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Accueil du site > RDV de l’Agora > L’Afghanistan, pour quelques dollars de plus...

L’Afghanistan, pour quelques dollars de plus...

Interview de Paul Moreira à propos de son film Afghanistan : sur la piste des dollars diffusé sur Canal + le vendredi 24 avril 2009 à 20h50
Paul Moreira est un habitué des Rdv de l’Agora. Nous l’avions déjà rencontré à propos de son documentaire Armes, trafic et raison d’Etat, puis nous avions interviewé Seila Samleang, directeur de « Action pour les enfants-APLE » au Cambodge, ONG à laquelle le journaliste avait consacré son film Pédophilie en Asie : des citoyens contre l’impunité. Moreira est un vrai journaliste d’investigation. Il ne croit que ce qu’il voit. Et encore… Il apporte, preuves à l’appui, un regard éclairant sur des faits peu ou mal expliqués. A aucun moment il nous assène des vérités toutes faites.

Dans ce nouveau reportage diffusé sur Canal +, il part d’une intuition. Le 12 juin 2008, à Paris, se tient la Conférence internationale de soutien à l’Afghanistan pendant laquelle deux informations retiennent son attention. Nicolas Sarkozy y annonce fièrement que « le renforcement de l’aide française à la reconstruction sera plus que doublé ». Vérification faite, ce doublement ne fait que placer la France au rang du 21ème rang des pays donateurs, loin derrière l’Italie ou même l’Irak (les premiers étant les Etats-Unis)…

Mais c’est l’autre information qui le titille. Les brochures distribuées aux journalistes insistent sur les efforts de reconstruction, notamment les écoles. Les USA prétendent que sous le régime des Talibans, un million d’enfants étaient scolarisés et que désormais, grâce à la construction ou la rénovation de 680 écoles dans le pays, ils sont 6 millions.

Il décide d’aller sur place visiter une de ses 680 écoles construites via l’ONG USAID. Il se rend deux fois à Kaboul cet hiver. USAID est incapable de lui donner une seule adresse d’école construite… Peut-être y en a-t-il dans les zones rurales, mais il est très difficile de s’y rendre car les Talibans font rage, donc impossible de vérifier. Mais de toute façon ces zones, à cause de la guerre, se dépeuplent. La ville de Kaboul compte maintenant quatre millions d’habitants. S’il y a urgence en matière scolaire – et il y a urgence –, c’est ici que ça se passe. 

Finalement, après avoir insisté le journaliste obtient une adresse d’école. Il est consterné par ce qu’il découvre : le panneau annonçant la construction d’un bel établissement est toujours debout, mais que les élèves étudient dans le froid, à ciel ouvert… L’école n’est pas construite.

Très vite il constate que dans la capitale Afghane il y a un quartier où la construction ne prend pas de retard. Ce quartier s’appelle Shirpour. Il est militairement gardé par des cerbères ultra-armés et méfiants. Shirpour est construit sur les décombres d’un ancien quartier populaire. On y déloge sans ménagement les habitants pour y construire une espèce de Las Vegas clinquant et obscène. Pourquoi Las Vegas ? Parce que les villas bâties ici s’apparentent à des palais au luxe aussi ostentatoire qu’extravagant (d’autant plus, par contraste, avec la misère ambiante).

Certains de ces palais fortifiés valent 1 million de dollars. Ils sont généralement loués 20000 dollars par mois. Quel ministre peut se payer ça ? D’où vient l’argent ? On apprend notamment que Fahim, ex compagnon du commandant Massoud, dont les portraits géants ornent la ville, en possède un…

Paul Moreira nous entraîne au fil de son enquête. Quelques hommes intègres, comme le député Ramazan Bashardost, troisième homme le plus populaire du pays, combattent la corruption. A leur risque et péril...

L’Afghanistan produit 90% de l’héroïne mondiale. Ce qui lui rapporte 4 milliards par an. Autant que l’aide internationale. Il y a 2355 ONG en Afghanistan. 90% sont afghanes. Certaines d’entre elles font très correctement leur travail. Moreira en filme une, d’ailleurs. Mais d’autres, comme cette ONG italienne chargée de reconstruire un hôpital (en ruine au bout de cinq ans, tellement les matériaux utilisés sont pourris), profitent clairement de l’argent international, c’est-à-dire des dons et des impôts que nous envoyons là-bas.

Le chaos et la corruption sont les meilleurs alliés des Talibans et les Afghans, dans ce contexte vérolé, sont de plus nombreux à les regretter. C’est la conclusion de Paul Moreira dans ce documentaire qui ne brille pas seulement par sa clarté. Une conclusion dont on espère seulement qu’elle n’est pas définitive.

Paul Moreira interviewé par Olivier Bailly pour les Rendez-vous de l’Agora


Olivier Bailly : Dans ce documentaire vous parlez du « Dollaristan » à propos du quartier Shirpour de Kaboul…
Paul Moreira : Ce mot m’est venu à l’esprit quand je me suis retrouvé dans ce quartier de Kaboul où l’on construit au pas de course des palais d’un luxe phénoménal. Et je me suis dit « c’est le Dollaristan ici ». Les dollars ne vont pas dans les écoles, la réfection des hôpitaux laisse à désirer, mais l’on trouve beaucoup de dollars dont la provenance n’est pas toujours connue. L’enquête ne me donne pas toutes les réponses. Je ne connais pas précisément la provenance de l’argent nécessaire pour construire ces palais. Il y a probablement de l’argent qui a été escroqué aux Américains pendant la guerre contre les Talibans, probablement un peu d’argent détourné provenant de l’aide internationale, probablement un peu d’argent de l’opium. C’était incroyable de découvrir ça, que cela soit aussi visible et que ça n’ait jamais été traité… Il est vrai que c’est difficile de tourner dans ce quartier. Ils intimident vachement.

Mais ce qui est sûr, et c’était mon intention, c’est que si l’on veut savoir pourquoi les Talibans gagnent du terrain militairement, mais aussi politiquement, il suffit de se pencher sur la question de la mauvaise redistribution de l’argent.

OB : Le point de départ du film c’est d’essayer de comprendre ce que deviennent ces dollars de USAID, l’organisme de l’aide internationale américaine, qui auraient dû servir à construire un programme de 680 écoles. Car quand vous vous rendez à Kaboul vous constatez qu’aucune école n’a été construite…
PM : Quand je vais là-bas, je suis certain qu’USAID, le plus gros donateur, en a construit une vingtaine. Mais il n’y a virtuellement rien. C’est inimaginable. Il paraît qu’il y a des écoles construites en zone rurale, ce que je veux bien croire, mais c’est invérifiable car trop souvent contrôlé par les Talibans. Et puis, surtout, c’est à Kaboul que les besoins sont les plus importants…

OB : USAID est d’ailleurs incapable de vous donner une liste des écoles construites

PM : La seule école « construite » ne comprend que les latrines et le mur d’enceinte. On attend toujours le bâtiment. Je m’attendais à ce qu’il y ait vraiment des constructions. Je ne m’attendais pas à trouver zéro école à Kaboul.

OB : Est-ce que la coalition est un allié objectif des Talibans ?
PM : Je n’irai pas jusque là. L’allié objectif des Talibans ce sont les seigneurs de la guerre tribaux. Il ne faut jamais oublier que les Talibans c’était un cauchemar, mais il faut se souvenir aussi qu’ils avaient fini par gagner le soutien d’une partie de la population car ils avaient mis fin à la guerre entre les chefs de guerre qui s’entretuaient en plein Kaboul, avec tous les dégâts qu’on imagine sur la population civile, cette espèce de climat de guerre perpétuelle. Les Talibans amènent la paix des dictatures, avec ce côté universel des dictatures théologiques. C’est-à-dire que les dissensions tribales sont calmées pour un temps, même si le pouvoir taliban est avant tout un pouvoir pachtoune.
Mais l’échec terrible en Afghanistan c’est que les seigneurs de la guerre ont pris le pouvoir de facto et, à la place d’une véritable démocratie avec des systèmes de redistribution sociale dont le pays aurait vraiment besoin, il y a eu un accaparement du gâteau par ces chefs de guerre. Cela a beaucoup démotivé les gens par rapport au nouvel Afghanistan.

OB : Parmi ces seigneurs de guerre qui se sont enrichis, il y a
Fahim le bras droit du commandant Massoud
PM : C’est ce qui est triste dans cette histoire. Massoud n’a jamais rien eu à lui, c’était un chef de guerre, certes, mais pas un corrompu. Sans doute, il aurait pu amener plus de démocratie en Afghanistan, même si cela avait été une république islamique, quoiqu’il arrive, car on ne change pas comme ça un pays du jour au lendemain. Mais je pense qu’il était porteur d’une honnêteté politique réelle. Une fois mort les types qui se trouvaient juste en dessous se sont conduits de manière assez habituelle dans ce genre de situation. Arrivés au pouvoir ils ont pensé à leur fortune personnelle, aux honneurs, et ils ont mis des photos de Massoud partout dans les rues de Kaboul qui cautionnaient de son intégrité morale les tripatouillages. Ce qui est terrible c’est que tout le pays sait vraiment ce qui se passe. Il n’y a pas besoin de journaux tellement radio-trottoir est efficace. Mon traducteur qui m’a aidé sur place me disait qu’avant ces gars-là étaient des anges, maintenant ils sont devenus des monstres.

OB : Il y a un autre personnage important dans votre film, le député Ramazan Bashardost. Est-ce vraiment un chevalier blanc ou cherche-t-il à tirer parti de la situation ?
PM : Il m’a fait la meilleure impression. C’est un populiste, c’est vrai. Il roule dans une petite voiture, il mange de manière ostensible des pois chiches, il reçoit les gens sous une tente alors que tout le monde est super blindé, possède des gardes du corps… Il est toujours dans l’exposition permanente de sa vulnérabilité, dans la défense des pauvres, il est un peu extrémiste, refuse de boire des sodas parce que les Afghans n’ont jamais goûté au coca-cola… Mais c’est quelqu’un de très honnête, de très intelligent et de structuré. S’il y avait une dizaine d’individus comme lui au pouvoir ça serait utile pour l’Afghanistan. Ce pays a vraiment besoin de gens rigoureux, non corrompus, capables de lire des comptes et de réprimer les corruptions et les spoliations les plus obscènes. Mais je sais bien que le jour où il arrivera au pouvoir il se prendra une balle dans la tête parce qu’il n’est soutenu par aucun réseau, aucune milice. Il n’a aucune force.

OB : Il faut souligner que votre film n’est pas manichéen. Vous évoquez certes le quartier luxueux de Shirpour construit avec on ne sait quels fonds, mais on voit aussi des adolescentes qui suivent les cours dehors (faute d’école), ou des hommes qui luttent, avec parfois des moyens dérisoires, contre la corruption. Bref il y a un espoir, même infime

PM : Il y a une énorme poussée dans ce pays pour plus de démocratie, un état de droit, un accès à l’éducation. C’est ce qui fait mal au cœur quand on voit des gamines qui étudient dans le froid, qui ont envie de participer, qui ont envie que le pays se développe. Il y a une énorme poussée vers plus de justice sociale. Ce n’est pas compliqué, ils veulent la même chose que nous : plus de démocratie et plus de justice sociale. Plus d’égalité. Si l’on résoud ces questions fondamentales, il n’y aura pas de problèmes avec les Talibans et ce pays pourra enfin décoller. C’est assez émouvant de voir l’envie de démocratie des afghans et les résistances liées à la malhonnêteté - je ne trouve pas d’autre terme - des chefs de guerre qui détiennent les clés du pays.

OB : Néanmoins ce film se termine sur ce triste constat : « Comment s’étonner que les Talibans reviennent », demandez-vous. Comment ressentez-vous la situation, vous qui vous êtes rendu récemment à Kaboul ?
PM : Il n’y a pas de fatalité absolue. De toute façon le gouvernement et les forces de la coalition vont devoir négocier avec une partie de l’insurrection. Les Américains parlent de « Talibans modérés ». C’est vrai qu’il y a des zones où c’est plus une insurrection nationaliste qu’extrémiste religieuse. Les vrais extrémistes religieux ce sont, par exemple, Golbodine Hekmatyar, un ancien allié des américains, mais il y a énormément de petits chefs locaux dans les zones rurales qui ne sont pas forcément des totalitaires islamistes. C’est peut-être avec eux que les Américains ont prévu de négocier.

Je me demande si les élections du mois d’août vont redonner les cartes à des gens mieux intentionnés et plus efficaces sur le plan administratif et démocratique et qui pourront endiguer l’influence politique des Talibans, toujours à travers une meilleure redistribution de l’aide.

Récemment Atiq Rahimi, le dernier prix Goncourt qui est d’origine Afghane, plaidait, dans une tribune parue dans Libération, pour que l’on donne aux Afghans un salaire minimum pour tous, comme au Brésil. Cela représenterait 10 % de l’aide internationale. Donner 50 ou 80 euros à chaque noyau familial serait un coup très dur pour les Talibans. Brusquement les Afghans ne percevraient pas le politique comme une organisation du pillage mais comme quelque chose qui est au service du peuple. Car c’est tout le problème. Pour l’instant les gens ne perçoivent pas le gouvernement et la « démocratie » comme répondant aux besoins de la population.

Par exemple, les Talibans ont mis en place des tribunaux parallèles - en Afghanistan quand on va en justice, deux fois sur trois il faut payer le juge pour être entendu - où l’on ne paye personne, où la justice est rendue gratuitement. Les Talibans sont très compassionnels vis-à-vis des pauvres. Il n’y a pas qu’eux. En Irak, certains groupes islamistes sont très compassionnels, le Hamas c’est pareil…

On est face à des gens qui jouent sur cette corde-là et qui sont entendus. Pourquoi le Fatah a pris une déculottée aux dernières élections ? Parce qu’ils sont méga corrompus. Ils ont la Mercedes de l’année, des costards qui coûtent une fortune, des salaires mirifiques, pendant que le reste de la population crève la dalle. On ne peut pas représenter le peuple si on ne donne pas l’exemple avec une telle population soumise aux violences sociale et économique.

OB : Quelle a été l’intuition de départ pour faire ce film ?

PM : Cela fait très longtemps que j’avais envie de faire quelque chose sur l’aide internationale. Sur l’Afghanistan je me tiens au courant de ce qui se passe. Je voyais bien que la donnée économique n’était pas énormément traitée or elle me semblait centrale. J’étais en relation avec Bashardost depuis 2004. Au moment où il avait démissionné j’avais pris contact avec lui. J’avais l’intention de faire quelque chose sur ce qu’il a dénoncé. Et puis, à ce moment précis, il se trouve que plein de choses convergeaient comme le retour des Talibans qui était inexpliqué, sauf pour des raisons militaires. Ces explications me semblaient insuffisantes. Il fallait aller un peu au-delà. Et puis le fait que l’Afghanistan deviennent l’abcès de fixation dans cette guerre, toujours traitée de la même manière à la télévision, c’est-à-dire en embedment, soit avec les Américains, soit avec les Français. L’embedment il y a un moment où ce n’est pas suffisant pour comprendre ce qui se passe en Afghanistan, en Irak ou ailleurs.

OB : Comment rétablir la situation ?
PM : Il faudrait sûrement que les donateurs mettent au point des équipes de monitoring qui analysent où va l’argent. Et il faut qu’il y ait des sanctions si des responsabilités sont établies. Quand on entend les déclarations de Joseph Biden sur l’Afghanistan ça va totalement dans le sens de l’enquête que j’ai faite. Quand ils disent il y a une bande qui s’est appropriée l’état pour son bien personnel il est clair qu’il faut nettoyer tout ça.


 

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20 réactions à cet article    


  • abdelkader17 24 avril 2009 11:00

    Partout ou catastrophe il y a ,les réformes de marché accompagnent allègrement les politiques dites de reconstruction, tsunami, guerre, tremblement de terre, voir à ce sujet Naomi Klein
    La stratégie du choc la montée du capitalisme du désastre.


    • antyreac 24 avril 2009 18:42

      Ou le coran.

      Mahomet défendait le système de type capitaliste


    • abdelkader17 25 avril 2009 00:54

      @Antyreac
      l’islam proscrit l’usure recommande le partage et la solidarité il n’est pas interdit de gagner de l’argent seulement le capitalisme et les valeurs morales n’ont jamais fait bon ménage.


    • antyreac 25 avril 2009 14:10

      Si si

      tu n’as qu’à voir ce qui se passe au Moyen Orient

      d’un côté tu as le super riches et de l’autre côté des miséreux

      et là-bas les gens les miséreux se portent bien plus mal que chez nous dans nos sociétés

      capitalistes.


    • abdelkader17 24 avril 2009 11:06

      les ong nouveau bras de la diplomatie us
      http://www.voltairenet.org/article15885.html


      • abdelkader17 24 avril 2009 11:15

        La politique de la canonnière pour imposer la farce démocratique le résultat est des plus brillant, ne vous leurrez surtout pas ce sont les ressources de l’Asie centrale qui intéressent nos chers démocrates tous le reste n’est que pure propagande.


        • LE CHAT LE CHAT 24 avril 2009 11:24

          @abdelkader17

          c’est bien mon sentiment à moi aussi , c’est exactement comme le congo RDC ou la Bolivie qu’on tente de destabiliser pour les ressources minières ! si le pétrole est sensé être épuisé avant 50 ans , c’est pire pour certains minerais , par ex l’argent c’est 17 ans ....
          Alors c’est la course à qui aura le contrôle , européens , ricains , chinois , chacun beut sa part du gâteau !


        • antyreac 24 avril 2009 18:46

          Et l’épuisement de la bêtise

          c’est pour quand ?

          L’homme survivra à l’épuisement du pétrole de l’argent , le cuivre etc etc ....


        • Gül 25 avril 2009 02:35

          Ho ! Il y en a qui n’ont plus vraiment d’horaires....

          C’est bien la nuit, non ? smiley


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 24 avril 2009 11:53

          « Je ne connais pas précisément la provenance de l’argent nécessaire pour construire ces palais. » La production d’opium a explosé ces dernières années. la jet-sex qui carbure aux produits issus des pays en guerre tels la Colombie ou l’Afghanistan, financent ainsi par leurs productions pornographiques des palais de marbre avec les aides versées aux Ongs destinées aux pauvres. Le rôle de nos armées dans ce manège infernal n’est pas innocent...Le paradis n’est pas de cette terre : menaces réelles et imaginaires du recyclage de l’argent de la drogue http://www.ena.fr/index.php?page=ressources/rapports/memoires/2004/paradis


          • Philou017 Philou017 24 avril 2009 23:34

            J’avais fait un article sur la situation réelle en Afghanistan :
            http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/afghanistan-une-guerre-perdue-43452

            Tout ceci est voulu. La « théorie du complot » dans une démonstration de sa réalité la plus crue. Une leçon pour tous les non-croyants...


          • Abdelkader17 barabbas 24 avril 2009 16:51

            Dès que l’ on découvre du pétrole, du gaz ou toutes autres richesses, les navires de guerre, les bases militaire, les conflits font leurs apparitions. C’ est peut-etre ça la démocratie,la liberté:L
            ’ ARGENT
             


            • Reinette Reinette 24 avril 2009 21:44
              de la démocrassie en Afghanistan et en Irak

              Les personnels la CIA impliqués dans les interrogatoires ne devraient pas être poursuivis malgré la publication de photos attestant de sévices au sein de l’armée et des renseignements américains © JOHN MOORE/AP/SIPA


              • Reinette Reinette 24 avril 2009 22:23



                 

                L’aide en Afghanistan représente, depuis les années cinquante, un enjeu politique décisif.

                Depuis les années 50, l’aide internationale a été un facteur souvent décisif dans l’évolution politique de l’Afghanistan, ce pays n’a pas découvert l’aide internationale avec la guerre ; il existe une pratique de plusieurs décennies dans ce domaine. Avant 1978, l’aide internationale, calculée par habitant, était parmi les plus considérables (Plus de 1,2 milliard de dollars entre 1950 et 1969)

                Les investissements de l’aide internationale en Afghanistan résultaient de deux considérations. Selon les calculs, toujours discutables, de la Banque Mondiale, l’Afghanistan se situait parmi les pays les plus pauvres du monde, ce qui permettait des aides spécifiques des organismes internationaux (notamment, donc, la Banque Mondiale). De façon plus décisive, l’Afghanistan bénéficiait de la concurrence entre les Etats-Unis et l’URSS, en raison de son rôle d’Etat tampon, entre le Pakistan, l’Iran et l’URSS (l’URSS s’est finalement imposée comme partenaire privilégié puisque, à la fin des années 60, son apport représentait 70% de l’aide totale.

                Les grands projets ont été favorisés au détriment des réalisations locales. Par exemple, en dehors des grands axes routiers, très peu de routes secondaires ont été construites (réalisés par les Soviétiques pour l’axe nord-sud, par les américains pour l’axe est-ouest), ce qui a joué un rôle important dans la famine de 1972, en empêchant le transport du blé d’une région à l’autre.

                (Lire) http://www.conflits.org/index431.html#ftn6

                 


                • baska 25 avril 2009 02:02

                  Merci Olivier pour ton article et l’interview de Moreira, c’est très intéressant et j’espère que cela a permis d’éclairer la lanterne des irréductibles soutiens des ricains.
                  Là où vont les ricains et ses alliés, il n’y a que désastre, désolation, corruption, massacre et j’en passe. C’est ça en fait la démocratie made in occident.
                  Ce qui est sûr, ce qu’ils vont se casser la gueule dans très peu de temps et que l’Afghanistan connaîtra enfin la paix et la prospérité.

                   


                  • Mpok 25 avril 2009 05:59

                    Mon article résumant à la fois le reportage et mon avis (note : rédigé AVANT la lecture de l’interview) : http://mpoknews.fr/Une/International/191-point-aide-internationale-Afghanistan.html

                    Et bien sur, merci à Paul Moreira pour son reportage et cet interview..


                    • morice morice 26 avril 2009 10:09

                      USAID est depuis toujours une escroquerie, et un paravent de la CIA.


                      • Marianne Marianne 26 avril 2009 22:06

                        La tragédie afghane :

                        Bombardements de la coalition occidentale sur un cortège nuptial en Juillet 2008

                        http://blog.lefigaro.fr/inde/2008/07/afghanistan-dommages-collatera.html


                        • Philippe D Philippe D 27 avril 2009 09:38

                          Vu le document de Moreira cette nuit, je suis resté scotché. Du vrai journalisme d’investigation.
                          On aimerait que le sujet puisse encore continuer, que l’enquête avance plus loin et que la dénonciation produise des effets tangibles.
                          On aimerait surtout ne pas voir ce que l’on voit, ces preuves de corruptions manifestes, l’échec évident d’une greffe démocratique qui ne s’appuie pas sur des hommes intègres.
                          Partout le même problème, les rapaces sont tous là pour tirer profit personnel des situations chaotiques et des subsides « humanitaires ».
                          Cruel et désespérant malgré quelques passages un peu plus optimistes.
                          Mais comment l’aide internationale peut-elle être aussi inefficace, aussi contre productive ? Comment peut-elle ne pas commencer par se fixer des règles strictes de contrôle de l’utilisation des fonds ?
                          Eternel recommencement des mêmes erreurs, de quoi laisser un boulevard aux talibans dans leur reconquête de l’opinion.
                          Désespérant. 


                          • marcel lucien MANDELKORN 29 avril 2009 13:01

                            La France, pays d’immigration, a longtemps limité les procédures d’accueil des étrangers sur son territoire. Cette absence de prise en charge a posé des problèmes, relatifs notamment à l’intégration de ces étrangers dans la société française. Depuis quelques années les pouvoirs publics ont donc posé les bases d’une nouvelle politique de l’accueil et de l’intégration des populations immigrées sur le territoire français.

                            L’objet de cette note est donc de présenter, à partir d’un état des lieux de l’immigration en France aujourd’hui, la politique d’accueil mise en place par les pouvoirs publics. La problématique de l’intégration des populations immigrées sur le territoire français sera ensuite analysée.

                             

                             

                            1. L’état des lieux de l’immigration en France aujourd’hui, et la réforme de la politique d’accueil des étrangers sur le territoire français.

                             

                            Depuis quelques années les pouvoirs publics affichent leur volonté de réguler l’immigration en France. Cette volonté est illustrée aujourd’hui par la baisse des immigrations traditionnellement les plus importantes. Parallèlement, un véritable service public de l’accueil a été mis en place.

                             

                            A. L’état des lieux de l’immigration en France aujourd’hui.

                             

                            - Quatre catégories d’immigrants : l’immigration de travail, les étudiants étrangers, les demandeurs d’asile et les réfugiés et enfin, l’immigration familiale. Ces catégories viennent de pays tiers à l’Union Européenne.

                            - immigration familiale, la plus importante : augmentation constante depuis les années 2000. (32 000 en 1995, 103 000 en 2004). Baisse de 7% en 2005 (95 000).

                            - Demandeurs d’asile et réfugiés : en 2005 la France est le premier pays d’accueil. Tendance à la diminution des demandes. A contrario, augmentation des cas acceptés, après l’élargissement des conditions d’obtention du statut de réfugié aux menaces émanant d’auteurs non étatiques. 13 213 personnes ont obtenu le statut de réfugié en 2005.

                             - Les étudiants étrangers : légère baisse en 2005, après une augmentation constante depuis 1995 : 15 000 entrées en 1995, 55 000 en 2004, et 46 000 en 2005.

                            - L’immigration de travail : l’immigration de travail à caractère permanent, ainsi que les travailleurs saisonniers et ceux bénéficiant d’une autorisation de travail temporaire, sont en légère augmentation depuis 2000.

                            La France est donc traditionnellement un pays d’accueil. Mais ça n’est que récemment qu’un véritable service public de l’accueil des étrangers a été mis en place.

                             

                            B. La politique d’accueil des étrangers en France.

                             

                            - Très longtemps lacunaire, se réduisait à l’examen des demandes de titres de résidents. De plus lorsqu’elle existait, elle ne touchait environ qu’un cinquième des primo arrivants.

                            - Prestations limitées : un entretien d’accueil, visionnage d’un film sur la France, une visite médicale et un entretien de trente minutes avec un auditeur social.

                            - Aujourd’hui évolution. La loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale généralise en renforce le contrat d’accueil et d’intégration, inscrit désormais dans le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.

                            - Contrat proposé au primo arrivant dès son entrée sur le territoire. L’immigrant reconnaît les principes fondamentaux de la République, le contrat affirme solennellement le bénéfice de l’ensemble des droits économiques et sociaux au nouvel arrivant. Une formation linguistique et civique ainsi qu’une prise en charge sociale adaptée sont prévues dans le contrat.

                            - La loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale a créé et mis en place l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (ANAEM), chargée de la mise en œuvre du service public de l’accueil et présente sur l’ensemble du territoire.

                             

                             

                            La constante arrivée d’étrangers sur le territoire français, même si elle affiche une légère baisse depuis 2005, a donc rendu nécessaire l’amélioration de leur accueil. La mise en place d’un véritable service public de l’accueil des étrangers en France est aussi le point de départ d’une meilleure politique de l’intégration.

                             

                             

                            2. La problématique de l’intégration des étrangers en France.

                             

                            Comme la politique d’accueil, celle de l’intégration n’a pas bénéficié d’un cadre clair depuis les années 1990. Le gouvernement a donc voulu clarifier les instances en place de manière à favoriser l’intégration des étrangers sur le territoire national.

                             

                            A. Jusqu’en 2003, les lacunes de la politique d’intégration.

                             

                            - Intégration : politique nécessairement interministérielle (par exemple les affaires sociales, l’éducation, le logement). Problème : le Comité interministériel à l’intégration (CII) crée en décembre 1989, ne s’est réuni qu’une seule fois en 1990.

                            - Problèmes de statistiques, absence de chiffres clairs et aucune réponse apportée au questionnaire annuel de la Commission européenne sur les flux migratoires.

                            - Problèmes d’images et de représentations. Population immigrée trop souvent associée au culte musulman et manquant de reconnaissance en France. De plus, populations souvent associées à des symboles dévalorisants (exemple des banlieues, lieux de non droit).

                            - Problèmes des discriminations subies par les personnes issues de l’immigration, méconnaissance du droit par ces populations qui font rarement appel à la justice.

                            Pour remédier à ces problèmes, les pouvoirs publics ont réorganisé la politique de l’intégration.

                             

                            B. Une politique de l’intégration réorganisée.

                             

                            - 2003 : le Gouvernement réactive le CII. Celui-ci devra se réunir une fois par an, et arrêter un programme d’actions dont il contrôlera la mise en œuvre. Ce cadre, lisible, a permis la mobilisation d’acteurs non gouvernementaux comme les syndicats ou les entreprises (mise en place de mesures facilitant l’emploi des personnes immigrées).

                            - Depuis 2002, le Gouvernement a demandé au Haut Conseil à l’Intégration (HCI), crée en 1989, d’accélérer ses avis et de les rendre plus circonstanciés. Ainsi, 6 avis ont été émis depuis 2002 relatifs à la promotion sociale et professionnelle des jeunes dans les quartiers à difficulté, ou au droit civil des femmes issues de l’immigration, par exemple.

                            - Le HCI a initié la mise en place de l’Observatoire des statistiques de l’immigration et de l’intégration en juillet 2004. Celui-ci a permis de répondre au questionnaire de la Commission européenne et de fournir des chiffres fiables sur l’immigration légale.

                            - Pour améliorer l’image et les représentations des populations immigrées en France, d’autres structures ont été mises en place, comme la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, ou encore le Conseil français du culte musulman.

                            - Enfin, la loi du 30 décembre 2004 met en place la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Autorité administrative indépendante, elle a pour mission d’aider les victimes de discriminations fondées sur l’ethnie ou la religion, le handicap ou l’orientation sexuelle pour saisir le juge.

                             

                             

                            Exemple de conclusion.

                            Même si elle affiche une légère baisse en 2005, l’immigration en France, qu’elle soit permanente ou temporaire est toujours l’une des plus importante d’Europe. Les lacunes des différentes politiques d’intégration menées jusqu’à aujourd’hui n’étaient plus acceptables pour un pays dont l’accueil est la tradition. Aussi le gouvernement a depuis quelques temps réorganisé la politique d’accueil et celle de l’intégration des étrangers sur le territoire français. La mise en place du contrat d’accueil et d’insertion, et la relance du Comité interministériel à l’intégration illustrent cette volonté.

                            Aboutissement du parcours d’intégration, plus d’un million de personnes ont acquis la nationalité française de 1999 à 2005.

                             

                             

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