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Commentaire de easy

sur La politique de la France se fait désormais à la corbeille !


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easy easy 19 août 2011 15:39

La corbeille.

Il y a bien entendu les accélérations dues aux robots.

Mais tout avait commencé vers 95, avec le Net et donc l’accès au jeu de la bourse par n’importe qui et à un moment, coïncidence, oeuf ou poule, où on a proposé des souscriptions d’actions sur des entreprises du Net.

Pour une part en raison de réussites réelles (Microsoft, Apple...) Pour une part en raison de l’évidence que l’informatique allait s’imposer et surclasser les lourdeurs industrielles classiques de type Alstom Atlantique. Pour une part en raison du transfert des activités de ce pôle industriel au pôle informatique et virtuel. Pour une autre part en raison d’un marketing nouveau concernant l’informatique (entraînant des orientations scolaires nouvelles) tous ceux qui ont eu accès au net, se sont mis à jouer à ce jeu très excitant et incroyablement bullish du coup. 

Observez les volumes qui se jouent chaque jour depuis 50 ans et vous verrez la folie ou l’enthousiasme pour ne pas être péjoratif, des parieurs (joueurs, spéculateurs, peu importe le nom plus ou moins péjorant) 

Ce volume traduisait deux choses
D’une part un véritable investissement au sens de Long terme (par exemple à la manière de Buffet) 
Mais aussi, pour une autre part, des innombrables aller-retour qu’effectuaient les nerveux de la souris ou les day traders depuis leur appartement. Ainsi, alors qu’il se joue réellement 1 F, ce même Franc est comptabilisé plusieurs fois par jour en vert (pour les achats) et en rouge (pour les ventes)
Il y a eu un réel surplus d’injection d’argent dans la bourse mais il y a surtout eu des va-et-vient qui ont donné des impressions de volumes énormes.
Oui, un Kerviel pouvait engager 1 milliard à 10h et les ressortir à 10h10 avec quelque gain au passage. 

Comme dans tous les magazines et bureaux du Monde, chacun ne parlait plus que des plus-values extraordinaires qu’il avait faites, tout le monde s’y est mis et le Loto a eu du mal à s’installer au départ (alors qu’il existait en Italie) 

Il y avait eu les loteries sous Néron, il y avait eu les loteries des Gueules cassées, tout ça représentait peu de chose. Il y avait eu les casinos (numérus clausus et peu populaires). Il y avait eu le tiercé mais il se mourrait car on ne voulait plus de chevaux dans la ville, et voilà que soudain est apparu, en même temps que l’immense territoire du Net et de l’informatique, la possibilité de jouer en bourse depuis chez soi.
Passionnant.

Les amplitudes, les volatilités d’antan était , je vous l’assure, raisonnables et intéressantes en termes de gain mais il fallait rester investi assez longtemps.
Or, avec cette folie de 1998 1999 2000, en trois ans, et surtout sur le Nouveau Marché, on se retrouvait avec un capital x par 1000 en deux ans. Aucun autre jeu ne permettait à autant de gens de s’enrichir en même temps. Alors qu’au loto il n’y a qu’une poignée de gagnants et beaucoup de perdants, les millions de personnes qui ont joué la folie de 1999 2000 sur le NM et le Nasdaq ont gagné. Aucun perdant.

Reste qu’il fallait valider les gains donc revendre ces actions devenues très chères. Et comme arrivaient des premiers bilans de dotcom qui s’avéraient désastreux, il y a eu un froid, un manque de renchérisseurs et pouf, tout est retombé en un an. (Beaucoup des riches virtuels n’ont pas eu le temps de vendre et se sont retrouvés dépités)

Depuis l’an 2000, il y a certes deux rebonds techniques mais globalement, tout se dégonfle et va probablement finir sur le très vieux support qui tourne vers les 2000 points sur le CAC

Je ne dis pas qu’il ne s’est rien passé d’autre, sur le plan économique, industriel et financier que ce phénomène de jeu boursier très excitant et aliénant, mais il aura, à lui seul, complètement faussé les principes classiques du placement boursier donc des investissements et capitalisations boursières.

Et c’est parce qu’on a tous compris qu’il fallait, une fois la Plus Value inscrite sur le papier, vendre très vite, ultra vite pour encaisser réellement le bénéfice.

On parle de re-séparer les activités bancaires. Certes.
Mais tant qu’on permettra à n’importe quel gosse de jouer à la bourse sur le capital de confiance des entreprises qui font le sang de notre activité économique, on sera à côté de la plaque.

Les entreprise ne doivent pas servir directement, hyper directement, de support à un jeu d’argent aussi rapide.
Rien qu’en interdisant une revente avant 6 mois on changerait largement la donne.
Mais continuer de permettre à un quidam de crier ’vive Coca’ à 12h et ’mort à Coca’ à 13h c’est folie.

Changer la donne ? 
C’est bien difficile.
Car depuis 12 ans, les banques ont fondé leurs revenus sur ce jeu. Une même banque crie « vive Coca » à 12h et « Mort à Coca » à 12h 01 et ça lui procure des bénéfices.
Interdire aux banques comme aux petits porteurs de revendre avant un certain délai serait casser les banques.


C’est pas compliqué. S’il n’y avait pas eu quelques Zinzins pour conserver leurs positions sur plusieurs années, à la manière de Buffet donc, tout se serait déjà cassé la gueule pour de bon dix ans plus tôt.


Il serait tout à fait possible de créer un espace de jeu de bourse, toujours aussi speed et excitant et toujours sur des valeurs d’entreprise par exemple mais sans réelle connexion avec elles. Un peu comme si entre potes on organisait un pari sur un coin de table concernant les cours d’Air France. 
Ca n’enlèverait rien aux risques, aux gains, au plaisir et aux larmes mais le capital des entreprises resterait préservé et ne serait accessible qu’aux placements de Moyen et Long terme.


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