.
Des voyous voleurs de gaz en Ukraine ? Même les Etats-Unis le disent !
En 1994, Tourtchinov crée avec Pavlo Lazarenko, un
notable de Dnipropetrovsk, le
parti Hromada dont Ioula Timochenko, l’égérie de la révolution orange deviendra la présidente en 1997. Une année plus
tard, en 1995, la « Marianne à la tresse » qui avait humblement
commencé sa carrière de chef d’entreprise avec un prêt de 5000$, réorganise sa
modeste « Compagnie du pétrole ukrainien » (créée en 1991) pour
fonder, avec l’aide de Lazarenko, la compagnie de distribution
d’hydrocarbures « Systèmes énergétiques unis d’Ukraine » (SEUU).
Cette même année, Lazarenko est nommé vice-Premier ministre chargé de
l’énergie. Très certainement favorisés par les leviers politiques inhérents au
poste de Lazarenko, les résultats de SEUU explosent : 10 milliards de
dollars de chiffre d’affaires et 4 milliards de profits pour l’année 1996. Et
tout cela grâce à des contrats très lucratifs reliés à la vente en Ukraine de
gaz naturel russe ! Les années de bonheur continuent avec la promotion de
Lazarenko au poste de Premier ministre en mai 1996, bien qu’il échappât à un
attentat à la bombe à peine 2 mois plus tard. Au début de l’année 1997, la
SEUU contrôlait plusieurs banques, avait des participations dans des dizaines
d’entreprises de la métallurgie et la construction mécanique, était
copropriétaire de la troisième plus grande compagnie aérienne de l’Ukraine et
de son deuxième plus grand aéroport, celui de Dnipropetrovsk, en plus de
participation dans le développement de gazoducs turcs et boliviens, ainsi
que le contrôle de plusieurs journaux locaux et nationaux
Lazarenko et Timochenko
Comme l’enrichissement « exponentiel » est
souvent synonyme d’affaires louches, des soupçons ont commencé à peser
sur Lazarenko et la SEUU. En avril 1997, le New York Times rapporta que
Lazarenko possédait des parts dans cette compagnie. La suite est rocambolesque. En 1998, Lazarenko est arrêté par la
police suisse à la frontière franco-helvétique et accusé par les autorités de
Berne de blanchiment d’argent et relâché après le paiement d’une forte caution pour détournement des
deniers publics ukrainiens de l’ordre de 800 millions de dollars, « sans
doute la plus importante affaire de blanchiment de l’après-guerre » Lazarenko fuit alors aux États-Unis où il cherche à obtenir l’asile politique,
mais il y est arrêté en 1999.
Poursuivi par la justice américaine, Lazarenko est
condamné en 2006 à neuf ans de prison pour extorsion de fonds, blanchiment
d’argent par les banques américaines et fraudes. Un rapport 2004 du
« Transparency International Global Corruption » classe Lazarenko
parmi les 10 leaders politiques les plus corrompus du monde