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Commentaire de piquecul

sur Meuse : Trois ouvriers fauchés par un train...


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piquecul 2 décembre 2011 11:25

Presque un meurtre !

Pour des raisons que je ne dévoilerais pas, j’ai eu à connaître des informations sur la société Alsthom et ses centres d’essais.

Ce que j’évoque dans ce texte n’est ni de la médisance, ni de la délation. Il n’en est pas moins vrai que ce qui c’est passé aux environs de Bar Le Duc hier matin, et qui s’est soldé par un bilan de trois morts, était prévisible.

La société Alsthom n’est pas directement impliquée dans cet accident si ce n’est qu’elle est le maître d’œuvre par l’intermédiaire d’un « filiale » et plus précisément C.E.F. Cette entreprise est placée directement sous les ordres de Alsthom avec même certains cadres communs.

Si, jusqu’à hier, rien de notable n’était apparu, ce n’est plus le cas. Et c’est un scandale car manifestement les règles les plus élémentaires de sécurité ont été ignorées pour ne pas dire inappliquées.

Comment peut on justifier la présence de travailleurs sur la voie sans protection physique et humaine ?

Qui et comment peut-on autoriser une circulation a s’engager sur une section de voie sans en vérifier le dégagement ?

Qui a mis sous tension l’alimentation électrique de cette portion de voie sans s’assurer que cela pouvait se faire sans danger ?

 Pour répondre à ces questions il faut et il suffit de se pencher sur la méthode de commandement de ce « laboratoire d’essai ». Pour faire un vilain jeux de mot, plutôt un « abattoir d’essai ».

 Le moins insultant des qualificatifs est la coupable négligence avec laquelle est gérée ce « Laboratoire ». Une négligence soumise aux impératifs de rentabilité, de rapidité de résultats aux dépends de la sécurité des travailleurs et (et, me suis laissé dire) des futurs voyageurs.

Quel est le fieffé menteur aujourd’hui qui est en mesure de nous assurer, qu’en plus des risques inouïs des travailleurs, la qualité des résultats des essais est réelle ? Est-il donc garanti que ces « essais » sont véritablement fiables ?  Dans quelle mesure les économies de financement alliées aux économies de travailleurs qualifiés (souvent remplacés par des intérimaires sous payés) et au rendement rapide ne seront pas àl’origine de défauts de conception dangereusement ignorés ?

Comment au XXIeme siècle peut on partir rejoindre son lieu de travail à l’ombre de son cercueil ? Tous les moyens de préventions et de sécurités étaient-ils connus des victimes ? Tous les acteurs de ce drame connaissaient-ils les lieux et les conditions de travail particulières du site ?

Manifestement non ! La faute ne peut être imputable à un seul des acteurs car elle résulte de plusieurs infractions aux règles élémentaires du milieu ferroviaire. Qui peut croire qu’un dirigeant (si un était présent lors des faits) ne porte pas la responsabilité de cette horreur. Mais en est-il le seul ? Pas si sur.

Lorsque l’on n’applique pas les directives (pourtant répertoriées dans le Document Unique des risques d’accidents) nécessaires par manque de personnel qualifié, lorsque le système fonctionne avec le minimum de personnel formé, lorsque les travailleurs, eux même, ignorent les risques, alors il faut s’attendre à un problème grave. Ce problème est directement issu de l’obsession du coût minimum, du temps limité, du résultat attendu.

 Je suis profondément affecté par ce drame surtout en cette période de l’année ou le deuil est particulièrement ressenti.

 Puis nous voyons venir sur les lieux un P.D.G affligé, une palanquée de ministres y va de sa larme de sympathie avec les familles. Même un Directeur Général du Travail est convoqué sur place pour « faire la lumière ».

N’ayons pas de frayeurs anticipées ! De l’enquête la lumière mettra en évidence quelques sous fifres dont les responsabilités seront diluées. Au mieux, les familles se verront reconnaître un droit à une misérable indemnité.

Misérable car bien inutile. Rien, ni personne, ne remplacera ces hommes qui à jamais resteront absent. Et surtout misérable, car c’est faire une aumône bien amère que de glisser au creux d’une main, même pas tendue, un lot de consolation. Un peu à la manière de la main flatteuse sur le flanc du cheval qui a bien travaillé aux labours. Brave bête !

J’ai honte de ce que j’ai pu lire sur ce « faits divers » qui sera bien vite oublié devant l’actualité si importante de nos politiques.

J’ai honte de parler dans le vide sidéral de notre indifférence quotidienne. Alors je prends ma plume et je vomis sur ces personnages infects qui ne sont intéressés que par leur petit pécule qui grossit encore et encore. Ce qui m’étonne toujours c’est la passivité des rangs des modestes qui stoïquement continuent leur chemin sans se rebeller.

Le champs d’honneur, si prisé par les sabreurs de tous poils, est là ! sur ces lieux de travail qui sont aujourd’hui plus nombreux que les quelques champs de batailles connues. Et ce sont encore les mêmes qui y tombent ! Paradoxal non ?  

Que dire des blessés, meurtris dans leur chair, et pour qui les difficultés iront en grandissant ?

Il en est même qui trouvent des circonstances atténuantes aux employeurs qui les licencient ensuite. Et oui ! Ils ne sont plus aptes à leurs postes de travail et puis cela coûte cher un poste adapté alors…


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