@ toutes et tous ...
Je n’ai pas
beaucoup d’atomes crochus avec Claude Allegre et je suis en désaccord
avec le personnage dans son positionnement sur le changement
climatique. Il hurle souvent à la chasse aux sorcières en ce qui le
concerne alors qu’il n’hésite jamais à profiter de sa stature à la
fois d’ancien ministre, de politique « très médiatique » et
de scientifique de renommée mondiale dans son domaine pour faire
passer ses idées et surtout son combat contre le GIEC, combat que
bon nombre de ses collègues le soupçonnent de mener non pas en
raison d’un raisonnement scientifique sérieux mais pour des raisons
bien plus pécuniaires de financement de sa propre branche de
recherche, la physique du globe, l’étude de la tectonique etc.
Il
se trouve que j’ai un certain nombre de questions sur l’épluchage de
chiffres à laquelle se livre l’auteur, chiffres qu’il manie ensuite
pour essayer de jeter un doute sur la qualité et le sérieux des
signataires. Juste un exemple : il pointe du doigt la proportion
moindre de professeurs et de directeurs de recherche au CNRS par
rapport au nombre de chercheurs « juniors ». Je serais plus
enclin à suivre ce raisonnement si il donnait la proportion entre
les deux et surtout s’il donnait le ratio qui existe au CNRS (pour ne
parler que de cet organisme) entre chercheurs et directeurs de
recherche. Car, peut être que ce ratio est le même et que
l’échantillon est représentatif de ce qu’est le CNRS ! Faute de
chiffres, je ne peux pas le savoir et je n’aime pas être dans la
position de quelqu’un à qui on assène des vérités, surtout quand
l’auteur dénonce lui même ce comportement. Un peu de cohérence ne
fait jamais de mal, surtout pour un scientifique.
J’ai enfin,
en lisant cet article, la désagréable impression que le sujet - le
climat - est en fait prétexte à une querelle de chapelle : qui est
le meilleur entre le chercheur en université et le chercheur intégré
à un organisme de recherche. Il se trouve qu’en France, puisqu’on
parle de recherche française, le modèle est mixte et que les liens
entre organismes de recherche tels que le CNRS et les universités
sont nombreux et Jean Jouzel, vice président du GIEC par ailleurs,
dirige un institut, l’IPSL dont une bonne partie des locaux et des
équipes sont à Jussieu au coeur de l’une des grandes universités
parisiennes. Bref, que viens-je faire dans cette querelle byzantine
en tant que lecteur ?
Pour autant, j’ai lu dans certains
commentaires des attaques contre la personne qui publie cet article,
Véronique Anger de Friberg. Elle est décrite comme une malade,
obsessionnellement névrosée. Je suis donc allé lire le livre
qui est cité en fin d’article, livre qui, comme l’indique Madame de
Friberg, est en lecture gratuite sur la toile. Que voulez vous,
j’aime bien me faire une idée par moi même et je n’aime pas les
gens qui brocardent ...
Il se trouve que ce bouquin m’a intéressé, à plus d’un titre. Loin de s’attaquer aux
scientifiques, même si elle égratigne le GIEC plus d’une fois, elle
réserve ses philippiques pour ceux qui, sous couvert d’écologie, se
livrent en fait à une manipulation en règle des opinions publiques,
européennes et américaines notamment. Et si je ne suis pas un
climato sceptique, j’ai trouvé pas mal de choses tout à fait
sensées là dedans, son constat est pertinent et mérite en tout cas
mieux que des insultes.
Elle fait entre autres un constat
clair et dérangeant : dans cette histoire de réchauffement
climatique, nous sommes piégés entre les énormes intérêts des
lobbys pétrochimiques et des pays producteurs d’un coté, et, de
l’autre, ceux qui se servent de la recherche sur le climat pour
essayer d’imposer une vision du monde et une culpabilisation
permanente et sans cesse croissante de la population. On nous somme
de choisir un camp dans une guerre dont nous serons quoi qu’il
advienne les perdants.
Alors, oui, je ne suis pas d’accord
avec tout ce qu’elle écrit, je ne suis pas non plus d’accord avec la
manière dont elle dit certaines choses mais Véronique Anger de
Friberg vaut mieux que l’image de folle furieuse climato-sceptique
que certains lui collent sur le dos.
Je dis cela d’autant
plus à l’aise que je n’ai pas de bons rapports avec cette dame. Et
l’absence d’atomes crochus entre elle et moi s’est déjà étalé
ailleurs sur la toile.
Alors, je n’ai qu’une chose à vous
dire : nul ne vous force à apprécier Véronique Anger de Friberg
mais son livre mérite d’être lu. Selon moi.
Manuel Atréide