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Commentaire de Morpheus

sur ACTIO POPULI


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Morpheus Morpheus 27 octobre 2012 15:30

Les athéniens n’ont pas cherchés, en créant la démocratie, à déterminer comment placer les gens les plus vertueux aux commandes. L’histoire montre que ce qui les a mené à créer la démocratie, c’est une longue succession de tyrannies et d’oligarchies, dans un constant rapport de force entre possédants (minoritaires) et dominés (majoritaires).

Las de ces oligarchies et tyrannies à répétition, las de ces inégalités, ils ont inventé la démocratie pour justement sortir de cela. Après leur longue expérience du pouvoir, ils ont compris que le pouvoir et la richesse corrompent, et ils ont compris que chacun d’eux était susceptible de devenir un tyran, même celui qui, un jour, ou un moment, passait pour le plus vertueux.

L’analyse de leurs procédures démocratiques montre qu’ils se méfiaient du pouvoir, et qu’ils se méfiaient l’un l’autre, raison pour laquelle ils ont mis en place ces mesures (tirage au sort, mandats courts et non renouvelable, rotation des charges, pouvoir de voter les lois dans la seule assemblée populaire, isègoria, reddition des comptes, etc.).

Tant Manin que Hansen s’accordent à l’affirmer, les athéniens ont inventé des procédures fondées non sur la confiance dans la vertu de l’un ou de l’autre, mais sur la méfiance en la potentialité de chacun à devenir un tyran et à abuser du pouvoir. C’est précisément cela, la démocratie : la méfiance face à la potentialité de tous à abuser du pouvoir. A contrario, vous observerez que les gouvernement dit « représentatifs », fondé sur la procédure élective, sont basé sur la confiance que l’électeur place dans son « représentant ». Une confiance absurde, puisqu’il est impossible à 40 millions d’électeurs de connaître la personne pour qui ils votent, pas plus qu’ils ne possèdent la moindre procédure pour vérifier l’action de l’élu, ni le révoquer, ni s’assurer qu’il n’abuse de son pouvoir. Si l’on peut considérer comme pouvant être applicable l’élection dans une toute petite communauté - une communauté de vis-à-vis, il est absurde de considérer cette procédure valable dans de grandes communautés. Inversement, le tirage au sort s’adapte d’autant plus qu’il s’applique au grand nombre, par la loi mathématique des grands nombres, qui assure justement une représentation fidèle et proportionnelle de la structure sociale à laquelle il s’applique.

Quand à la corruption, il m’apparait qu’elle réside au cœur même du paradigme de l’économie fondée sur la monnaie. L’économie monétariste EST la manifestation d’une gestion de la pénurie, non de l’abondance. Par sa nature, la monnaie sacralise la pénurie, puisque c’est la rareté qui donne sa valeur aux choses. En outre, l’économie basée sur la monnaie se fonde exclusivement sur le principe marchand, c’est-à-dire celui de l’échange. L’économie de l’échange est l’antithèse de l’économie du partage anciennement pratiquée. Dans l’échange, chacun gagne quelque chose, mais perd sa contrepartie ; dans l’économie de partage, tous gagnent quelque chose sans rien y perdre. Si le partage est inégal, bien sûr, il y a inégalité et abus. Mais le commerce veut que celui qui vend gagne un peu plus que la valeur du bien (nécessité de faire un bénéfice) et si l’on observe bien ce processus, on ne peut qu’aboutir à la conclusion qu’il est absurde (c’est mon opinion).

La question d’échelle ne peut certes pas être écartée, cependant, nous ne vivons plus au néolithique, et nous possédons tant le savoir que la technique permettant de concevoir une société fondée sur le partage équitable des ressources aussi bien que sur une gestion optimisée de celles-ci tout en respectant les rythmes naturels. Ce sont précisément les rythmes naturels qui doivent devenir la base de nos choix, non des choix arbitraires fondé sur le profit du petit nombre au détriment du grand nombre, de l’équilibre géologique, biologique et de l’écosystème. Ce n’est, je crois, qu’à ce prix que nous pourrons véritablement commencer à parler de civilisation dans un sens noble, car il m’apparait que le bilan actuel de la civilisation s’apparente bien d’avantage à une longue addition de barbaries - au sens le plus péjoratif du terme.

Cordialement,
Morpheus


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