@ Leo Le Sage
Je pense que vous avez bien compris le sens de cet article,
et je suis content que vous soyez du même avis.
Au sujet de l’utilisation d’un logiciel pour résoudre une
équation du second degré, je m’explique : je dirais que c’est bien un
travail qui n’est pas indispensable puisqu’on sait résoudre de telles équations
à la main très facilement en appliquant des formules exactes que l’on peut de
surcroît démontrer rigoureusement. L’utilisation d’un logiciel dans ce cas est inappropriée,
sauf si l’on en fait un credo.
Au niveau de l’écueil n°4 que vous dites, il ne faut pas être
pessimiste, en ce sens que je vois seulement des étudiants méritants qui
travaillent beaucoup et atteignent beaucoup d’objectifs conséquents, et qui
passent le CAPES pour enseigner les mathématiques. Ils sauront proposer de bons
cours à leurs élèves. Par contre ils seront « obligés » de suivre des
tas de modes, et de « faire avec », toujours en essayant de protéger
les élèves autant qu’il est possible. Ils y arriveront, et ainsi vogue la
galère. De plus la plupart des « non
titulaires » que j’ai rencontrés sont compétents et motivés. Avec une
licence de maths, ils ont des bases pour enseigner au lycée tout de même.
Par contre votre écueil n°5 est problématique : les
futurs professeurs des écoles, recrutés à BAC+5 comme ceux du second degré,
sont en majorité des personnes qui n’ont pas suivi d’enseignement scientifique
pendant leur scolarité dès le lycée. Ils en sont donc très éloignés et a priori peu intéressés. Cela influe automatiquement
sur la façon dont ils aborderont les sciences dans le primaire. Heureusement, mes collègues de l’IUFM font tout leur possible pour leur faire acquérir un
niveau de troisième pour passer le concours du CAPE, mais encore une fois avec
des horaires minimalistes concernant les sciences. Car j’ai l’impression que
tout passe avant les sciences, quand je
vois les choix opérés en commissions ou les horaires dévolus.
Un exemple abrupt : pour passer un CAPES de maths ou de
sciences physiques, on demande de passer un examen copieux qui assure que l’on
maîtrise une langue vivante étrangère, les CLES2. Quel but poursuit-on ?
Le temps passé à travailler cet examen est du temps perdu pour travailler la
discipline où ces candidats seront recrutés. Et savoir l’anglais ou l’espagnol
ne servira strictement à rien pour enseigner des maths ou des sciences. Ce
travail est donc grandement inutile, une perte d’énergie programmée.
Qui plus est, on ne demande pas aux candidats des CAPES
de langues de passer un examen de mathématiques, ce qui signifie que, pour eux, on a clairement compris qu’apprendre
un peu de logique ou travailler la démonstration mathématique, même à un niveau
troisième, ne servirait à rien dans
leurs classes. Deux poids deux mesures.
La suprématie des langues est
affirmée en ce début du XXIe siècle. D’ailleurs, il suffit de regarder les spécialités
des présidents des groupes de pilotage de ces commissions. Le Monde du 6
juillet donne quatre noms : une vice-présidente d’ un
conseil régional docteur en droit, un professeur de médecine, une présidente de
la fédération du e-commerce, et un professeur certifié d’histoire-géographie.
Donc un scientifique sur quatre, médecin. Quatre autres noms sont
indiqués pour le comité de pilotage : un professeur en sociologie, le
directeur du CNAM (très investi déjà sous Chatel), un ancien conseiller d’orientation,
et une éditorialiste au magazine Elle. Je cherche toujours un
mathématicien ou un physicien : je n’en ai pas vu… Où sont-ils pour
éviter les grosses erreurs dans l’enseignement des sciences ? Par qui les choix de programmes et d’horaires seront-ils faits ?