglais : séjour et pratique L’étude montre qu’un séjour dans un pays anglophone reste toujours la meilleure opportunité pour améliorer de façon conséquente et rapide son niveau d’anglais. Mais les personnes ayant effectué un séjour en pays anglophone ne sont que 10% des sondés ! Les candidats ayant effectué un séjour de 6 à 12 mois en pays anglophone obtiennent un score moyen de 702 points, 170 points de plus que ceux qui n’ont pas séjourné à l’étranger. La pratique quotidienne de l’anglais permet également de gagner 130 points en moyenne par rapport à une pratique plus sporadique (moins d’une fois par semaine). Au niveau mondial, l’anglais est pratiqué quotidiennement par 40% des sondés. 3.4 millions de candidats au TOEIC en 2004 ! Le test TOEIC a été conçu par ETS, Educational Testing Service en 1979 à la demande du MITI (Ministry of International Trade and Industry) au Japon. L’année dernière, plus de 3,4 millions de candidats (entreprises, centres de langues, formation continue, Ecoles, Universités...) ont passé le test dans plus de 60 pays, dont 100 000 en France. Informations pratiques :

Par ailleurs, attention à ne pas confondre prononciation (accent pourri) et compétence linguistique. Voir cette intervention parfaitement claire de Philippe Starck, qui parle un « anglais international » de façon courante.

Nuls par rapport à qui ?

7. Pourquoi ne pas se comparer avec les Anglo-saxons ? Britanniques, Etats-Uniens, Australiens, Canadiens ... cela serait plus intéressant que de nous comparer avec des pays conquis par le tout-anglais (Scandinavie, pays du nord de l’Europe) ou les micro-pays qui sont obligés d’apprendre des langues (Luxembourg)

Et si les nuls en langues étaient plutôt les Anglais ? pas besoin de creuser bien loin, ceci a été prouvé, et eux-mêmes le disent ! Lire cet intéressant article dans CafeBabel.com http://www.cafebabel.com/fr/article.asp?T=T&Id=4467 ce que Jorgos dit autrement : « Mais les anglophones n’ont-ils pas prouvé qu’ils sont les véritables handicapés de la communication en n’y trouvant qu’un remède : imposer leur langue aux autres ? » (Jorgos) Malheureusement ils n’ont même plus besoin de le faire ! :( Faisant preuve d’un extraordinaire masochisme, les autres pays, la France en tête, se l’imposent d’eux-mêmes !

8. Comparons-nous aussi avec d’autres pays qui ont une grande langue - internationale ou pas : Espagne, Italie, Portugal, Chine, Japon, voire l’Allemagne. Bref tous les pays à langue forte (cf site Enotero)

9. Si on mesurait le niveau en d’autres langues, les Français se classeraient sans doute mieux. Si on faisait le test avec l’italien, l’espagnol, voire l’espéranto, les résultats n’auraient certainement rien à voir ! Regardez par exemple l’étude sur le niveau en français des pays européens. Preuve qu’ils ne sont pas aussi bons en « langues », les pays du nord ! En réalité, les études –sérieuses- internationales sur la compétence linguistique n’existent pas encore, attendons que soit mis en place l’Indice Européen de Compétence Linguistique (IECL)

Pourquoi le dit-on ?

10. Un préjugé râbaché qui participe d’une véritable entreprise de culpabilisation, d’auto-flagellation, empreinte d’un masochisme stupéfiant. A preuve, citons le classement international des universités, très pipeautesque, ou les universités françaises sont dans les profondeurs du classement. Un classement qui ne veut rien dire, aux indicateurs totalement biaisé (cf entrevue dans Au fil de la toile 05 09 05), mais qui sert de référence aux décideurs en France pour réclamer une réforme du sytème universitaire. Alors même qu’un classement des grandes écoles, portant aux premières places les grandes écoles françaises, est passé sous silence et voit sa méthodologie contestée ! Masochisme français, n’est-il pas ?

Causes et conséquences - négatives - du tout-anglais

Le tout-anglais découle non pas du hasard, non pas d’une (prétendue) facilité de l’anglais, mais d’une politique délibérée d’anglicisation de la planète, inaugurée en Europe occidentale par le Plan Marshall, qui contenait des contreparties culturelles (importations de films hollywoodiens etc)

En Europe de l’Est notamment, l’attrait pour l’anglais découle dans une large mesure du « soft power » étatsunien : les EUA représentent la modernité, la puissance, le progrès.

A qui profite « le crime » ? ici : la répétition et l’exploitation de ce préjugé. Le tout-anglais entraîne un impôt linguistique considérable, une rente linguistique. Et il renforce la suprématie des pays anglo-saxons et de tout l’univers qui leur est associé : universités, culture, modèle économique …

Financièrement : Aux marchands d’anglais : éditeurs de méthodes de langues, écoles d’anglais (WSI), écoles de langues, entreprises de tests, de certification du niveau d’anglais (TOEFL, TOEIC), éditeurs de DVD Politiquement : Aux universités britanniques, étatsuniennes, pour maintenir et renforcer leur suprématie. Voir le tristement fameux Classement de Shanghaï. Cf. article Figaro :

http://www.lefigaro.fr/debats/20050903.FIG0079.html ?210449 ÉDUCATION Une comparaison des méthodes d’enseignement supérieur en France et en Grande-Bretagne Howard Davies : « La sélection est nécessaire »


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