Presque un meurtre !
Pour des raisons que je ne
dévoilerais pas, j’ai eu à connaître des informations sur la société Alsthom et
ses centres d’essais.
Ce que j’évoque dans ce texte
n’est ni de la médisance, ni de la délation. Il n’en est pas moins vrai que ce
qui c’est passé aux environs de Bar Le Duc hier matin, et qui s’est soldé par
un bilan de trois morts, était prévisible.
La société Alsthom n’est pas
directement impliquée dans cet accident si ce n’est qu’elle est le maître
d’œuvre par l’intermédiaire d’un « filiale » et plus précisément
C.E.F. Cette entreprise est placée directement sous les ordres de Alsthom avec
même certains cadres communs.
Si, jusqu’à hier, rien de notable
n’était apparu, ce n’est plus le cas. Et c’est un scandale car manifestement
les règles les plus élémentaires de sécurité ont été ignorées pour ne pas dire
inappliquées.
Comment peut on justifier la
présence de travailleurs sur la voie sans protection physique et humaine ?
Qui et comment peut-on autoriser
une circulation a s’engager sur une section de voie sans en vérifier le
dégagement ?
Qui a mis sous tension
l’alimentation électrique de cette portion de voie sans s’assurer que cela
pouvait se faire sans danger ?
Pour répondre à ces questions il
faut et il suffit de se pencher sur la méthode de commandement de ce
« laboratoire d’essai ». Pour faire un vilain jeux de mot, plutôt un
« abattoir d’essai ».
Le moins insultant des
qualificatifs est la coupable négligence avec laquelle est gérée ce
« Laboratoire ». Une négligence soumise aux impératifs de
rentabilité, de rapidité de résultats aux dépends de la sécurité des
travailleurs et (et, me suis laissé dire) des futurs voyageurs.
Quel est le fieffé menteur
aujourd’hui qui est en mesure de nous assurer, qu’en plus des risques inouïs
des travailleurs, la qualité des résultats des essais est réelle ? Est-il donc garanti que ces
« essais » sont véritablement fiables ? Dans quelle mesure les économies de
financement alliées aux économies de travailleurs qualifiés (souvent remplacés
par des intérimaires sous payés) et au rendement rapide ne seront pas àl’origine de défauts de conception dangereusement ignorés ?
Comment au XXIeme
siècle peut on partir rejoindre son lieu de travail à l’ombre de son
cercueil ? Tous les moyens de préventions et de sécurités étaient-ils
connus des victimes ? Tous les acteurs de ce drame connaissaient-ils les
lieux et les conditions de travail particulières du site ?
Manifestement non ! La faute
ne peut être imputable à un seul des acteurs car elle résulte de plusieurs
infractions aux règles élémentaires du milieu ferroviaire. Qui peut croire
qu’un dirigeant (si un était présent lors des faits) ne porte pas la
responsabilité de cette horreur. Mais en est-il le seul ? Pas si sur.
Lorsque l’on n’applique pas les
directives (pourtant répertoriées dans le Document Unique des risques
d’accidents) nécessaires par manque de personnel qualifié, lorsque le système
fonctionne avec le minimum de personnel formé, lorsque les travailleurs, eux
même, ignorent les risques, alors il faut s’attendre à un problème grave. Ce
problème est directement issu de l’obsession du coût minimum, du temps limité,
du résultat attendu.
Je suis profondément affecté par
ce drame surtout en cette période de l’année ou le deuil est particulièrement
ressenti.
Puis nous voyons venir sur les
lieux un P.D.G affligé, une palanquée de ministres y va de sa larme de
sympathie avec les familles. Même un Directeur Général du Travail est convoqué
sur place pour « faire la lumière ».
N’ayons pas de frayeurs anticipées !
De l’enquête la lumière mettra en évidence quelques sous fifres dont les
responsabilités seront diluées. Au mieux, les familles se verront reconnaître
un droit à une misérable indemnité.
Misérable car bien inutile. Rien,
ni personne, ne remplacera ces hommes qui à jamais resteront absent. Et surtout
misérable, car c’est faire une aumône bien amère que de glisser au creux d’une
main, même pas tendue, un lot de consolation. Un peu à la manière de la main
flatteuse sur le flanc du cheval qui a bien travaillé aux labours. Brave
bête !
J’ai honte de ce que j’ai pu lire
sur ce « faits divers » qui sera bien vite oublié devant l’actualité
si importante de nos politiques.
J’ai honte de parler dans le vide
sidéral de notre indifférence quotidienne. Alors je prends ma plume et je vomis
sur ces personnages infects qui ne sont intéressés que par leur petit pécule
qui grossit encore et encore. Ce qui m’étonne toujours c’est la passivité des
rangs des modestes qui stoïquement continuent leur chemin sans se rebeller.
Le champs d’honneur, si prisé par
les sabreurs de tous poils, est là ! sur ces lieux de travail qui sont
aujourd’hui plus nombreux que les quelques champs de batailles connues. Et ce
sont encore les mêmes qui y tombent ! Paradoxal non ?
Que dire des blessés, meurtris
dans leur chair, et pour qui les difficultés iront en grandissant ?
Il en est même qui trouvent des
circonstances atténuantes aux employeurs qui les licencient ensuite. Et
oui ! Ils ne sont plus aptes à leurs postes de travail et puis cela coûte
cher un poste adapté alors…