• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Gerard Foucher

sur Scoop : La Banque d'Angleterre démonte les dogmes !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Gérard Foucher Gerard Foucher 21 mars 2014 02:08

olivier69

« la transaction réelle n’est elle pas la reconnaissance de dettes comme contrepartie de l’échange ? »

Dans un système monétaire complet, la transaction réelle occasionne juste une mesure et un enregistrement des déséquilibres qu’elle a créés chez les deux agents. L’un qui délivre (« exporte ») et l’autre qui reçoit (« importe »). Le livreur (ou « vendeur », ou « producteur ») se met en déséquilibre en exportation, le « receveur » se met en déséquilibre en importation.
La « transaction », c’est la transfert d’un bien ou d’un service, ou de toute richesse, d’un agent producteur vers un receveur. Dans le système actuel, le transfert est mesuré et enregistré sous forme d’un nombre négatif chez le receveur et d’un nombre positif chez le « vendeur ». C’est un système « compensatoire » : les unités sont distribuées en sens inverse du transfert réel. 

On pourrait tout aussi bien imaginer des inscriptions comptables dans le même sens que le transfert de biens réels, dans le sens direct : que le vendeur, qui n’a plus son bien, inscrive des chiffres négatifs, et le receveur, qui l’a reçu, inscrive des chiffres positifs. Ce serait un système « descriptif ». D’un strict point de vue mathématique, l’enregistrement est tout aussi valide. D’un point de vue perceptif, cette notation serait plus exacte et correspondrait mieux à la réalité (en terme de biens réels, c’est le « vendeur » qui s’appauvrit et le « receveur » qui s’enrichit !).
La fait que nos transactions soient enregistrées dans le sens inverse, ou « compensatoire » (le vendeur inscrit des unités positives et le receveur inscrit des unités négatives) laisse croire que les unités monétaires sont « reçues » par le vendeur et qu’elles sont une richesse, ce qui n’est évidemment pas le cas ! 
Dans tous les cas, il s’agit de transfert immédiat (spot trade). La mesure est instantanée. 
Les unités monétaires sont créées uniquement à l’occasion de la transaction. Ni avant ni après. Elles sont détruites quand le système revient à l’équilibre. 

Exemple : 
Un producteur A transmet quelque chose à un receveur B. 
A est donc en positif, B est en négatif. Deux masses « monétaires » sont créées, comme deux particules + et -.
Le déséquilibre de l’agent A qui a reçu des unités positives (le premier « vendeur » dans le cas d’un système compensatoire) est ensuite transmis à un autre vendeur C à l’occasion d’un transaction entre A et C (C vend à A qui reçoit). Le premier vendeur A devient alors à son tour receveur et son compte revient à zéro (on suppose que le « prix » est le même que pour la première transaction). Le nouveau vendeur C reçoit les unités positives, et les transmettra à son tour à un vendeur D (C revient à zéro et D est en positif), et ainsi de suite. Jusqu’au moment où les unités positives reviennent au tout premier receveur B, qui était en négatif depuis le début. Et là, le déséquilibre est annulé. Tout le monde est revenu à zéro. La « monnaie » a disparu. Les deux « particules » + et - sont annulées.

Le système bancaire actuel est un cas très particulier de ce système général.
La banque crée d’abord pour elle-même un actif et un passif, c’est à dire à la fois les unités négatives et positives nécessaires pour enregistrer de futures transactions non encore réalisées.
Puis elle « prête » les unités négatives à l’un des agents, l’acheteur, qui ne peut pas en obtenir autrement puisqu’il n’a pas eu le droit de les créer lui-même, et qui en a absolument besoin pour « recevoir », puisqu’il n’a pas le droit de se mettre lui-même en négatif. Il a donc absolument besoin d’unités positives pour acheter/recevoir. 
Les unités négatives créées par la banque pour elle-même sont donc « prêtées » à l’agent acheteur. Elles deviennent alors le nouvel « actif » positif de l’agent qui a besoin d’acheter, c’est-à-dire de recevoir du bien réel. La banque conserve l’autre partie de la création monétaire, les unités positives, à son actif. Elles les détruira au fur et à mesure des « remboursements » de l’agent. 
Cette appropriation d’une moitié de la création monétaire est payante : en réalité, la banque « loue » à l’agent acheteur la part d’unités négatives qu’il n’a pas eu le droit de créer lui-même. Il va donc être obligé d’en rendre le double ! Ce qui va obliger d’autres agents à continuer la boule de neige pour créer les unités manquantes. 
D’où la nécessité de croissance, d’où l’augmentation exponentielle de la « dette »... qui va obliger tout le monde à monétiser de plus en plus d’activités, de ressources, de matières premières, et donc à piller l’environnement, à rendre payants de plus en plus de services, à produire de plus en plus de choses inutiles, etc, etc... ce pillage généralisé des choses réelles n’est obligatoire que pour nourrir la progression mathématique des chiffres immatériels destinés à augmenter les comptes des gestionnaires du système. 

Effectivement, il y a une grosse « faille dans le raisonnement technique » !
Et oui : « Quand la monnaie cesse d’être une richesse présente, elle devient une dette... » !

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès