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Commentaire de ffi

sur Le malhonnête et dangereux sophisme du « A qui profite le crime ? »


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ffi ffi 5 avril 2010 12:30

« Il y a une infinité de figures et de mouvements présents et passés qui entrent dans la cause efficiente de mon écriture présente ; et il y a une infinité de petites inclinations et dispositions de mon âme, présentes et passées, qui entrent dans la cause finale. »

Leibniz, Monadologie

Il me semble que Nicopole, est victime de déformation professionnelle.

Il est clair que la physique ne s’intéresse en particulier qu’aux causes premières et nécessaires des choses. La physique se borne en général à essayer d’identifier les mécanismes en partant de la situation initiale. La flèche de causalité physique va du passé vers le futur.

Or, ce modèle, s’il est efficace en physique, ne peut pas être suffisant pour réfléchir sur les situations humaines. Comme la police arrive sur les lieux en général après le crime, elle ne constate que la situation finale. Elle se doit donc d’avoir des principes généraux qui lui permettent de reconstituer tant la situation initiale que l’enchainement des faits qui ont abouti au crime.

En tant qu’être vivant, l’homme poursuit certaines fins. C’est-à-dire que sa volonté d’obtenir ce qu’il considère comme un bien le pousse à agir de manière à mettre en place les conditions nécessaires à la réalisation de ce but. C’est ce que l’on pourrait appeler « la cause finale ». Dans le cas d’un crime, cette volonté, c’est le mobile. Envisager le mobile d’un crime permet d’avoir quelques pistes - mais, il est vrai qu’en général, cela doit rester assez secret pour des raisons de réputation car il ne suffit pas d’avoir un mobile pour perpétrer un crime.

Nicopole oublie ce contexte différent, et je pense que c’est pour cela qu’il préfère parler de phénomène plutôt que de crime dans sa démonstration.

Ensuite, Nicopole, donne des exemples qui lui donneraient raison, mais ils sont issus de son imagination et les formulent à sa convenance, de manière à prouver la validité de son raisonnement. Mais amalgamer des interrogations contingentes et les présenter sous l’angle d’une causalité nécessaire est nécessairement erroné.

Si il y a un évènement criminel, et que quelqu’un avait affiché une volonté initiale de parvenir au but auquel ce crime abouti, cela suffit pour envisager d’enquêter sur cette personne. On peut tourner le problème dans tous les sens, cette démarche est valide.

Si je prends le cas du onze septembre - cas que tout le monde à en tête, y compris, l’auteur de l’article (cause finale de l’article ?), il est remarquable de constater que l’aboutissement de ce crime (la possibilité pour les Anglo-Saxon de mettre le pied en Asie centrale), correspond parfaitement aux intentions déclarées dans les hautes sphères de la géostratégie américaine, et ce dès 1997. Voir cette note de lecture sur « Le grand échiquier » de Zbig Brezinski

Après, il est toujours possible que Ben Laden soit un abruti fini et qu’il ait pris le risque de se faire détruire, qu’il ait eu des relais dans l’armée pour garder la chasse aéronautique au sol, et qu’il ait eu le génie de faire s’effondrer 3 tours avec 2 avions...

En fait, Nicopole, comme beaucoup, ayant succombé au piège de la négation de la causalité finale dans le sciences humaines et ayant été dressé au système des causalités nécessaires, a mordu à l’hameçon de ce sophisme consistant à affirmer que nécessairement les crises feraient émerger des théories du complot.

Et là est la cause finale de l’article de notre Don Quichotte : lutter contre cette (fausse) loi de l’histoire.

En cas de crise, il y a des contestations, c’est normal. Il faut s’interroger sur où l’on va et comment on y va.


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