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Commentaire de Laurent Simon

sur Rendons à Airbus... les succès qui reviennent à Airbus !


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Laurent Simon 21 juillet 2014 13:00

La France a joué un rôle important dans la création d’Airbus, mais elle n’est pas la seule. Voir le long article « Comment Airbus a réussi à s’imposer face au géant Boeing ? », cité, mais qu’apparemment vous n’avez pas pris la peine de lire.

« Airbus vient de reprendre son nom »,
Ce n’est pas Airbus qui a repris son nom, mais c’est le groupe EADS, la maison mère (avec comme filiales Airbus, Eurocopter, Airbus Military, Astrium, etc.), qui a changé de nom en « Airbus Group » ces derniers mois.

.. nom Airbus "que lui avaient donné les initiateurs du projet, l’état français du temps ou une vision à long terme était possible ainsi qu’une volonté politique, et les contribuables français.« 

Oui, cette vision fait probablement défaut actuellement, ou n’est pas suffisamment affirmée. Mais ce n’est pas du fait de l’existence de l’Europe, mais du fait d’une insuffisance de l’Europe, d’une construction européenne en panne depuis des années.

Il y a beaucoup à dire à ce sujet, j’en ferai un article, mais pour faire court : Quand il fut question, après la chute du Mur de Berlin, d’élargir le nombre de pays membres à l’Est (notamment), et »d’approfondir« , c’est-à-dire de changer les règles pour que l’Union européenne fonctionne beaucoup mieux (à 15 alors, elle fonctionnait beaucoup moins bien qu’à 6, à la date du Traité de Rome en 1957),

les décideurs ont lancé deux chantiers :
- l’élargissement, bien plus facile
- l’approfondissement, beaucoup plus difficile, car il posé d’excellentes et délicates questions, toutes les raisons (bonnes ou moins bonnes) pour lesquelles l’Union avait du mal à avancer.

C’était inévitable de distinguer les deux questions.
mais la TRES GRAVE ERREUR des décideurs, par peur d’affronter la complexité, a été d’accepter d’élargir, même à un seul pays, tant qu’on n’avait pas fixé de nouvelles règles de décision. Or n’est-il pas évident qu’il devient beaucoup plus difficile de changer ces règles à 24, 28, qu’à 15 ou ?!!! (voir le très long processus qui a abouti au traité de Lisbonne, qui ne fait que commencer à être appliqué, 15 ans après !

Il fallait ’simplement’ subordonner l’élargissement à l’obtention de nouvelles règles, permettant de prendre des décisions à la majorité qualifiée, et non à l’unanimité. Ce qui alors aurait obligé à affronter les vraies questions, celles qui fâchent, mais sans lesquelles l’Europe ne peut pas avancer sérieusement, donnant prises à tous les discours désastreux des hommes politiques (en France notamment) du genre »quand c’est bien, c’est grâce à moi, à mon parti, à mon pays, quand c’est moins bien c’est de la faute de l’Europe !)

Il suffit désormais que Malte s’oppose (pour ses intérêts dans les pavillons de complaisance) pour bloquer les processus sur les flottes commerciales maritimes, et éviter des pollutions marines (dégazage en mer) et des bateaux poubelles, par exemple.

Et cette erreur explique bien des défauts de l’Union actuelle, de son incapacité à bouger au moins aussi vite que le monde dans lequel elle est insérée. C’est cette erreur fondamentale qui a aggravé la crise de l’euro, et donc la crise en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal.

Contrairement à ce que certains, passéistes, ou nationalistes, ou franchouyards (que serait devenue l’Aerospatiale seule, l’insuffisance des ventes de la Caravelle montre bien l’incapacité de la France seule dans une économie ouverte, alors dominée très largement par les Etats Unis -voir encore « Comment Airbus a réussi à s’imposer face au géant Boeing ? » -, et de plus en plus globalisée), ou ultrakeynesiens (Keynes a dit des choses très pertinentes, mais à cette époque les Etats des pays industrialisés n’avaient pas autant d’importance qu’actuellement, et où les dépenses publiques étaient très loin de représenter 56% du PIB, de mémoire c’était aux alentours de 20%, grand maximum, et cela change tout, absolument tout. Voir par exemple « Le diviseur Keynésien ») racontent,

l’Union Européenne n’est pas structurellement en cause, mais les défauts actuels sont liés à une construction loin d’être aboutie. nous souffrons non pas de trop d’Europe, mais d’insuffisamment d’Europe (évidemment, il faut parallèlement que l’Union, et la Commission, s’occupent des choses essentielles, et non pas de détails)

Car l’UE est au milieu du gué, et certaines avancées essentielles (dont la création de l’euro) devaient être prolongées par des décisions et mesures complémentaires, absolument nécessaires pour assurer la stabilité et la pertinence de l’édifice. Et ces décisions n’ont pas été prises, remises aux calendes grecques, et ce n’est pas les eurosceptiques, europhobes et nationalistes qui vont aider à les prendre, ces décisions fondamentales, qui permettraient d’affirmer une Vision, de développer le Projet européen, très porteur de développement économique durable et d’emplois !

La construction européenne est comme une bicyclette : quand on s’arrête de pédaler, on ne peut que tomber !

Nous payons tous le prix de l’absence d’une Europe forte, et quotidiennement, notamment par une croissance très faible dans ce continent. Mais ce n’est pas déconstruire un édifice insuffisant qui va améliorer les choses, alors que le monde a bien changé depuis les Trente glorieuses !
Et comme l’a montré la dépression de 1929, ce n’est pas en se repliant chacun dans son pré carré (avec un protectionnisme dévastateur pour tous) qu’on va sortir de cette crise.

Airbus montre au contraire que les pays européens peuvent jouer un rôle majeur sur la scène internationale, en acceptant les règles d’une compétition acharnée, à condition bien sûr que ces règles ne favorisent pas un camp : face à Boeing (représentée à l’OMC par son pays les Etats Unis), il faut agir au niveau européen, c’est l’Union Européenne qui défend Airbus à l’OMC !


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