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Commentaire de Manuel Atreide

sur Pétition des 600 : qui sont les climatologues en colère ? Par Rémy Prud'homme


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Manuel Atreide Manuel Atreide 28 avril 2010 20:40

@ toutes et tous ...

Je n’ai pas beaucoup d’atomes crochus avec Claude Allegre et je suis en désaccord avec le personnage dans son positionnement sur le changement climatique. Il hurle souvent à la chasse aux sorcières en ce qui le concerne alors qu’il n’hésite jamais à profiter de sa stature à la fois d’ancien ministre, de politique « très médiatique » et de scientifique de renommée mondiale dans son domaine pour faire passer ses idées et surtout son combat contre le GIEC, combat que bon nombre de ses collègues le soupçonnent de mener non pas en raison d’un raisonnement scientifique sérieux mais pour des raisons bien plus pécuniaires de financement de sa propre branche de recherche, la physique du globe, l’étude de la tectonique etc.

Il se trouve que j’ai un certain nombre de questions sur l’épluchage de chiffres à laquelle se livre l’auteur, chiffres qu’il manie ensuite pour essayer de jeter un doute sur la qualité et le sérieux des signataires. Juste un exemple : il pointe du doigt la proportion moindre de professeurs et de directeurs de recherche au CNRS par rapport au nombre de chercheurs « juniors ». Je serais plus enclin à suivre ce raisonnement si il donnait la proportion entre les deux et surtout s’il donnait le ratio qui existe au CNRS (pour ne parler que de cet organisme) entre chercheurs et directeurs de recherche. Car, peut être que ce ratio est le même et que l’échantillon est représentatif de ce qu’est le CNRS ! Faute de chiffres, je ne peux pas le savoir et je n’aime pas être dans la position de quelqu’un à qui on assène des vérités, surtout quand l’auteur dénonce lui même ce comportement. Un peu de cohérence ne fait jamais de mal, surtout pour un scientifique.

J’ai enfin, en lisant cet article, la désagréable impression que le sujet - le climat - est en fait prétexte à une querelle de chapelle : qui est le meilleur entre le chercheur en université et le chercheur intégré à un organisme de recherche. Il se trouve qu’en France, puisqu’on parle de recherche française, le modèle est mixte et que les liens entre organismes de recherche tels que le CNRS et les universités sont nombreux et Jean Jouzel, vice président du GIEC par ailleurs, dirige un institut, l’IPSL dont une bonne partie des locaux et des équipes sont à Jussieu au coeur de l’une des grandes universités parisiennes. Bref, que viens-je faire dans cette querelle byzantine en tant que lecteur ?

Pour autant, j’ai lu dans certains commentaires des attaques contre la personne qui publie cet article, Véronique Anger de Friberg. Elle est décrite comme une malade, obsessionnellement névrosée. Je suis donc allé lire le livre qui est cité en fin d’article, livre qui, comme l’indique Madame de Friberg, est en lecture gratuite sur la toile. Que voulez vous, j’aime bien me faire une idée par moi même et je n’aime pas les gens qui brocardent ...

Il se trouve que ce bouquin m’a intéressé, à plus d’un titre. Loin de s’attaquer aux scientifiques, même si elle égratigne le GIEC plus d’une fois, elle réserve ses philippiques pour ceux qui, sous couvert d’écologie, se livrent en fait à une manipulation en règle des opinions publiques, européennes et américaines notamment. Et si je ne suis pas un climato sceptique, j’ai trouvé pas mal de choses tout à fait sensées là dedans, son constat est pertinent et mérite en tout cas mieux que des insultes.

Elle fait entre autres un constat clair et dérangeant : dans cette histoire de réchauffement climatique, nous sommes piégés entre les énormes intérêts des lobbys pétrochimiques et des pays producteurs d’un coté, et, de l’autre, ceux qui se servent de la recherche sur le climat pour essayer d’imposer une vision du monde et une culpabilisation permanente et sans cesse croissante de la population. On nous somme de choisir un camp dans une guerre dont nous serons quoi qu’il advienne les perdants.

Alors, oui, je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle écrit, je ne suis pas non plus d’accord avec la manière dont elle dit certaines choses mais Véronique Anger de Friberg vaut mieux que l’image de folle furieuse climato-sceptique que certains lui collent sur le dos.

Je dis cela d’autant plus à l’aise que je n’ai pas de bons rapports avec cette dame. Et l’absence d’atomes crochus entre elle et moi s’est déjà étalé ailleurs sur la toile.

Alors, je n’ai qu’une chose à vous dire : nul ne vous force à apprécier Véronique Anger de Friberg mais son livre mérite d’être lu. Selon moi.

Manuel Atréide


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