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Commentaire de ZEN

sur Les milliardaires philantropes et l'impôt


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ZEN ZEN 13 août 2010 07:45

Ah ! Dur d’ être milliardaire ! d’avoir à gérer une richesse qui peut correspondre à celle de plusieurs pays
Que de soucis ! De plus, les sommes possédées excèdent de très loin tout ce qu’on serait susceptible de dépenser même au cours de plusieurs vies, même si l’on s’offrait les produits les plus nombreux et les plus luxueux.
C’est terrible, on ne peut consommer au delà d’un certain seuil : trois bouteilles de Petrus par jour, et voilà votre santé mal partie ; cinq yachts de par le monde : parfait, mais comment en profiter, le temps n’est pas extensible, et ça finit par être ennuyeux...Et puis il faut bien mourir ! Un beau mausolée, un cercueil en acajou ne donneront aucune satisfaction particulière. A-t-on jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard ?
On comprend pourquoi un Carnegie, ou même un Rockefeller, en soit presque venus à prêcher la vie simple, presque ascétique..Il faut dire que l’esprit du protestantisme était passé par là, avec sa glorification du travail et de la réussite matérielle pensée comme l’expression du salut . Etre riche : une mission divine. Aux USA, l’argent n’a jamais été objet de honte et la réussite sociale est une valeur dont on peut se glorifier sans complexe (Daniel Boorstin dans Histoire des Américains, décrit très bien cette tendance présente dès le départ de l’"aventure coloniale"). Etre pauvre ne pouvait qu’engendrer une certaine honte au sein d’un société marquée par une Destinée Manifeste.
Mais le problème, le casse-tête, pour les happy fews, c’est de profiter en faisant profiter les plus malchanceux. Leur conscience morale devait souffrir , à la vue de tant de misères répandues aux USA et à l’extérieur. D’où l’idée d’établir des fondations , pour réparer ce que l’Etat ne faisait pas ou faisait si mal. La justice sociale étant si mal assurée, il fallait compenser par la charité, qui pouvait être grande, mais laissée à la libre appréciation de chacun. C’était sans doute un moyen de soulager sa conscience, peut-être des remords issus d’une fortune à l’origine acquise dans des conditions douteuses, mais aussi un bon moyen d’échapper partiellement à l’impôt, de valoriser son image sociale, donc de conforter sa réussite. Un bon retour sur investissement, en quelque sorte.
Cela peut paraître cynique , et pourtant...
Un impôt proportionnel aux richesses accumulées , judicieusement utilisé (hôpitaux, éducation, etc...), serait certainement plus efficace socialement que des dons, laissées souvent à la fantaisie individuelle (je sais,des groupes bancaires ont maintenant leurs conseillers en philanthropie, _comme en placement en paradis fiscaux_) et parfois sans suite. Avec une partie de la fortune de Bill Gates (il lui en resterait tant encore pour lui et ses enfants !), on pourrait ouvrir des écoles dans toute l’Afrique et sortir beaucoup de pays du marasme, par des actions bien ciblées, bien organisées. Ce serait aussi une façon de rendre à la société une partie des sommes qu’il a captées par ses pratiques commerciales monopolistiques déloyales .
Madame Bettancourt ne verse qu’une part très dérisoire de ses revenus à l’Etat au regard d’une personne des classes moyennes, mais elle a aussi « ses » pauvres"...et ses oeuvres d’art, qui lui donnent du plaisir et lui font  faire des économies...
Alors, justice ou charité ?


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